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MessageSujet: moonshadow (heidi)   moonshadow (heidi) EmptySam 2 Déc 2017 - 21:28


- i’m being followed by a moonshadow -

Un sursaut et il était désormais éveillé. Emmett devinait avant même que ses yeux ne se soient habitués à la noirceur de la pièce qu’il s’était – encore – endormi dans son bureau. La douleur dans son cou le lui confirmait. Il avait pris cette habitude de bouder son lit. Il dormait peu, dormait mal et de se coucher dans le petit lit de son enfance ne semblait en rien l’aider de toute manière. Il ne pouvait se résoudre à dormir dans le lit de sa mère, le lit qu’elle avait longtemps partagé avec son père. Du revers de la main, il essuyait quelques goutes de sueur perlant à son front. Encore un de ces rêves plus vrais que nature. Ceux qui le faisaient réveiller en sursaut, perdu et blessé. Ils semblaient plus fréquents quand il s’endormait avec l’aide de la bouteille, mais, sans elle, il ne trouvait pas sommeil. Ce cercle vicieux était devenu sa routine. En grognant faiblement, il se redressa dans le fauteuil bergère et, traînant les pieds, il sorti de la pièce. La lumière dans le salon piqua sa curiosité, l’attirant dans la pièce. Il la trouva là, endormie. Les courbatures qu’il devait endurer quand il dormait sur le canapé étaient atroces, mais elle semblait confortable. Petite et menue, elle se logeait parfaitement dans l’espace restreint. Un sourire étira quelques instants les commissures de ses lèvres sans même qu’il ne s’en rende compte. Il resta planté là un instant – probablement trop longtemps – à l’observer. Les mèches de cheveux qui couvraient partiellement son visage, son air serein ou le livre ouvert qu’elle tenait encore fermement dans son sommeil. Il hésita quelques instants et disparu dans une pièce quelques secondes, ressortant un jetée douillet à la main. Il posa la couverture sur elle avec une délicatesse qu’on ne lui connaissait que rarement. Il se dirigea dans la cuisine dans la noirceur. De vivre dans la maison de son enfance le plongeait malgré lui dans la nostalgie et, à cet instant, il aurait tout donné pour les crêpes de sa mère. Malgré son manque de connaissances culinaires, il se basa sur les souvenirs de son enfance à observer sa mère à l’œuvre dans la cuisine et posa sur le comptoir œufs, lait et farine. C’est dans une cacophonie impressionnante pour une seule personne qu’il trouva le grand bol que sa mère avait l’habitude d’utiliser pour préparer son mélange. Il contemplait son plan de travail, sans la moindre idée de la prochaine étape. Il ouvrait le sac de farine, prêt à en verser un quantité aléatoire quand les bruits de pas attirèrent plutôt son attention. « Tu es réveillée. » lâcha-t-il plus pour lui-même qu’autre chose. Si on le connaissait assez bien, on pouvait deviner que c’était un substitut pour ‘pardon de t’avoir réveillée’. Les excuses n’ayant jamais été son fort, trop orgueilleux, il se contentait de culpabiliser en silence en restant de glace. Le sommeil encore bien évident dans son regard, Emmett jeta pour la première fois un regard vers sa montre. Trois heures. Un peu mal à l’aise, il se passa une main dans les cheveux en se raclant la gorge. « Je fais des crêpes. Enfin, j’essaie. … Tu as faim ? » Et c’était peut-être sa façon de lui demander de l’aide.
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MessageSujet: Re: moonshadow (heidi)   moonshadow (heidi) EmptyMar 5 Déc 2017 - 2:24


Les yeux un peu bouffis, qui témoignaient de sa nuit écourtée, et les cheveux légèrement en bataille, Heidi s’extirpa de sous la couverture posée sur elle, dérangée par le vacarme qui venait de la tirer brusquement d’un sommeil jusqu’à maintenant paisible. La lumière, bien que tamisée, était encore allumée, et entre ses mains se trouvait toujours le bouquin qu’elle se souvenait avoir ouvert en fin de soirée, pour passer le temps. C’est sans grand étonnement qu’elle constata qu’elle s’était, une fois de plus, endormie sur le canapé d’Emmett. C’était devenu un peu comme une habitude, au cours des dernières semaines de s’endormir chez lui, plutôt que dans la chambre qu’on lui payait dans un petit, mais coquet, hôtel de la ville. C’était étrange de penser qu’elle préférait le petit fauteuil d’Emmett au confort douillet du grand lit qu’elle avait à sa disposition. Et pourtant, elle se sentait de plus en plus à l’aise chez lui, avec lui. Elle passait ainsi beaucoup de temps en sa compagnie, et ce, parfois tard en soirée, si bien qu’elle ne comptait plus les heures qui filaient. Tellement qu’elle n’avait aucun souvenir de s’être endormie la veille et ne le découvrait qu’à l’instant. Elle se frotta les yeux, puis écrasa un bâillement, encore à demi endormie. Elle avait la mine quelque peu ensommeillée, mais néanmoins animée d’une pointe de curiosité, et c’est d’un pas feutré qu’elle se dirigea vers la cuisine, guidée par la cacophonie responsable de son réveil prématuré. À peine avait-elle mis les pieds dans la pièce où elle trouva Emmett que ce dernier se tourna vers elle. Elle fronça les sourcils à la vue du sac de farine entre ses mains, ne pouvant dissimuler la confusion qui se dessinait sur ses traits. Alors qu’elle s’apprêtait à lui demander ce qu’il pouvait bien faire à s’affairer dans la cuisine à pareille heure, il la devança par une observation lâchée dans un quasi murmure. Devant son air qu’elle devinait penaud, Heidi n’osa renchérir en lui disant qu’au bruit qu’il faisait, il aurait sans doute réveillé un sourd. Le regard qu’elle posa sur lui avait quelque chose de compatissant, attendrissant, même."Emmett, il est trois heures du matin...", souffla-t-elle, toute aussi déconcertée qu’espiègle. Le timide sourire naissant sur ses lèvres trahissait son amusement face à la situation. Elle secoua la tête, un peu découragée, puis laissa échapper un rire qu’elle ne pouvait plus contenir. S’il y avait bien quelque chose à quoi elle ne se serait pas attendue, c’était bien à ça. Trouver Emmett, habituellement si impénétrable et bougon, en train de faire, ou plutôt essayer de faire, des crêpes au beau milieu de la nuit. Cette image avec quelque chose d’à la fois improbable et cocasse, si bien qu’elle ne pouvait faire autrement que sourire. Elle s’avança dans la cuisine, puis son regard s’arrêta sur le plan de travail un peu pêle-mêle d’Emmett. Elle n’avait pas nécessairement faim, mais Emmett semblait résolu dans son idée de faire des crêpes, et elle devinait qu’il aurait cruellement besoin d’aide s’il voulait arriver à quoi que ce soit de potable. "Mais qui a dit qu'il y avait une heure pour manger des crêpes?", ajouta donc Heidi, l’air coquin, lui lançant un regard qui se voulait complice. Il semblait aussi épuisé qu’elle, si pas davantage, mais qui était-elle pour le contrarier. Elle releva ses manches, noua ses cheveux, puis pris ses aises dans cette cuisine qui n’était pas sienne, mais qu’elle avait appris à connaître au fil des semaines passées dans la maison. Elle repéra une tasse graduée, puis la posa devant Emmett, lui retirant la farine des mains, puis c’est avec une aisance feinte qu’elle la versa dans la tasse. "Tu vas voir, je suis une experte. Tu n’auras jamais mangé d’aussi bonnes crêpes!", lui confia-t-elle, avec un peu trop d’enthousiasme. La vérité était qu’elle avait beau aimer cuisiner et se débrouiller plutôt bien, les crêpes, ce n’était pas sa force. C’est donc un peu gênée, les joues rougissantes et le nez légèrement retroussée, qu’elle demanda d’une petite voix. "Mais juste pour faire sûr, tu n’aurais pas un livre de recette dissimulé quelque part?" Cette expérience culinaire nocturne s’enlignait pour être un lamentable fiasco, mais Heidi était persuadée que c’est sans doute ce qui arracherait un sourire à l’homme grognon qu’elle apprivoisait un peu plus à chaque jour.  
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MessageSujet: Re: moonshadow (heidi)   moonshadow (heidi) EmptyVen 22 Déc 2017 - 2:26

Pour un homme qui gagnait sa vie en travaillant avec les mots, les dialogues et les émotions, il avait toujours été en réalité un homme de peu de mots. Plus souvent silencieux qu’à son tour, il ne fallait pas prendre offense si une remarque ou une question banale restait sans réponse de la part d’Emmett. Et, comme bien des gens qui parlent peu, il écoute avec attention se qui se dit autour de lui. C’est peut-être pourquoi son arrivée dans sa vie l’avait autant dérangé. Il avait tout quitté, s’était exilé. Il voulait se couper de son monde, se cloître dans le silence. Et elle était arrivée, chamboulant sa routine, chamboulant ses plans. Avec sa détermination apparemment inébranlable. Il avait tenté de la faire fuir plus d’une fois. Chaque jour, en fait. Parfois volontairement, d’autres non. C’était dans sa nature, il n’était pas délicat, il n’était pas gentil. Il ne l’était plus, du moins. Et alors qu’il déversait sa colère sur elle, s’acharnant à se libérer de ses frustrations sur la première personne venue, elle revenait toujours le lendemain, prête à essayer quelque chose de nouveau pour parvenir à enfin le faire écrire. Et il réalisait parfois qu’elle était probablement la seule personne qui essayait encore de le résonner. Il commençait à s’habituer à sa présence. Si au départ, la voir s’immiscer dans sa vie de la sorte l’exaspérait au plus haut point, la vérité était qu’il s’était habitué à ne plus vivre dans ce silence étouffant qu’il s’était pourtant lui-même infligé. Il était épuisé, fatigué. Il sentait que le poids du monde entier reposait sur ses épaules et il était exténué. A court d’inspiration et puis trahi et blessé par celle qu’il aimait. Un coup dur à encaisser. Peut-être était-ce aussi pourquoi il menait tant la vie dure à Heidi. Une femme qui entra sans invitation dans sa maison, qui le bousculait dans sa routine alors qu’il tentait maladroitement de se remettre de son divorce. Il garda les yeux rivés sur elle alors qu’elle pénétrait plus profondément dans la cuisine. S’il s’attendait à ce qu’elle lui offre une ou deux répliques se rapprochant étrangement d’un sermon qu’une mère réserverait à ses enfants, il fut plutôt surpris de sentir sa surprise se transformer en complicité. Un sourcil arqué, il l’observa en silence alors qu’elle s’installait devant son plan de travail. Elle relevait ses manches – probablement prête à prendre les devants – et elle attacha ses cheveux. Ses yeux suivant attentivement chacun de ses mouvements, s’attardant quelques instants de trop sur sa nuque désormais exposée. Il se racla finalement la gorge et ravisa son attention plutôt vers le comptoir de la cuisine déjà bordélique alors qu’il venait à peine de se lancer dans le projet. Heidi lui enleva la farine des mains et entama la confection avec assurance… Jusqu’à ce qu’elle lui demande s’il n’avait pas un livre de recettes sous la main. La question de la jeune éditrice parvint à le sortir de son état de contemplation des dernières minutes. Il se passa à nouveau la main dans sa chevelure en bataille. « Un livre de recettes. Bonne idée. » Il balaya la pièce du regard, sans la moindre idée d’où débuter ses recherches. S’il avait grandit dans cette maison et connaissait la plupart de ses secrets, il s’était en revanche toujours tenu à l’écart de la cuisine. Il savait cependant où il pourrait trouver la recette de son enfance. Le fameux livre écrit à la main, passé depuis trois ou quatre générations à des femmes de la famille. Les meilleures recettes, celles dont seules quelques élues avaient hérité des secrets de famille. Ce n’est que plusieurs minutes plus tard – meublées de soupires, grognements et jurons – qu’il mit la main sur le livre manuscrit aux pages jaunies et ondulées. A l’instant où il s’apprêtait à le tendre à Heidi, il réalisa à quel point la situation lui paraissait étrange. Le fameux livre, un trésor de famille ou presque, qui aurait dû être offert à son ex-femme après leur mariage. Pourtant, il n’avait jamais quitté la maison familiale et il ne parvenait pas à se souvenir d’une seule fois où sa mère aurait pu le montrer à sa belle-fille. Peut-être qu’elle savait, sa mère. Qu’elle avait toujours su qu’elle n’était pas faite pour son fils, qu’elle finirait par lui briser le cœur. Il tomba finalement sur la page recherchée. Il ne put retenir le rire qui s’était formé dans son ventre en voyant l’état lamentable de la page. Un cerne d’une tasse qui était probablement remplie de thé, la page ondulée et l’encre effacée dans un joli dégradé de couleur. La recette était incomplète et illisible. Il jeta un coup d’œil vers Heidi qui devait le croire encore plus dérangé – si c’était possible – qu’avant. « Nous avons un problème. » Lâcha-t-il avant en lui tendant le livre. Une expression particulière sur le visage alors qu’il la regardait lire le livre presque sacré de sa famille dont seules certaines femmes avaient eu la chance d’en être confiée la garde. « Un plan B, peut-être ? »
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MessageSujet: Re: moonshadow (heidi)   moonshadow (heidi) EmptyMar 9 Jan 2018 - 5:58


Elle ne savait pas trop comment elle s’était rendue là. Comment elle en était venue à le côtoyer plus que nécessaire, jusqu’à à s’endormir chez lui, de temps à autre. Et aussi, à s’immiscer peut-être un peu trop aisément dans le quotidien de cet homme qui n’avait jamais demandé à ce qu’elle s’impose dans son quotidien qu’elle devinait solitaire avant son arrivée impromptue. Emmett, c’était le défi qu’elle s’était lancé, la mission qu’elle s’était juré de réussir, pour se prouver, et aussi pour prouver aux autres, qu’elle était à la hauteur. Au départ, sa mission était de ramener son manuscrit à bon port. Raisonner un écrivain à la dérive, borné et en panne d’inspiration. Ce n’était qu’un contrat qu’elle pensait régler en un rien de temps. Mais Emmett ne représentait en rien ce à quoi elle s’était attendue. Il était un homme aussi difficile à comprendre qu’à apprivoiser. L’aborder était en soi un défi. Elle l’avait, aux premiers abords, trouvé désagréable, presque détestable, alors qu’il se fermait complètement à elle, inabordable. Il avait déversé sur elle une colère agressive, avait fait preuve d’une froideur rebutante. C’était étonnant qu’elle soit encore là, constamment de retour à la charge, malgré tout ce qu’il lui avait fait endurer pour la pousser à tout abandonner. Elle avait vu plus loin. Plus loin que le mur qu’il dressait entre elle et lui. Sa détermination n’avait d’égal que sa débordante joie de vivre, et si elle savait pertinemment que ça exaspérait l’auteur, c’était ce qui faisait en sorte qu’elle était encore là, à ses côtés, déterminée à le sortir de son état de torpeur. Seul le motif de sa présence avait changé, sans même qu’elle en soit elle-même consciente. Il n’était plus question de contrat, il n’était plus son assignation. C’était autre chose qui la poussait à rester. Il n’était pas toujours aimable, mais dans ces moments comme celui qu’ils partageaient, là, au beau milieu de la nuit, elle voyait une lueur d’espoir. Mais elle restait prudente. Parce que l’ombre de complicité qui se glissait momentanément entre eux était aussi rare que fragile et pouvait se dissiper aussi vite qu’elle s’était installée. Elle remarqua ses traits tirés et nota qu’il semblait épuisé, ce qui ne changeait pas de l’habitude. Elle regretta, l’espace d’un instant, de ne pas l’avoir réprimandé et envoyé au lit, comme l’aurait fait une mère. C’est sans s’interposer qu’Heidi l’observa partir à la recherche d’un livre de recette. Grognements, jurons, le Emmett qu’elle connaissait. Elle s’imaginait déjà qu’il abandonnerait le projet. Et pourtant, il revint avec l’objet de sa recherche intensive entre les mains. Un livre de recettes qui semblait avoir vécu de meilleurs jours. Elle jeta un œil à la recette complètement illisible dans le livre qu’Emmett venait de lui tendre. Une pointe de déception anima ses traits, alors qu’elle tenta en vain de déchiffrer quelconque indication."Eh bien je pense que notre seule option est l’improvisation.", capitula-t-elle, une moue penaude aux lèvres. Heidi se permit, après une courte hésitation, de feuilleter lentement les pages du livre qu’elle tenait d’une délicatesse instinctive. Elle avait deviné, au regard discret, mais distinctif d’Emmett quand il le lui avait tendu, qu’il avait pour lui une certaine importance et elle ne pouvait nier que ce recueil rédigé à la main avait attisé sa curiosité. Elle lui devinait une histoire, un vécu, et elle se sentait presque privilégiée d’avoir accès à ce que contenait ses pages jaunies par le temps. Elle devinait que c’était un petit trésor familial, un peu oublié, mais néanmoins à la valeur inestimable. Elle se surprit à se demander quelle était son histoire, et entre quelles mains il était passé. Passionnée des livres, il n’était pas surprenant que ce manuscrit, bien que ne renfermant que des recettes, éveille chez elle un certain intérêt."C’est plutôt dommage, si tu veux mon avis. Ce livre m’a l’air de renfermer des merveilles. On dirait presque une antiquité, mais il a vécu de meilleurs jours… tu devrais en prendre grand soin." Lui confia-elle, contemplative. Elle ne savait pas trop pourquoi, elle parlait toujours trop. C’était immanquable. Un peu pour meubler les silences, aussi pour compenser pour les fois ou Emmett, lui, ne parlait pas. Elle lui rendit le livre, puis recula d’un pas. Du coude, elle accrocha le sac de farine qui, inévitablement, chuta au sol, dans un énorme nuage blanc et vaporeux. Les yeux écarquillés, se mordillant la lèvre inférieure, Heidi n’osa regarder Emmett, comme une enfant prise en faute. Elle fut prise d’un fou rire qu’elle peinait à dissimuler. Nervosité ou fatigue, elle ne pouvait dire ce qui était à l’origine de ce malencontreux accident, mais sa maladresse était définitivement en cause. Elle osa un regard furtif vers Emmett, persuadée qu’elle venait de tout gâcher. Ses yeux se posèrent sur toutes les particules de farine qui le recouvrait. En constatant l’ampleur des dégâts, elle ne put contenir un rire qu’elle écrasa derrière sa main. "Je ne suis définitivement pas d’une grande aide. Je suis désolée. Attends, laisses-moi t’aider."  Elle chercha nerveusement de quoi essuyer ses vêtements, ses cheveux. Si Emmett avait une once d’humour en lui, c’était le bon moment pour le lui montrer, sans quoi, cette minime connexion entre eux ainsi que cette parcelle de complicité qu'elle avait cru percevoir n’auraient été qu’inopportunément éphémères.  
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MessageSujet: Re: moonshadow (heidi)   moonshadow (heidi) EmptyLun 22 Jan 2018 - 8:25

Souvent, il avait envie de se laisser prendre au jeu. De se laisser convaincre, de la suivre dans ses idées, dans sa bonne humeur. Il ne savait pas trop ce qui le retenait, ce qui le ramenait à l’ordre. Une petite voix dans sa tête qui lui rappelait qu’il souffrait, qu’il broyait du noir. Qui le ramenait inlassablement à cette douloureuse histoire qu’était l’échec de son mariage. Et c’est en allant se réfugier dans sa ville natale qu’il mettait à exécution son plan de ne plus jamais croiser personne – encore moins une femme. Et c’est là qu’elle a fait son entrée dans sa vie. Frappant à sa porte sans relâche, avec une obstination si féroce qu’il dû se résoudre à se lever du sofa et marcher jusqu’à la porte. Une si petite femme pour tout ce vacarme. Il s’était fait la remarque – ou peut-être l’avait-il dit à voix haute. Il n’avait pas encore analysé ce qu’elle lui avait dit qu’elle s’était faufilée derrière lui et pénétrait dans la maison.  Dans sa vie, par le fait même. Il l’observait alors qu’elle tenait le livre et le feuilletait délicatement. C’était comme de brûler des étapes, comme de renoncer à chaque promesse qu’il s’était fait en se jurant de ne plus laisser une personne l’approcher. Mais c’était Heidi. Elle ne lui laissait jamais vraiment le choix. Elle prenait le contrôle et il la laissait faire. A sa façon, certes. En se plaignant tout le long, en soupirant et faisant mine d’être plus dérangé qu’il ne l’était en réalité. Il était sur le point de lui suggérer d’abandonner le projet de cuisine nocturne et d’essayer de trouver une pizzeria miteuse qui livrait toute la nuit quand elle renversa le sac de farine. Il ne fut pas épargné avant qu’il ne termine sa chute au sol. Pris dans le nuage blanc étouffant, il resta surpris. Figé. Aucune réaction, jusqu’à ce qu’il lève les yeux vers elle. La main plaquée sur sa bouche, elle riait visiblement. Aussitôt, il se fit droit comme une barre, furieux. Orgueilleux, susceptible. A fleur de peau. Ses dernières blessures encore trop récentes pour supporter une humiliation de plus.  « Pourquoi tu es ici au juste ? Il n’y a personne qui t’attend ? Personne qui ne veuille de ta présence ? » La mâchoire serrée, il avait dit ses mots au travers de ses dents serrées, craché son venin. « Qu’est-ce que tu attends de moi au juste, hein ? Je n’ai pas besoin de toi ici. » Sans lui laisser la moindre chance de répliquer, de se défendre ou de lui déverser sa frustration ou sa colère à son tour, Emmett sortit de la cuisine et disparu dans le couloir avant de se réfugier dans la salle de bain. Les yeux clos, adossé à la porte, il poussa un long soupire. Il regardait son reflet dans le miroir. Les commissures de ses lèvres s’étirèrent. Il avait l’air ridicule, c’était vrai. Il aurait voulu revenir sur ses pas, revenir en arrière. Ne pas s’emporter, ne pas de refermer comme ça. Il aurait voulu rire avec Heidi, passer un bon moment avec celle qui était devenue, aussi triste soit-il, la seule personne proche de lui. Mais il s’était fâché, il s’était senti ridiculisé. Rapidement, le sourire s’effaça de son visage alors qu’il continuait d’observer durement son reflet. Ses cheveux plus longs qu’à leur habitude, plus négligés qu’à l’habitude. La farine partout sur lui, dans ses cheveux, sur ses vêtements. Et avec cette tête blanchie, il remarquait l’étendue des ravages de son manque de sommeil, de son stress et de sa peine sur lui. Les cernes, les joues un peu plus creuses qu’à la normale, … On aurait cru voir un vieillard, un fantôme. Passant une main dans ses cheveux, il se retrouva dans un nuage blanc et vint à la conclusion que la douche serait la seule option envisageable. Il parvenait à entendre des bruits étouffés provenant de l’autre côté de la pièce. Laissant l’eau plus froide que chaude lui couler sur la tête, observant l’accumulation à ses pieds passer d’une couleur blanchâtre à cause de la farine à claire, il se demandait ce qu’Heidi faisait. Était-elle en train de ramasser ses quelques affaires laissées ici et là dans la maison depuis son arrivée dans sa vie ? Était-elle en train d’essayer de ranger la cuisine ? Dans les deux cas, il pouvait sentir les remords monter en lui, lui nouer l’estomac. Il n’aurait pu dire quelle option lui était favorable. La tuyauterie grinçant tandis qu’il fermait l’eau de la douche, ses gestes étaient lents. Peut-être sa façon inconsciente d’étirer le temps avant de devoir l’affronter. Ce n’était pas Heidi en soit qui était imposante. C’était plutôt de devoir assumer ses paroles ou ses gestes. De devoir révéler qu’il avait conscience de sa méchanceté, de devoir assumer ressentir encore des choses alors qu’il tentait tant bien que mal de faire croire le contraire. Il sorti de la salle de bain torse nu, inutile d’essayer d’enfiler son t-shirt sans se remettre de la farine partout. La maison semblait particulièrement silencieuse. Peut-être était-elle partie, après tout. « Heidi ? » Tenta-t-il d’une voix plus douce qu’on ne lui connaissait normalement.
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MessageSujet: Re: moonshadow (heidi)   moonshadow (heidi) EmptyMer 28 Fév 2018 - 2:47


Heidi avait espéré que pour une fois Emmett baisserait sa garde et lui permettrait enfin de se rapprocher un peu de lui. Elle s’était accrochée à l’espoir illusoire qu’enfin elle parviendrait à passer avec lui un moment agréable, voire amusant. Pendant une fraction de secondes, elle avait réellement cru qu’il était possible qu’ils soient momentanément complices elle et lui. Elle espéra même, un peu naïvement, un sourire de sa part, ce à quoi elle avait rarement droit. Ce moment aurait pu être cocasse, ils auraient pu en rire. Mais Emmett se chargea de lui rappeler qu’il n’était pas celui qu’elle pensait voir derrière cette carapace bourrue. Il le lui rappela brutalement. Elle fut saisie par sa soudaine agressivité. Elle aurait dû s’y attendre, il lui aurait fallu être plus prudente. Elle laissa chacune de ses questions la transpercer, les encaissant une à une, tentant en vain de ne pas se laisser atteindre par la méchanceté de ses propos. Même s’il lui avait laissé le temps de riposter, ce qu’il n’avait pas fait, elle n’aurait pu dire quoique ce soit tant elle était bouleversée par les paroles qu’il lui avait crachées au visage, tel un poison. Elle se tenait face à lui, figée, la lèvre imperceptiblement tremblante, le regard fuyant et la gorge nouée. Elle l’avait déjà vu irrité, elle avait déjà subi son tempérament colérique, mais c’était la première fois que ça lui faisait cet effet. L’effet d’une gifle, puis d’une seconde, droit au visage. Droit au cœur. Heidi était blessée. Ce n’est qu’une fois qu’il fut sorti de la cuisine qu’elle se permit enfin un de respirer, de bouger à nouveau. Son premier réflexe fut de s’accroupir pour ramasser le dégât qu’elle avait fait. Dégât aux répercussions encore plus désastreuses qu’elle aurait pu s’imaginer. Elle s’affaira instinctivement à ramasser la farine répandue sur le parquet, les yeux remplis des larmes de rage qu’elle refusait de verser pour lui. La boule qu’elle avait dans l’estomac lui donnait la nausée. Trop de fois il avait été brusque, direct, désagréable. Méchant. Trop de fois elle avait encaissé sans broncher, prête à tout endurer pour l’apprivoiser. Mais pas cette fois. Il était allé trop loin. Elle passa rageusement une main sur son visage, ou une larme s’était aventurée, laissant au passage sur sa joue un large tracé de farine. Elle ne savait pourquoi elle s’acharnait à ramasser, alors qu’elle aurait simplement pu partir. Peut-être pour se sentir un peu moins coupable. Elle compléta néanmoins la tâche, parce qu’elle était comme ça. Trop bonne pour son propre bien. Son regard encore embué parcouru rapidement la cuisine à présent immaculée. Aucune trace de ce qui venait de se passer entre Emmett et elle. Heidi avait tout nettoyé, pour tout effacer ce qui restait de ce beau moment qu’ils avaient presque partagé. Ainsi que ce qui avait tout ruiné. Seul le livre de recettes qu’il lui avait précédemment montré restait, méticuleusement placé sur le comptoir. Elle s’arrêta un instant, encore ébranlée par la réaction de l’auteur, qui n’avait toujours pas refait surface. Elle entendait dans une pièce plus loin l’eau qui coulait, derrière la porte de la salle de bain ou il était parti s’enfermer. Elle aurait voulu attendre qu’il en sorte. Rester pour lui tenir tête. Pour lui dire sa façon de penser, pour à son tour déverser sur lui toute la colère qu’elle avait accumulée, mais surtout refoulée, depuis qu’elle était entrée dans sa vie. Heidi avait toujours été la plus calme des deux, la plus raisonnable, celle qui recevait sans trop se défendre. Elle aurait voulu pour une fois lui rendre la pareille, lui cracher ce qu’elle pensait de son attitude exécrable, de cette aura négative qui l’entourait, mais elle n’en avait pas la force. À vrai dire, elle avait à présent l’impression de perdre son temps avec lui. Elle en était finalement venue à la navrante conclusion qu’il ne voulait pas d’elle, et ne voudrait jamais d’elle dans sa vie. Peut-être était-il temps qu’elle lui laisse son espace. La dernière chose qu’Heidi désirait était d’abandonner Emmett dans cette pesante torpeur, elle était trop attachée à lui en dépit de tout, mais elle ne pouvait le forcer à accepter sa présence. Ce soir, il le lui avait clairement, et surtout odieusement, fait comprendre : elle n’était pas la bienvenue ni chez lui, ni dans sa vie. C’est avec le cœur gonflé d’un lourd mélange de colère et de tristesse qu’elle ferma derrière elle la porte de la maison d’Emmett, se sauvant dans la nuit.
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