Nash avait renoncé à attendre le moment où il allait revoir celle qu’il considérait sa meilleure amie, tant elle n’avait eu de cesse de le repousser. Leur dernière rencontre remontait à plusieurs semaines, déjà. Il se souvient de la performance de Lula, des rapprochements subtiles d’Ariadne envers sa personne, de la jalousie dans les yeux de sa belle, et de ce départ précipité qui avait mis un terme abrupt à leur soirée. Mais, plus il repensait à ce qui s’était passé, ce soir-là, et plus il pouvait comprendre les émotions qui avait habité la jeune femme, le pourquoi de ses inquiétudes. Pourtant, jamais n’avait-il observé la Leister avec ces yeux-là. Ils avaient certes eu certains rapprochements dans le passé, et connus quelques périodes plus ambiguës, mais l’amour n’avait jamais germé dans le cœur de Nash, qu’une profonde amitié, et beaucoup d’affection. Il n’avait jamais cherché à retirer quelque chose de plus dans cette relation, et il croyait qu’il en était de même pour Ariadne. Peut-être s’était-il trompé sur ce compte, finalement. La sonnette de la porte d’entrée l’arracha à son écoute d’une série quelconque qui passait en rediffusion à la télévision – de vieux épisodes de Dr. Who – et il se leva pour aller répondre, s’arrêtant brusquement de l’autre côté de la porte quand il entendit la voix de la brune en question. En voilà une qui revenait d’entre les morts, assurément. Il hésita avant de reprendre sa marche vers son entrée, et d’ouvrir à sa visiteuse. Il la scruta un moment avant de libérer la voie afin qu’elle puisse rentrer dans son appartement, s’empressant de fermer derrière elle pour éviter que le froid ne contamine toute la maison. Il frissonna tout de même, le contraste de température avec l'air frais de l'extérieur faisant son effet sur lui. – C'est bien, tu t’es soudainement remémoré que j’existais. – lui lança-t-il, un brin amer, avant de se diriger vers la cuisine, où il récupéra une pomme qui traînait dans un panier, pomme dans laquelle il croqua à pleine dent. Ce petit manège auquel elle s'était prêté, au cours des dernières semaines, lui donnait la conviction qu'elle l'évitait, et tout ça l’agaçait vraiment. – Que me vaut l'honneur de ta visite? – Elle avait enfin daigné lui accorder un peu de son temps, dans son horaire chargée. Une rareté, dernièrement.