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@dawn whittaker
Tempest Inn

Encore une longue nuit. Un peu trop. Elles le sont toutes ces derniers temps, comme si elles obtempèrent pour se donner le mot dès lors que le soleil vient se coucher. Les insomnies se suivent pour ne lui offrir de répit que lorsque les dernières minutes de l'obscurité s'égrènent, le plus souvent, et qu'il se retrouve les yeux défoncés et en pleine descente. Quand son nez lui pique et que son moral en pâtit à nouveau. Il se laisse alors tomber sur son canapé ou sur son lit, attend que le sommeil daigne enfin le prendre, et ne se réveille que trop peu de temps après pour réussir à se considérer comme étant reposé. Et rien n'aide. Pas même la weed lorsqu'elle s'engouffre dans ses poumons, encore moins les techniques naturelles que sa mère lui avait donné la dernière fois qu'il a passé plusieurs jours chez ses parents et qu'ils ont pu constater par eux-même l'état de fatigue de leur deuxième fils. En se faisant tirer de son assoupissement aux alentours de huit heures après s'être endormi sur les coups de quatre heures, Hasan commence sa journée en grognant contre le monde entier, en tirant sur ses traits pour tenter de les réveiller un peu mieux que son esprit, et se résigne finalement à passer par la case café, obligatoire pour pouvoir prétendre à faire quoi que ce soit de sa journée. Une tasse, deux tasses, trois tasses. C'est souvent ce qui est nécessaire pour parvenir à lui faire reprendre une totale conscience de ce qui l'entoure, et ce matin ne fait pas exception à cette règle. Sa quatrième tasse à la main, il s'avance vers son piano, la pose sur le dessus et laisse ses doigts glisser sur les touches sans créer quelconque son. La journée va être longue et il lui suffit de constater le manque de mouvement au bout de ses mains pour s'en rendre compte, le constat bientôt alourdi par les feuilles froissées qui s'amoncellent sur le sol de son loft qu'aucun son ne perturbe trop longtemps. Aux environs de quinze heures, Hasan renonce finalement à tirer quoi que ce soit de sa tête pour l'instant et se rappelle des conseils qu'on a su lui prodiguer, récupérant celui qu'il juge le moins con pour sa situation. Aller faire un tour pour tenter de se vider la tête et de penser à autre chose. C'est Hal qui n'a de cesse de lui répéter ça, comme si être son agent lui donnait l'option gourou en prime à laquelle Mahdavi n'adhère pas franchement, pour ne pas dire pas du tout. Il soupire, enfile sa veste et finit par arriver rapidement au Tempest Inn. La fraîcheur de l'air lui mord les joues et, passant devant la devanture du bar, son choix se fait rapidement alors qu'il y rentre, frottant ses mains entre elles pour tenter de se réchauffer. Cherchant une place du regard, il croise alors celui de Jason, un de ses voisins, sans parvenir à trouver l'envie de lui parler. Détournant rapidement pour donner l'impression qu'il ne l'a pas vu, il l'aperçoit déjà en train de se lever de sa chaise pour venir dans sa direction et, dans un instinct de survie développé, Hasan vient à poser la main sur l'épaule d'une blonde qu'il ne connaît absolument pas. « Excuse moi du retard, j'ai dû acheter des clopes en chemin, j'étais en rade. » Il lui lance un sourire et se penche vers elle pour faire mine de déposer un baiser sur sa joue quand, en réalité, sa bouche se stoppe assez proche de son oreille pour pouvoir murmurer. « Faites comme si vous me connaissez, je vous en conjure, ça ne durera pas longtemps. » Venant tirer la chaise face à elle, il lui lance un sourire en s'installant et prend une ou deux secondes pour parcourir rapidement son visage avant de retourner son regard vers Jason, qui semble froncer les sourcils et se réinstaller à sa place. Son attention se reporte alors sur elle, et il soupire légèrement. « Il y a quelqu'un à qui je n'ai pas envie de parler et vous avez été ma solution de repli. Est-ce que ça vous va si on fait mine de discuter jusqu'à ce qu'il s'en aille ? Son verre est presque fini. » Il laisse sa question en suspens en attendant sa réponse, fait signe au serveur de venir vers eux pour pouvoir commander un café, jetant un coup d’œil vers la blonde pour lui demander ce qu'elle prend. La moindre des choses.

Le simple fait qu’elle se retrouve là, dans un bar, relevait d’un miracle. Dawn n’avait pas l’habitude de fréquenter ses lieux, préférant la tranquillité des cafés au brouhaha des tavernes, en ce début de soirée. Mais elle avait fait une promesse à une amie, celle d’être là, ne serait-ce que le temps d’une heure ou deux. Et ensuite, elle serait libre de partir. Sauf que, assise là depuis bientôt une vingtaine de minutes, pas de traces de cette dite-amie. Et la belle angoisse, d’ainsi se retrouver seule dans ce lieu qui semble pourtant si convivial à d’autres, mais qui a tout simplement l’effet inverse sur elle. Elle jette un coup d’œil nerveux à sa montre. Vingt-cinq minutes sont passées, et sa compagne de la soirée brille toujours de par son absence. Quelques années plus tôt, et elle aurait depuis longtemps prit la poudre d’escampette pour s’enfuir et rentrer chez elle. Son psy serait fier, de voir qu’elle fait des efforts, pour passer outre sa phobie sociale. Ça semble si facile, à l’entendre parler. Quand elle sent une main se poser sur son épaule, la gamine ne peut s’empêcher de sursauter. L’homme s’adresse à elle, mais elle ne comprend pas, il doit faire erreur sur la personne. Il semble pourtant bien confiant, à voir ce sourire sur son visage, et cette approche qu’il fait à son égard afin de lui faire la bise. Mal à l’aise, Dawn ne peut s’empêcher de faire un léger mouvement de recul, et à ses pieds, Maple, qui roupillait sous la table, se relève, jugeant la situation de ses yeux couleur caramel. Les propos que l’homme murmure à son oreille font lumière sur sa façon de l’aborder, et elle le regarde avec une certaine appréhension, alors qu’il s’installe sur la chaise qu’aurait dû occuper son amie, vacante. La prochaine fois, elle y songera deux fois avant d’accepter une invitation de sa part, surtout si c’est pour se faire abandonner à son propre sort et se retrouver à se faire aborder par des inconnus. Le regard de l’homme s’attarde pendant un temps sur elle, et ils se fixent dans le plus grand des silences, avant qu’il ne bifurque vers la salle, laissant à Dawn l’occasion de reprendre son souffle, qu’elle retenait depuis cette petite interruption. Le nouveau venu semble soulager de ce qu’il aperçoit, alors que son attention de retourne vers elle, et qui consent à s’expliquer plus longuement. – Euh… non, enfin, si, ça va. – Elle patine, la pauvre enfant, incapable de mettre cinq ou six mots à la suite. – Vous êtes là, maintenant… je ne vais pas vous chasser. – C’était beaucoup mieux. Elle n’était pas très confortable à cette idée, mais elle pouvait bien tolérer une dizaine de minutes de discussions avant de pouvoir s’éclipser de cette soirée. Le serveur vient vers eux, et l’autre se commande un café. Elle fait signe d’en ajouter un second à l’addition.