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Alex Ferguson

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MessageSujet: let it happen + joan    let it happen + joan  EmptyLun 8 Jan 2018 - 23:35

La pénombre glissait sur les rideaux de la chambre. Je me tournais lentement, le regard ébahi par les émanations des réverbères. La rue chancelait entre mes cils. Les images de notre mariage se consumaient, une à une, ne laissant qu’une trace noire sur ma poitrine. J’essayais de résister aux provocations. Je me raccrochais à mon désespoir. Puis tout à coup, le vide oppressant me transperçait les yeux. La douleur était lancinante. Elle empoisonnait mes pensées. Je me redressais. Ma démarché était lascive dans les couloirs, comme une âme agonisante dans l’obscurité de l'appartement. Comme un fragment de mon coeur que je laissais entre les meubles et les cadavres de bouteilles. L’alcool avait une saveur putride. Je grommelais en poussant la porte. Le vent se faufilait sous mes vêtements. J’étais glacé - paralysé jusqu’aux os. Mais je ne revenais plus sur mes pas. Je refusais de voir Lisa. Certains soirs, l’adultère devenait impardonnable. Il blessait ma fierté. Parce qu’un autre avait touché ma femme. Un autre s’était imprégné de son corps. Ma gorge était serrée. Les insultes se confondaient avec les larmes. Je lui offrais un millier de silences. Un millier de sentiments déchus. J’avais épousé ses défauts et ses horreurs. J’aimais son caractère et ses caprices. Même quand elle me brisait. Même quand elle me rendait fou de jalousie. Je soupirais en traversant les galeries marchandes. Toutes les lumières étaient allumées. Il suffisait de tendre les bras pour attraper une étoile. Je m’arrêtais en souriant. C’était stupide. J’étais ivre et pitoyable. Mes jambes menaient la danse. Je ne reconnaissais pas les avenues de Brighton, ni les inscriptions sur les façades. Le pub de Joan brillait au clair de lune, porté par les mouvements onduleux de la mer. L'insigne du blue crab éclairait mon visage. Je haussais les épaules en me faufilant entre les tables. Sa silhouette s’amenuisait dans la foule. Elle était magnifique, entourée de vapeurs de vins et de musique. Je m’arrêtais à la caisse. On se regardait un moment, iris fixés, pommettes levées. Puis on se sourit. On se manquait. On s’aimait avec nos manières étranges et compliquées. Je hochais la tête en passant derrière le comptoir. « Tu appelles pas pendant trois jours. Tu pensais t’en tirer comme ça ?» Murmurai-je en me penchant vers sa joue. Je déposais un baiser sur sa tempe. Son odeur s’embaumait dans mon esprit. Elle était réconfortante. Ma valeur sûre. Ma moitié. « J’ai déjà trop bu. Tu me sers quoi? » J’esquissais une moue boudeuse, étreignant ses doigts contre les miens. Je m’accrochais à elle - comme une lueur d’espoir. Comme une dernière chance de rédemption. « J’ai eu ma promotion. Je suis associé à 20%. » Lisa ne savait pas. On ne fêtait plus rien ensemble. Tout n’était que disputes et querelles. J’étais épuisé de me battre. De trouver des excuses pour continuer à l’aimer.
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MessageSujet: Re: let it happen + joan    let it happen + joan  EmptyLun 15 Jan 2018 - 22:45

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Un samedi soir d'hiver à Brighton. Définitivement un soir où toute la population se retrouvait en centre ville, et plus particulièrement, dans les pubs. Un soir qu’il n’était pas question de manquer, bien que le personnel fût doublé le week-end. La plupart du temps, au-delà de la folie du service, tout se passait globalement bien. Mais il n’était pas rare de devoir faire intervenir des gros bras ou la police, ne pouvant décemment pas assurer à la fois la bonne tenue du bar et la bonne tenue des clients. Si en semaine, j’arrivais à gérer le bar toute seule d’une main de maitre, à partir du vendredi soir, les choses pouvaient rapidement m’échapper si je me trouvais seule. Plusieurs fois en mal de personnel pour diverses causes, il m’était arrivé d’appeler à l’aide mes sœurs et Wyatt, les priant de bien vouloir venir m’aider. Ils ne savaient que trop bien ce que j’avais investi dans le rachat de cet établissement et ce que je donnais, chaque jour, pour m’assurer que l’affaire continue à tourner correctement. Au début, j’avais eu plusieurs fois peur de couler cette affaire, mais désormais, je savais contrebalancer les dépenses qu’un business engendre. Et le samedi soir était sans aucun doute le soir le plus important financièrement. Ce soir-ci ne faisait pas exception à la règle, le pub était plein à craquer et la fête battait son plein. Lorsque j’avais quelques secondes, j’avais pris pour habitude de monter à la mezzanine, où se trouvaient le billard et les arcades, et d’observer les gens s’amuser. Et je souriais, me demandant ce que j’aurais fait si cela n’avait pas fonctionné, si j’aurais trouvé autre chose qui aurait pu me passionner autant que tenir ce pub. Mais ces moments étaient rares et ce soir-là, je courais littéralement dans tous les sens. Bien que tout le personnel fût présent, il restait certaines tâches pour lesquelles j’étais bien trop maniaque et minutieuse pour déléguer. La caisse en faisait partie, car après tout, ces soirées étaient déterminantes lorsque je faisais le bilan. Les week-ends, je rentrais souvent vers cinq heures du matin, complètement vidée et consciente que je n’aurais pourtant que cinq heures de sommeil, avant de repartir ouvrir pour le déjeuner. Mais je n’aurais échangé ma place pour rien au monde. Je venais de remonter les bretelles à l’un de mes employés qui bataillait avec la caisse lorsqu’un visage connu et éméché se présenta devant moi. Je restai là un moment, le fixant, cherchant au fond de son regard ses ressentis. Il n’allait définitivement pas bien. Il me sourit et passa derrière le comptoir, m’arrachant une grimace au passage. Si même Wyatt n’était pas autorisé à passer derrière le bar sans y être autorisé durant le service, Alex ne faisait pas exception à la règle. Mais c’était Alex, il n’avait généralement que faire de ce que je pouvais lui autoriser ou non. Je l’enlaçai furtivement tandis qu’il embrassa ma joue, laissant derrière lui les effluves des bouteilles qu’il avait déjà descendues. « Je vois en tout cas que t’as pas attendu que je t’appelle pour commencer à boire ! » J’étais franche, il le savait et je me permettais souvent bien plus avec lui qu’avec les autres. Parce que c’était lui, parce que c’était nous. « Désolée, comme tu le vois, c’est légèrement mouvementé ces derniers temps ! » Et si seulement il ne s'agissait que du bar. Il avoua enfin avoir déjà trop bu et réclama autre chose pour abreuver une soif largement soulagée. « Je pense que vous avez assez bu jeune homme ! », répondis-je, fermement décidée à ne pas lui servir une goutte de plus. Jusqu’à ce qu’il joue sa meilleure carte. « Oh putain Alex ! C’est génial, je suis tellement fière de toi ! » Je le pris dans mes bras à nouveau et repassai derrière le comptoir, seule cette fois. Je nous servis deux gin tonic, avant de crier à Oli : « Oli, vous gérez la caisse, mais putain faites attention ! De toute façon je vérifie demain et s’il manque un pound, je prends sur vos salaires. », tout en pointant mon doigt en l’air, en guise d'avertissement. Ils savaient que je n’hésiterai pas à le faire. « Allez, viens, on va aller s’asseoir à l’étage. Mais je te préviens, je te porte pas à la fin de la soirée ! » Ce n’était encore jamais arrivé, mais son état actuel me disait que la soirée était loin d’être terminée. J'attrapai la bouteille de gin au passage et nous guidai vers un coin plus calme à l'étage. Quelque chose me disait que nous aurions besoin d'intimité.
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MessageSujet: Re: let it happen + joan    let it happen + joan  EmptyJeu 18 Jan 2018 - 16:16

Je respirais toute l’amertume de notre mariage. Mes efforts étaient vains. Mes émotions étaient brisées. Perdu, figé au creux de ma poitrine - mon coeur suffoquait dans une pulsation instable. La sentence était tombée. Lisa m’avait trompé. Je me noyais dans ses distances. Je prenais plaisir au conflit. Il n’y avait pas de débat possible. On se faisait du mal - on se déchirait, à force d’amour. Ma main effleurait lascivement l’épaule de Joan. La toucher, était une absolution. Je ne connaissais pas de sensation plus attrayante, plus douce que le contact de sa peau sur mes doigts. Et le pire, c’était de l’aimer aussi. De la laisser prendre toute la place dans mes pensées. Je soupirais en m’éloignant de son étreinte. Ma prise était moite sur la chaise. Je pinçais les lèvres sans un mot - sans expliquer mes attitudes. Ma chemise était relevée sur mes coudes, dévoilant les trajets sinueux de mes veines et les poisons qui se distillaient dans ma chair. La tension grandissait dans mon estomac. J’étais déçu de cet amour. Nous avions chéri les promesses d’éternité. Nous voulions former une équipe. Mais elle m’avait trahi. Lisa préférait saboter notre relation par vanité - par manque de considération. Mon souffle était humide. J’exhalais les vapeurs putrides de l’alcool et du whisky. La foule tourbillonnait autour du bar. Les silhouettes s’agglutinaient entre les néons de lumières, avides de son attention - avide de voler son sourire. Mais je tenais précieusement la main de Joan. Je voulais la garder un peu. M’enivrer de sa voix mielleuse. Elle était mon seul équilibre ici. Loin de ma famille et de mes terres campagnardes, il n’y avait que ses yeux pour purifier mon âme. Elle connaissait mes pires secrets. La condition particulière de mon frère. Sa maladie qui imposait un centre pour les enfants autistes et le combat de ma mère. Son travail acharné pour m’offrir la possibilité de devenir un avocat. Je ne pouvais pas la décevoir avec un divorce. Je me refusais d’étouffer ses espérances. Je représentais trente ans de sacrifices. Une vie à lutter contre le froid et la hausse des prix du quintal. Je grommelais en me penchant vers le comptoir. Parfois, je voulais m’en aller. Partie à l’autre bout du monde. Le Canada, le Tibet, peu importe. Rendre sa liberté à ma femme. La laisser butiner et se construire un empire de luxure. Mais je n’avais pas le coeur à oublier. J’étais trop égoïste pour exister dans un monde sans Lisa. Je chancelais en suivant la démarche de Joan. Mes jambes se plaint de façon débonnaire, oscillant dans un équilibre joviale. L’ivresse était une ironie. Elle imposait la joie dans mon corps. Elle m’imposait un air imbécile. Je n’opposais aucune résistance. On s’installa à l’étage et je posais les mains sur la table, dans l’attente d’une boisson. D’un élixir de folie. « Je suis un géant. Au lieu de te froisser un muscle en essayant de me porter, laisse moi dormir avec toi. C’est plus pratique. » Ma langue était pâteuse. Les mots semblaient intelligibles. « C’est génial mais c’est difficile de se réjouir quand on est cocu, Joan. » Je me tournais vers la terrasse afin de fixer le ciel. J’avais l’impression d’observer ma vie à travers un judas. Une ouverture étroite et grillée, qui ne dévoiler que les ombres au fond de la pièce. « Mais bon, au moins je peux m’offrir un spa capillaire deluxe. Tu sais à quel point j’adore les soins. » Je rigolais en hochant la tête. J’attendais qu’elle verse le gin. Qu’elle fasse couler le bonheur dans mes veines. « Et franchement, c’est pas une perte de bouder ma femme. Ce matin j’ai dû lui expliquer pourquoi il est important de dévisser un tube de dentifrice après chaque usage. Chose que je me serais pas permise en lune de miel. » Me moquai-je.
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MessageSujet: Re: let it happen + joan    let it happen + joan  EmptyDim 21 Jan 2018 - 23:49

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Alex et moi, c’était une histoire à la fois compliquée et simple. Une histoire de timing, de destin, de loyauté, d’honnêteté et de pureté. J’avais longtemps ruminé dans mon coin le fait que lui et moi n’avions jamais essayé d’avoir une relation, de voir si cela fonctionnerait. Je lui en avais voulu même, de se jeter sur cette blonde, alors que j’étais là, claire sur mes intentions envers lui. Et puis avec le temps, je l’avais vu tomber amoureux d’elle et j’avais compris. J’avais compris que lui et moi, cela n’avait rien à voir avec leur passion presque malsaine. Je n’aurais jamais pu rivaliser avec ça. Et puis, avec le recul, j’avais surtout réalisé que cela n’aurait jamais duré. Lui l’égoïste ambitieux, moi la provocatrice hyperactive. Notre relation n’aurait pas été compatible avec nos styles de vie, avec nos personnalités. Et pourtant, aussi contradictoire que cela pouvait être, je l’aimais. Pas comme l’homme avec qui je ferais ma vie, mais comme l’homme qui aurait pu l’être et qui était devenu mon ami le plus précieux. C’était spécial, nous deux. Et sans doute incompréhensible pour quiconque était extérieur à notre amitié. Wyatt lui n’avait d’ailleurs jamais compris et n’avait fait que me répéter à quel point les gestes d’Alex étaient déplacés et son regard trop équivoque. Mais il ne comprenait pas. C’était l’alchimie. Cette alchimie qui le poussait à me toucher sans arrêt, cette alchimie qui faisait que je n’avais pas de mouvement de recul, comme je le faisais avec tous ceux qui essayaient d’être tactiles avec moi. Sûrement cette alchimie également qui rendait folle sa blonde. Ce qui n’était pas pour me déplaire. Mais actuellement, et ce depuis qu’Alex s’était confié sur les frasques de sa femme, j’avais plutôt envie de lui coller mon poing dans la figure que de l’agacer en étant trop proche de son mari. Mais au lieu de cela, je préférais aider mon ami à s’épancher et à oublier l’espace de quelques heures. Je l’espérais, du moins. Sa remarque me fit sourire, Alex avait cet air enfantin chaque fois qu’il buvait, il disait tout ce qui lui passait par la tête et avait toujours les idées les plus drôles. « T’as raison, ce sera mieux, et on enverra une photo à la bonde. » Je l’avais toujours plus ou moins surnommée comme ça, rarement devant lui, mais depuis quelques temps, je ne me cachais plus. « Arrête un peu de la laisser gâcher tout ce qui peut t’arriver de bien merde ! Tu la mérites tellement cette promotion. Elle, par contre, ne mérite même pas que tu sois dans un tel état pour elle. » Et pourtant, je ne pouvais voir qu’une partie de l’iceberg et je ne m’imaginais pas l'ampleur de ce qu’il pouvait ressentir. Il l’aimait à en avoir mal. Mais l’avocat éméché ne tarda pas à faire son retour, me faisant rire tandis que je nous servais des shooters de gin. « Oh pitié ne me force pas à venir avec toi, ces trucs sont horribles ! » Car je détestais tout ce qui était soin. Rester tranquille pendant que quelqu’un me massait frénétiquement, très peu pour moi. J’avais beaucoup trop besoin de bouger. Je lui tendis mon verre en guise de départ des festivités et l’avalai en une gorgée, l’écoutant se moquer des maniaqueries de sa femme. Et Dieu sait qu’elle en avait. « Elle a dû faire une syncope non ? T’aurais dû filmer ça ! » Je ne prenais plus de pincettes désormais, elle ne le méritait pas, et il était temps qu’il s’en rende compte. « Et les papiers du divorce ? Ça en est où ? Bois pour répondre, ça te fera du bien. » J’appuyais là où cela faisait mal, mais il ne savait que trop bien que je ne l’épargnerai pas sous prétexte qu’il allait mal. Cette situation entre eux ne pouvait plus durer. « Qu'est-ce que je suis contente d'avoir fui le mariage putain ! », dis-je un peu plus pour moi-même que pour Alex, tout en finissant mon gin tonic et en resservant des shooters. J'avais besoin d'un remontant si je devais parler d'elle toute la soirée.
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MessageSujet: Re: let it happen + joan    let it happen + joan  EmptyJeu 15 Fév 2018 - 18:46

Je ressentais encore quelque chose. Une dévotion étrange. Une indulgence illimitée. Pourtant, j’avais tout abandonné sous l’empire de l’illusion. Je m’étais détourné pour Lisa et de nos promesses amoureuses. L’ivresse avait une saveur étrange. Ma langue s’engourdissait entre mes joues. Les mots se déchiraient, un à un, perdus dans un océan de mensonges. Je crispais la mâchoire en observant les décorations du bar. Rien qui ait une grande valeur. Rien d’extravagant, et pourtant Joan possédait un charme particulier. Son sourire s’épandait sur mes lèvres. Son parfum jaillissait des tréfonds de l’obscurité. Elle me guidait dans mes folies. Elle me rappelait les incertitudes juvéniles et la passion de mes soirées étudiantes. Mon travail avait écarté mon mariage. Aussi vite. Trop vite. Les promotions et les offres émanaient au lieu de l’amour. J’oubliais ma dévotion et je choisissais le succès. J’imaginais mon nom inscrit sur la porte du cabinet d’avocats. Un millier de soirs sans répondre aux appels. Un millier de weekends sans réellement, la voir. Lisa était perdue - elle trompait pour se sentir en vie. Je soupirais en avalant une gorgée d’alcool. Mes doigts tremblaient en effleurant le rebord. Je glissais mon pouce vers Joan. Un geste simple et amical - devenu naturel avec le temps. Je l’aimais aussi. De manières différentes. De manières passionnées. Je hochais la tête en serrant mon étreinte sur sa main. Je n’avais pas besoin de confier mes malheurs. Joan savait - elle comprenait tout. Je raillais en entendant ses piques. J’adorais la rivalité entre ces femmes. L’une, essayant d’empiéter sur l’autre, et pourtant, je chérissais les deux. «Blonde ? Tu lui fais trop honneur. Elle se décolore les cheveux. » Je haussais les épaules. Je suivais ses recommandations, la bouche accrochée au goulot. Mes pensées se confondaient dans mon esprit. Je commençais à perdre pied. Les images et les émotions se mélangeaient, créant un nuage opaque entre mes paupières. Je ne voyais rien. J’étais trop bête pour signer les papiers du divorce. Il en était hors de question. Et ce n’était pas une question d’argent. Ou de réputation. Je ne voulais tout simplement pas exister dans Lisa. « Tu sais que j’ai pas envie. Je l’aime encore, merde! » Ma voix s’élevait sous les étoiles. Je me sentais honteux, pitoyable et misérable. J’essayais de lutter contre ce lien. J’en avais assez de ce mariage toxique et de ces rencontres fugaces. Mais Lisa s’était frayé un chemin dans mon coeur. Et je ne savais pas l’oublier. « Le mariage c’est bien. C’est juste que … » Les choses étaient compliquées. J’avais une part de responsabilité dans l’adultère de ma femme. J’avais une part de responsabilité dans tout ce qui arrivait de mal. Je me redressais afin d’esquisser quelques pas vers le balcon. «Des fois je regrette de pas t’avoir épousé. Puis je me dis, que je t’aurais rendu malheureuse aussi. » Je sifflais face au vent. Je laissais mes paroles trouver écho entre les lignes de l’horizon.
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MessageSujet: Re: let it happen + joan    let it happen + joan  EmptyMar 27 Fév 2018 - 17:39

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Depuis l’annonce des déboires de sa femme, Alex n’était plus que l’ombre de lui-même. Et le voir ivre dans mon bar, s’accrochant comme à une bouée de sauvetage à ma main, je ne pouvais que ressentir une partie de son mal. Même si je n’en comprenais pas toute l’étendue et que j’aurais été bien incapable d’en saisir la mesure. Avec tout ce que cet homme incroyable essayait de faire pour réussir, pour prouver qu’il était digne de sa réussite, il ne méritait pas qu’une partie de sa vie ne s’écroule. Et s’il n’était sûrement pas étranger à leurs problèmes, rien ne pardonnait une telle trahison. Elle avait cessé de se battre pour eux, alors qu’elle aurait dû le soutenir et lui demander un peu plus d’attention. Mais encore une fois, qui étais-je pour juger une relation de couple. « J’savais bien qu’elle était pas naturelle ! », m’exclamai-je en ayant un rictus de victoire, tapant du poing sur la table, un peu plus fort que prévu. En réalité, je me fichais de son physique et chacun savait que je me préoccupais très peu de tout ce qui touchait à l’apparence. Non, avec elle, c’était simplement pour le plaisir de lui lancer des piques, même lorsqu’elle ne se trouvait pas dans la pièce. C’était plus fort que moi, depuis le premier jour, elle et moi cela n’avait pas collé. Avant même qu’Alex ne se retrouve entre nous, finalement. Et dernièrement, les choses n’allaient pas en s’arrangeant, puisque je n’acceptais pas ce qu’elle avait fait à son mari et à mon ami. D’ordinaire, je ne me mêlais pas des histoires des autres comme ça, encore moins de leurs histoires de cœur, mais cette fois, elle était allée trop loin. Et même si je comprenais amplement ce qu’il pouvait ressentir, si cela avait été moi, je l’aurais mise à la porte sur le champ. Mais il ne s’agissait pas de moi et j’étais bien loin de savoir ce que renoncer à un tel amour pouvait faire à une personne. J’étais même à des milliers d’années de savoir ce que vivre un tel amour pouvait nous faire ressentir. Comparé à tout le reste. Le ton de la voix d’Alex qui s’était fait plus ferme et intense me ramena à la réalité et j’attrapai mon verre tout en examinant les traits de mon ami, déformés par la colère, le ressentiment, une profonde blessure et un intense amour. « Je sais… », murmurai-je simplement, que pouvais-je bien lui dire d’autre ? Non tu vas signer ces papiers tout de suite et partir en Sibérie pour l’oublier. J’aurais pu lui répondre ça, mais quel genre d’amie aurais-je été ? Quel genre de personne aurais-je été, si j’avais ignoré l’évidence ? Leur amour était plus fort et ils s’en remettraient sans doute, avec le temps. Je leur enviais au moins ça. Tandis que le nombre de shooters de Gin commençait à se faire flou dans ma mémoire, je le vis se lever et se diriger vers la porte fenêtre du balcon, perdu dans l’immensité du ciel hivernal. Et pourtant, c’étaient ses paroles qui me figèrent sur place. Nous n’abordions jamais sérieusement ce qu’il s’était passé entre nous. Ou du moins, ce qui aurait pu se passer, ce qui aurait pu être. Principalement parce que nous avions tous deux tiré un trait sur cette époque et admis que son amour pour Lisa n’avait rien à voir. Je me levai à mon tour et m’approchai d’Alex, reposant ma tête contre son épaule. L’espace d’un instant, ce n’était plus que nous deux, et cet hypothétique et si nous avions… « Ne dis pas de bêtises, on se serait simplement entre-tués ! » Je pinçai Alex malicieusement en essayant de lui arracher un rire ou à défaut, un vague sourire. Mais rien n’y faisait. « Tu sais des fois j’y pense, je me dis que c’est peut-être avec toi que j’ai loupé ma chance, que c’est pour ça que j’arrive pas à baisser les armes et à me laisser toucher par quelqu’un d’autre. » Je m’étais perdue à mon tour dans la contemplation du ciel, me détachant de lui, un peu honteuse d’avouer ceci à haute voix. Lorsque j’évoquais le fait de me laisser toucher, bien évidemment, cela n’avait rien à voir avec le physique, même si Alex et moi étions particulièrement tactiles. Non, cela avait plus à voir avec laisser quelqu’un entrer et lui permettre d'entrevoir ce que l’on ressent. Ce qui était mon principal problème, dans toutes mes relations, quelles qu’elles soient. Je me ressaisis cependant et me tournai vers notre table pour nous servir deux verres de plus, tout en ajoutant : « Et puis après, je me rappelle que t’es bien trop BCBG pour moi ! » Bien évidemment, je plaisantais, plus pour détendre l’atmosphère qu’autre chose. Mais quelque part, c’était vrai, Alex et moi étions dans deux mondes différents. Et c’était sûrement ce qui faisait notre force en tant qu’amis. Je le divertissais et il me ramenait sur Terre.
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MessageSujet: Re: let it happen + joan    let it happen + joan  EmptySam 7 Avr 2018 - 22:34

Ce n’était pas une échappatoire. Je ne cherchais pas le réconfort ou l’absolution dans l’étreinte d’une autre. Je voulais simplement être avec Joan, sentir son odeur et laisser l’ivresse embaumer mes prunelles. Le ciel chancelait entre ses nuages amorphes et visqueux, et pourtant, malgré la quiétude de la nuit et les flux aromatisés des shooters, je ne ressentais rien, ni la froideur de l’hiver ni les murmures du vent au sommet du toit. Je ne comprenais pas la vie, ses retranchements et les tournures du destin. La lumière des réverbères brûlait mes yeux. Je me détournais lentement, fixant l’horizon noir et les fantômes passés. Je savais que l’adultère de ma femme n’était pas l’origine de mon affection exagérée pour ma meilleure amie. Je l’aimais, éperdument, étrangement, sans me soucier des conséquences et de l’impact de cette complicité. Je me tournais toujours vers elle, vers ses choix et ses décisions parce que nos esprits se complétaient dans une accordante parfaite. Joan était spéciale. Lisa était précieuse. Mes côtes abritaient mes émotions multiples. Il y avait beaucoup de gens qui se laissaient aller après le mariage. Beaucoup de divorces et d’erreurs. Je soupirais en avalant une gorgée d’alcool. J’aurais voulu pardonner et oublier tous les malentendus. J’aurais voulu effacer cette nuit et retrouver une existence paisible mais la blessure saignait encore dans ma poitrine. Mon coeur se consumait dans la rage et le dépit. Mes sentiments devenaient vindicatifs et haineux. Lisa n’était pas la seule coupable. J’avais conditionné sa trahison avec mes absences. Et je ne le supportais pas. Je supportais pas d’être le facteur déclencheur. Mes lèvres se serraient douloureusement . D’habitude, Joan lançait les piques et je souriais avec entendement. Je me moquais des manies de Lisa, de sa démarche et de son obsession pour la jeunesse. Mais ce soir, l’envie s’en était allé. Ce soir, je nous trouvais ridicules. Ma tête était floue, confuse par les vapeurs du Gin et ses saveurs maltés. Je n’avais pas besoin de m’exprimer. Joan connaissait ce sentiment, cette lutte acharnée pour réussir. Je n’étais qu’un gosse de la campagne, voyageant hors de ses landes, traînant son regard perçant et un toc de zozotement. J’avais débarqué dans une ville trop grande. Je n’avais pas les facilités des autres. Ma mère vivait dans une petite auberge, entourée de potagers et de collines verdoyantes. Seule, elle devait s’occuper de mon frère malade, aux besoins particuliers et onéreux. Elle m’avait donné ses dernières économies. Et j’étais venu avec le poids du monde sur les épaules. Je m’étais forgé une nouvelle personnalité ambitieuse et vorace. J’avais travaillé sans me détourner, sans apprécier mon mariage. Mes victoires étaient acquises. Et ce soir, rien n’était différent. Ma nomination en tant qu’associé ne flattait plus mon ego. Je déglutis en esquissant quelques pas vers le balcon. Le profil de Joan vacillait vers mon épaule. J’effleurais sa hanche à travers les plis de ses vêtements. « Je … » Mais elle s’éloignait déjà, la silhouette illuminée par les reflets de la lune. Je ne pouvais pas la retenir. Ce serait stupide de parler de choses sérieuses. Je la rejoignis silencieusement vers la table. La tentation était présente à chaque instant. Elle était une chimère qui s’amenuisait dans ma mémoire. Nuance par nuance, elle perdait ses couleurs afin de s’imprégner dans mon cerveau. Lorsque mes souvenirs étaient ocres, elle l’était aussi. Et lorsque dans un moment de clarté, je me tournais pour la voir, elle était là, pleine de lumières et de beauté. Elle n’avait pas raté sa chance avec moi. Elle avait raté une autre vie - un commencement et une fin. Une version opposée de nous, qui n'était pas réelle. « Personne ne te mérite c’est tout. » Murmurai-je en attrapant un verre. « J’ai épousé Lisa mais tu es la seule personne avec qui je bégaie jamais. » Elle me rendait meilleur - éloquent. Elle me donnait l’impression d’être un héros, de pouvoir accomplir l’impossible. Depuis des milliers de siècles, nos âmes semblaient naître pour se retrouver. Pour se rendre au même endroit. Ici, face à la mer de Brighton. «Tout le monde est trop BCBG pour toi, tu as lancé cette mode horrible des chaussettes crocs. » Raillai-je en agitant les épaules. Je m’approchais, le coeur tremblant, mon pouce glissait sur le creux de sa joue. Je déposais ma bouche sur son front en souriant. «Je t’aime Fairchild. » Qu’elle soit mon amie ou mon amante, ne pouvait pas le changer. «Un jour, je serais heureux et tu n’auras plus à supporter mes états d’âmes douteux. » C’était une promesse. Une affirmation.
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