play / « C’est vraiment nécessaire ? » il est dubitatif, nerveux aussi. Installé au volant de sa voiture, il regarde la cour où il vient de se garer, la grosse demeure qui se dessine dans la pénombre. « Non parce que j’ai du cash sur moi, y'a un Tesco à deux rues d'ici, on a pas besoin de faire ça » les plans à l’arrache, ça n’a jamais été facile pour Bennie, alors il traîne toujours un peu des pieds dans ses situations, se demandant ce qui va lui tomber sur le coin du nez. Ils ont été invités à une soirée, anniversaire quelconque d’un type qu’ils connaissent depuis l’adolescence et à qui ces années de débauche chaotique manquent. Le thème est simple : ‘à l’ancienne’, alors Bennie s’attend à de la musique pourrie jouée depuis un téléphone maladroitement branché à une enceinte, une partie de beer-pong et un terrain de jeu sans limite pour les infections type mononucléose. Il n’est pas certain que ce bordel lui manque, pas plus que le cirque digne d'un rituel qui allait autour. Sur le coup, pourtant, ça avait semblé être une bonne idée : lui et Sawyer feraient comme avant et passeraient chez Bennie pour faire une razzia dans le cellier du paternel Tennyson. « J’ai les clés, en plus, on a pas besoin de crocheter la serrure » sur le coup, ouais, ça avait semblé être un plan fiable, ils l’avaient fait pendant des années, après tout, d’aller se servir dans les réserves d’alcool familiales avant chaque fête clandestine, espérant ne pas se faire prendre, faisant des provisions pour telle ou telle soirée. Maintenant, c’était une autre histoire, c’était superficiel et inutile. Tous les deux majeurs, dotés de comptes en banque libre d’accès, capables de décider pour eux-mêmes sans avoir à se soucier de l’avis des parents, sans craindre la moindre conséquence. Ils n’avaient pas à faire ça, mais c’était peut-être le but, au fond. Un risque pour rien, juste pour le rush d’adrénaline, pour le côté puéril et si ça passait au-dessus de Bennie, il n’était pas sans savoir que la plupart de ses souvenirs avec Sawyer commençaient de la sorte.

Alors ils étaient là, devant la maison où Bennie avait passé la majeure partie de sa vie, attendant qu’un des deux – sans doute Sawyer, plus leader que lui – se décident à bouger pour aller subtiliser une ou deux bouteilles millésimées avant de se diriger vers cette fête où ils n’étaient même pas certains de vouloir aller.

“life of the party” ⚡︎

sawyer était assis aux côtés de son camarade, sur le siège passager. et il était invité à une soirée d'anniversaire en compagnie de bennie. cela faisait tant d'années qu'ils se connaissaient. il se rappelait de tout les épiques moments qu'ils avaient passé ensemble. et ce soir, il était persuadé que cette soirée resterait à jamais gravée dans leur mémoire. « écoute, on l'a déjà fait pleins de fois. pourquoi se casser le cul à aller au supermarché alors qu'on peut se servir tranquillement chez toi ? » demanda sawyer en fronçant les sourcils. il essayait tant bien que mal de le convaincre comme à chaque fois. c'est ça qu'il appréciait particulièrement chez bennie. il avait toujours envie de faire les choses bien. alors que sawyer adorait franchir la limite de la légalité. son camarade gara sa voiture devant la maison des tennyson. il se tourna vers bennie. il n'avait pas envie de braquer la réserve d'alcool de ses parents sans son accord. « moi aussi j'ai du cash sur moi, mais j'en ai ma claque de dépenser des tonnes de tune pour des soirées. là, on a nos boissons livrées sur un plateau d'argent mec, » continua-t-il. un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres lorsque bennie déposa les clés de la maison sur le tableau de bord. sawyer les saisit, frottant amicalement les cheveux bruns de son ami. « je reviens vite, » déclara-t-il en descendant du véhicule. il se dirigea vers la porte d'entrée et la déverrouilla le verrou. il entra dans la maison silencieuse, et ferma la porte derrière lui. il alluma le flash de son téléphone portable et traversa les couloirs plongés dans la pénombre. sawyer arriva devant le cellier. il l'ouvrit silencieusement et entra à l'intérieur. comme à chaque fois qu'ils s'y rendaient, la pièce était toujours autant remplie en alcool. il se pencha vers les nombreuses bouteilles et en prit une de vodka, une autre de rhum et une petite fiole de whisky. il se releva, satisfait de ses trouvailles, et quitta le cellier. il rejoignit bennie dans la voiture, les bouteilles à la main. « tu vois, c'était vite fait, » dit-il, son fidèle sourire de vainqueur en coin.

@Bennie Tennyson

Il regarde Sawyer s'extirper du véhicule et filer dans la maison qu'il espère vide. Il n'y a pas d'autre voiture que la sienne devant la demeure mais ça ne veut pas dire que ses soeurs ne sont pas là, qu'il n'y a pas une femme de ménage, un jardinier, quelqu'un pour rapporter les faits. Il se sait con, d'être nerveux comme ça, après tout c'est encore chez lui et ses parents ne sourcilleraient surement même pas (quoi que, le paternel n'apprécierait sans doute pas de voir ses précieuses bouteilles consommées à toute allure par des fêtards immatures) mais il ne peut pas s'en empêcher. Il patiente, tapote sur le volant, triture la radio, la ventilation, cherche à s'occuper en attendant que Sawyer revienne. Lorsque ce dernier pointe le bout de son nez, Bennie doit se retenir de ne pas partir sur les chapeaux de roue, se forçant à lui laisser le temps d'au moins monter dans la bagnole, fermer la portière, s'attacher. Il hoche la tête, oui, c'était vite fait, facile, ils n'ont plus qu'à filer pour se rendre à cette satanée fête. Comme à chaque fois, Bennie n'est pas certain d'avoir envie d'y aller - ce n'est pas qu'il se pense au-dessus de tout ça, c'est plus qu'il a peur de faire n'importe quoi dans ce genre de situation, pas doué avec l'alcool, pas doué pour agir comme les gens de son âge. « Eurk, pourquoi le rhum ? j'peux plus y toucher depuis la fête chez les gosses de l'amiral » souvenirs flous d'une beuverie chez un marin haut gradé, où ils avaient cru bon de se la jouer pirate, fredonnant le thème de Pirates des Caraïbes jusqu'à gonfler les gens et se saoulant au rhum. L'estomac de Bennie avait gagné, ce soir là, le terrassant dans un buisson où il s'était méticuleusement appliqué à rendre ses tripes. Chassant les souvenirs, il s'apprête à faire une marche-arrière pour quitter la propriété quand soudain, des phares s'accrochent dans son rétroviseur et une voiture s'engage dans l'allée menant à la cour. « merde, merde, merde » commence-t-il à paniquer et son coeur s'accélère lorsqu'il reconnait le véhicule « c'est la mini de ma mère, baisse toi, qu'elle te voit pas » il ne sait pas exactement pourquoi la présence de Sawyer le rendrait plus suspicieux mais il préfère inventer une excuse bidon que d'expliquer pourquoi ils sont là tous les deux - peut-être parce qu'il était déjà là, le meilleur ami, à toutes les conneries que Bennie a pu faire et que le voir ne présage pas grand chose de bon pour les Tennyson.

“life of the party” ⚡︎

depuis son plus jeune âge, sawyer était un casse-cou. il n'avait peur de rien et fonçait tête baissée. heureusement pour lui, bennie avait toujours été là pour le rappeler à l'ordre ou pour lui faire réaliser qu'il a dépassé les limites. et ce soir, sawyer avait envie de profiter de cette soirée. en soit, ils auraient pu aller au magasin acheter leurs bouteilles, mais c'était bien moins excitant qu'aller les piquer dans la réserve des tennyson. ils faisaient ça depuis leurs premières soirées au lycée, et le jeune homme y prenait toujours autant de plaisir. il revint dans la voiture, ses trois trouvailles en main. il vit directement au visage de bennie qu'il n'était toujours pas rassuré, même si sawyer était de retour dans le véhicule. « je me souviendrai à jamais ton teint verdâtre, » rigola-t-il, se rappelant parfaitement de cette soirée riche en émotions. bennie démarra le moteur et commença à rouler. alors qu'ils s'apprêtaient à quitter la propriété, une voiture arriva en face d'eux. sawyer lança un regard en coin à son camarade, et comprit directement que ça ne sentait pas bon pour eux. bennie reconnut le véhicule de sa mère, et demanda à son ami de se planquer. sawyer s'exécuta, bien que la maman tennyson le connaissait depuis des années. il détacha sa ceinture de sécurité et s'installa par terre, dans le petit espace qu'occupait régulièrement ses pieds. il espérait de tout cœur que bennie allait faire vite, car il ne se sentait pas capable de rester dans cette position pendant ne serait-ce que cinq minutes.

@Bennie Tennyson

Sawyer est habitué aux plans foireux alors il ne lui faut pas longtemps pour se planquer, à moitié coincé sous la boite à gants tandis que Bennie cherche un peu de contenance. Nerveusement, il passe une main dans ses cheveux, souffle, se chuchote que c’est rien, au pire ce n’est pas grave et puis une portière claque et indique que sa mère s’est garée. Il baisse le volume de la radio, ouvre sa fenêtre et remercie qui de droit pour l’heure avancée. Il fait pratiquement nuit et l’habitacle de la voiture est si sombre qu’on ne voit même pas Sawyer, du moins c’est ce qu’il pense. « Hey, bonsoir, je ne reste pas longtemps, j’avais juste besoin de… d’un bouquin » invente-t-il, tant bien que mal. Pour quelqu’un qui n’aime pas mentir, il n’arrête pas en ce moment. D’abord Abigail, maintenant ça. Il fait un geste vague vers la banquette arrière où un sac de cours traine, justifiant l’excuse un peu bateau qu’il vient de servir à sa mère. Elle semble un peu préoccupée, elle a les bras chargés d’emplettes contenues dans de jolis petits sacs, avec un peu de chance elle aura trop la tête ailleurs pour noter qu’il n’a rien à faire ici, pas quand il habite à une trentaine de kilomètres, lui qui ne passe jamais sans prévenir. « Tu ne veux pas rester pour le repas ? Ton père va chercher Delilah avant de rentrer et Jessamine ne devrait pas tarder à rentrer… » elle lui demande ça tout en faisant défiler quelque chose sur l’écran de son portable, il en profite autant que possible, puisqu’elle ne voit pas son teint trop pâle, ses yeux ébaubis. « Peux pas, désolé. Je viens dimanche après-midi de toute façon… » parce que soirée ou non, gueule de bois ou pas, le repas dominical tient toujours, sauf en période d’examens. Elle hoche la tête, lui adresse un sourire distrait et déjà, elle s’éloigne de la voiture de son fils. Alors qu’il pense s’en tirer comme ça, pourtant, elle ajoute : « Préviens moi, si tu ramènes Sawyer aussi, dimanche » et lui qui était livide jusqu’alors, il vire écarlate. Il fronce les sourcils, serre les dents, pris la main dans le sac, mais déjà, elle s’en va vers la porte d’entrée, sans poser plus de questions. L’interrogatoire viendra plus tard, il le sait. Il referme sa vitre, enclenche la première « Garde le Rhum, tu iras le vider sur ma tombe la semaine prochaine » dramatise-t-il, faussement sombre, attendant que Sawyer sorte de sa planque pour filer de l’allée en gravier.

“life of the party” ⚡︎

en voyant une voiture débarquer dans l'allée, sawyer remarqua directement le teint livide de son camarade. lui, il ne stressait pas. il savait que le duo s'en sortirait s'en problème, car ils avaient affronté pire qu'une mère enragée. néanmoins, il accepta de se planquer. maintenant qu'ils avaient les bouteilles, sawyer n'avait pas envie d'aller les rendre. il tenta de se planquer tant bien que mal en s'abaissant. il entendit des bruits de pas sur les graviers, annonçant l'arrivée de la mère. il vit bennie abaisser la vitre. en une seule phrase, le brun venait de trahir son mensonge de par son hésitation et sa mine peu rassurée. mais sawyer resta silencieux, priant intérieurement pour que la mère ne se rende pas compte du petit manège de son fils. la discussion continue, et le jeune homme sent ses membres devenirs de plus en plus douloureux. il grimace, mais reste discret. alors que tout semblait bien se passer, la mère tennyson déclara que bennie devrait la prévenir s'il comptait aussi ramener sawyer au dîner de famille, dimanche. fait chier, ils étaient cramés. il se redressa lorsque son camarade démarra le moteur et ferma la vitre. « depuis que t'es gosse tu ne sais pas mentir, ce don n'allait pas apparaître momentanément apparaître ce soir, » sourit sawyer, tentant de faire sourire son camarade. la soirée semblait plutôt mal commencer, mais il était persuadé de pouvoir faire oublier ne serait-ce qu'un court instant cette mission commando qui fut vouée à l'échec. « c'est quoi ton objectif ce soir, pécho, finir en pls ou prier pour que ta mère ne te tue pas dimanche ? » le taquina-t-il avec humour.

@Bennie Tennyson

Il ne sait pas mentir, il n'a jamais vraiment ressenti le besoin d'apprendre, il était sage, ses parents ont toujours été compréhensifs, à leur manière, bienveillants. C'était peut-être parce qu'ils savaient qu'ils n'avaient pas de souci à se faire au sujet de Bennie. Alors non, Bennie ne sait pas mentir, ce qui est un peu ironique quand on sait combien il baratine, ces derniers temps. Sawyer mentionne la soirée et le jeune Tennyson tique, parce qu'il a vraiment l'impression de ne faire que ça, en ce moment, mentir. « J'sais pas, les trois ? » qu'il répond, les pneus de sa voiture faisant crisser le gravier avant qu'il n'atteigne la route et s'engage dessus, accélérant et enchaînant les vitesses pour trouver une vitesse de croisière. Sawyer n'est pas au courant pour Abigail, pour le bordel qu'est cette situation. Il faut dire, Bennie ne savait pas trop comment le mentionner, pas vraiment du genre à envoyer un sms à son pote pour lui dire 'hey, au fait, j'ai une fausse copine, longue histoire, et toi ça va ?' - il aurait peut-être dû, mais il ne s'attendait pas à ce que ça se goupille comme ça. « J'peux pas pécho » le mot le fait tiquer, pas son genre, pas son genre non plus de se laisser aller à une aventure sans lendemain et pourtant... « 'fin, j'crois pas, j'sais pas. J'vois plus ou moins quelqu'un, c'est compliqué » il reste vague, parce qu'en dépit de son éducation, de son intelligence, il n'a pas l'impression d'avoir les mots nécessaires pour décrire tout ça. A la place, il se racle la gorge et change la cible de la conversation : « et toi, quel plan foireux tu nous prépares pour ce soir ? J'te jure, si une fille de plus vient me demander ton numéro, je pense que je te le fais tatouer sur le front pour gagner du temps... »