quand tout va mal (libre)

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- quand tout va mal -
lyssa & toi mon loup?

Il y a deux ans, elle n'aurait jamais pu faire ça. Il y a deux ans, elle n'aurait même jamais eu l'idée. Ouvrir un blog cuisine, avec trois-quatre aliments dans le frigo? Nan. Il y a deux ans, elle n'avait encore jamais cuisiné. Parce que des céréales et du lait, c'est loin d'être une recette. Oh mais une fois, elle avait fait des pâtes au beurre et sel, et sa mère l'avait insulté grave. "Tu veux que j'meurs, ou quoi? J'mangerai pas cette merde." qu'elle lui avait dit. Et après, elle n'a plus cuisiné. Du moins pour sa mère. Une fois, sa tante est venue la chercher pour un weekend getaway, et vous savez quel endroit Lyssa a demandé d'aller en premier? Au supermarché. C'était environ la première fois qu'elle rentrait dans un aussi grand supermarché. Rien à voir avec les magasins 1$ ou sa mère allait faire des courses pour le mois à venir. Lyssa avait 12 ans lorsqu'elle est entrée dans un supermarché pour la première fois. Et on se souvient tous de notre première fois. Malheureusement, elle n'a pas eu l'occasion d'y retourner souvent. En vieillissant, sa mère lui filait 20 pièces pour faire les courses. Et elle n'allait rien trouver de suffisant avec ce petit 20 au supermarché. / Aujourd'hui, c'était bien différent. Désormais, elle vivait avec une femme sensée. Et aussi, elle avait un boulot dans une boutique de vêtements. Pour elle, c'était l'idéal. Elle avait maintenant un peu d'argent pour faire des courses pour elle-même. Et depuis quelques temps, elle s'était découvert une passion pour la cuisine. Lyssa avait même ouvert un blog culinaire. Chaque semaine, elle y postait une recette qu'elle avait inventé elle-même, bien sûr en s'inspirant de d'autres recettes. Pour cette semaine, elle avait prévu une recette de pancakes revisitée. Elle s'apprêtait à commencer la recette, tout était installé (même une petite caméra pour la filmer), quand elle réalisa qu'il lui manquait l'ingrédient de base : de la farine de blé. Comme sa tante était partie avec l'auto, elle devait y aller à pied. / Lyssa arriva enfin au supermarché, plutôt essoufflée car elle avait couru (elle ne voulait pas perdre de temps, il était déjà 15h!) La blondie trouva enfin la section qu'elle cherchait. Elle pris le premier sac de farine, et il lui glissa des mains. Elle se trouva rapidement couverte de toute cette poudre blanche. Et malheureusement, ou heureusement, elle n'était pas seule dans l'allée.

⋅ since : 21/12/2017

Le mardi était réservé aux courses, dans le planning fort routinier de Shreve. Il déposait les enfants à l'école et, après avoir prit son déjeuner, passait l'après midi à remplir le caddie de tout ce qu'ils pouvaient manquer à l'appartement. Céréales, biscottes, soda, et bien sûr, beaucoup de café pour le père de famille. Il s'y était habitué, à cette vie, celle où ses jumeaux de six ans finissent les placards en moins de temps qu'il ne lui en fallait pour le réaliser. Il tentait d'anticiper, généralement, mais ce n'était pas son fort. Une partie de lui se doutait que Lysandra, elle, aurait été exceptionnelle pour ça. Toujours prête à sortir un nouveau peau de nutella si Mia ou Felix en finissait un. Mais lui, non. Il achetait une fois que c'était fini, y pensant généralement grâce aux commentaires de ses enfants râleurs. Il était à peu près quinze heures et, comme à son habitude, il était seul, Graham. Perdu entre ses pensées toujours noires et les différents rayons du supermarché dans lequel il avait ses habitudes, maintenant. Arrivant dans un nouveau rayon, celui où se trouvait la farine, il remarqua une petite blonde, seule. Il n'y fit pas grande attention, se notant simplement que cette fille était sûrement plus proche de l'âge de ses enfants que du sien, de quoi lui donner un léger coup de vieux qu'il chassa rapidement alors qu'il prenait un article sur un présentoir. Mais alors qu'il s'apprêtait à partir, il entendit un bruit sourd, qui fut suivi d'un nuage blanchâtre. Bien heureux d'avoir été à bonne distance, la farine avait à peine touché son jean noir. La gamine, par contre, en était recouverte de la tête aux pieds. Il la fixa un instant, évaluant la situation, avant qu'elle ne lui arrache un sourire. Ça faisait bien longtemps qu'il n'avait pas sourit honnêtement dans un super marché. — Tout va bien ? — demanda-t-il malgré tout, un peu inquiet pour l'inconnue. C'était sûrement dû à son âge, car à son habitude, il aurait simplement contourné la femme, évitant ainsi toute relation humaine. Mais étrangement, il voulait s'assurer que cette gamine allait bien. L'instinct paternel qui faisait surface, même quand ses enfants n'étaient pas là.

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lyssa & toi mon loup?

La pauvre, c'est la première fois qu'elle décide d'aller faire des courses pour elle-même, comme une grande, comme une adulte. Et voilà que ça lui arrive. Elle attire les gaffes, ces derniers temps. Et pourtant, elle n'est pas passée sous une échelle, elle n'a pas croisé un chat noir dernièrement. Lyssa n'est pas superstitieuse, mais avec tout ce qui lui arrive ces temps-ci, elle pourrait le devenir rapidement. La blondinette, rouge de honte, se penche, pour tenter de remettre le contenu de la farine dans le sac (elle s'arrête, en réalisant que ce n'est pas très hygiénique). Elle se relève d'un coup, quand elle remarque l'homme pas très loin dans sa rangée qui a sans doute été témoin de la scène, qui lui demande si tout va bien. Timidement, elle dit :"Oui, le sac a glissé de mes mains..." Elle retient ses larmes, elle n'a pas envie de se mettre à pleurer comme un bébé dans ce supermarché. Lyssa n'a plus 4 ans, elle est une grande fille."J'en avais besoin pour faire une recette." Et voilà qu'elle raconte sa vie à cet inconnu, qui n'a probablement aucun intérêt à savoir ce qu'une adolescente de 17 ans cuisine ou fait. Lyssa s'apprête à prendre l'autre sachet de sac, mais n'en trouve pas. Alors c'était le dernier. Sa recette est fichue. "Oh merde. Qu'est-ce que je vais faire?" dit-elle faiblement. Ça y'est, elle pleure.

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⋅ since : 21/12/2017

Elle avait l'air embêtée, la gamine, comme si elle ne savait plus quoi faire ce paquet, écrasé au sol, à moitié vidé. Graham ne savait pas comment il aurait réagit, à sa place. Probablement bien plus mal qu'elle ne semblait le prendre. Elle lui répondit, annonçant que le paquet lui a glissé des mains, qu'elle en avait besoin pour une recette, et Graham hocha simplement la tête, dans l'incapacité de faire quoi que ce soit pour l'aider. Mais lorsqu'il la vit tenter d'attraper un autre sac, il se rendit à son tour compte que l'étagère était vide. C'était donc le dernier. Une grimace se marque sur son visage, on ne pouvait nier que cette petite n'avait vraiment pas de chance. La voix brisée par la tristesse de la situation, il la vit rapidement se mettre à pleurer, et son instinct paternel reprit rapidement le dessus. Décidément, même quand il était libre d'agir comme un père parfait, il se prenait au jeu pour les enfants des autres. — Attends, calme-toi. — lui souffla-t-il, calmement, bien que la voir pleurer de la sorte aurait pu le faire légèrement paniqué. Il laissa son caddie en plan, s'éloignant un peu plus loin dans l'allée où il alla trouver un employé du supermarché. C'était peut-être le mieux à faire, à ce niveau là. — Vous pourriez remettre de la farine ? Il n'y a plus de paquet et c'est quand même un produit essentiel. Oh, et si vous voulez passer un coup de balais, c'est le moment. — Le brun attendit une confirmation de la part de l'employé et retourna auprès de la petite blonde. De toute façon, lui aussi avait besoin de farine, alors c'était une situation presque normale. Si on en oubliait le paquet vidée sur le sol. — Eh, ça va aller ? — demanda-t-il en la retrouvant, se mettant face à elle pour vérifier si elle semblait s'être calmée ou pas. Il annonça finalement la bonne nouvelle. — Ils en ont en stock, tu sais. Il va en remettre, et tu pourras aller faire ta recette. — Décidément, s'occuper des adolescents semblaient bien plus dur que s'occuper de deux jumeaux de six ans. Il en aurait presque paniqué, Graham, de s'imaginer la même scène avec sa fille, au même âge. La voir si triste pour un paquet de farine lui aurait certainement brisé le coeur, lui qui faisait tout pour éviter que ses enfants ne soient aussi triste que lui. L'employé ne tarda pas à revenir, un stock de paquets de farine dans les bras, assez pour que la petite blonde fasse quoi qu'elle souhaite faire pour tout le quartier, si le coeur lui en disait. Il lui fit un petit sourire, espérant avoir réussi à la calmer pour de bon.

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lyssa & toi mon loup?

C'est dans ces moments qu'elle regrette d'être sortie. Des petites crises de panique, ça lui arrive un peu trop souvent. Le problème, c'est qu'elle est trop sensible, trop fragile, la Lyssa. Elle a beau se dire qu'elle est forte, une grande fille, n'empêche qu'elle est incapable d'agir dans des situations comme celles-ci. Où elle n'a aucun contrôle. Lyssa, elle pleure trop. Dès qu'il y a un truc qui l'embête, sa solution est de pleurer. Au Lycée, elle pleure au moins une fois semaine. Dans les toilettes, presque jamais en public. Et la voilà qu'elle se met à pleurnicher dans ce supermarché, juste parce qu'il n'y a plus de farine. Heureusement qu'il y a ce jeune homme qui semble vouloir l'aider. Mais peut-être aussi paniqué de voir qu'une ado se mette à pleurer comme ça. Il tenta de la calmer, comme si c'était aussi simple que ça. Lyssa ferma les yeux, se rappelant les quelques conseils que lui avait donné cette intervenante au Lycée, il y avait déjà quelques semaines. Inspire, expire. Inspire, expire. Concentre-toi sur ta respiration... oublie le reste. Elle sentit la présence de l'homme s'éloigner un peu, ça y'est, il prenait la fuite. Mais elle l'entendit demander à un employé d'aller remplir la tablette de farine. La jeune fille essuya ses larmes avec l'aide de sa manche de manteau. "Merci beaucoup... je suis désolée d'avoir réagi comme une fillette." Quelques secondes plus tard, un employé arriva avec les bras rempli de sacs de farine. Elle souffla enfin. "Encore merci! Au fait, je m'appelle Lyssa.", le remercia-t-elle une deuxième fois, en se présentant. Peut-être allait-il moins la trouver enfant si elle se présentait poliment comme le font les adultes?

⋅ since : 21/12/2017

Le temps qu'il revienne au près d'elle, la petite blonde semblait s'être calmé. Graham fut rassurer. Aucune envie de devoir la consoler. Ça, il ne savait pas faire. Pour régler les situations, trouver des solutions, il n'avait aucun problème. Mais lorsqu'il fallait se montrer un tant soit peu sensible, il se fermait sur lui-même. Il avait déjà du mal à gérer ses émotions, il ne voyait pas comment gérer celles des autres, encore moins d'une inconnue qui semblait bien plus émotionnelle que ne l'avait jamais été Graham, même à l'époque où il ressentait encore quelque chose. — J'ai une fillette, et je suis persuadé qu'elle se serait roulé par terre, dans cette situation. Donc, ça aurait pu être pire. — répondit-il avec humour, un léger sourire aux lèvres. L'employé fini par revenir avec des sacs de farine et, d'un signe de la tête, Graham le remercia avant qu'il ne reparte, et que le brun se concentre à nouveau sur sa toute nouvelle rencontre. Lyssa. Il fronça légèrement les sourcils, tenta de ne pas montrer quoi que ce soit. C'était lui, qui aller se mettre à pleurer, cette fois. Combien avait-il de chance pour qu'elle porte un prénom qui lui rappelait tant sa femme ? Sûrement peu, et pourtant. Tout cela lui rapportait des souvenirs, trop douloureux, des dernières fois où il avait osé prononcer ce nom. C'était il y a bien longtemps. Avant qu'il ne cesse d'en parler, gardant son manque pour lui, et lorsqu'il se sentait d'humeur, il en parler avec son psychologue, sans jamais dire son prénom. Il inspira à son tour, tentant de se reprendre pour ne pas passer pour l'homme le plus bizarre qu'elle avait sûrement rencontré. Il lui offrit un petit sourire, légèrement coincé, tentant de reprendre la conversation là où il l'avait laissé. — Graham. Enchanté. — C'est tout ce qu'il trouvé à dire. Il n'avait aucune idée de comment se présenter à une adolescente, au fond. Il ne savait pas grand chose sur les adolescents, le Shreve. Il se disait qu'il avait le temps, avant que Felix et Mia ne deviennent comme ça, et qu'il doive gérer seul leurs crises de nerfs, de jalousie, de rebellion. Une époque qui lui semblait encore lointaine, et c'était tant mieux.

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