- lost souls and broken hearts -
jasper goldstein et freyja odom

La ville était encore un terrain inconnu pour la jolie blonde. Chaque jour ou presque depuis son arrivée, elle avait rencontré de nouvelles personnes, visités de nouveaux lieux. Elle avait dû supplier quelques fans de garder pour eux le scoop du siècle, selon certains tabloïdes, la localisation de la jeune Freyja Odom. Eux qui se battaient depuis quelques semaines, pour savoir si elle était en vacances ou en centre de désintoxication, auraient été ravi d'apprendre que c'était en Angleterre qu'elle avait échoué, pressée de retrouver une demi-soeur qu'elle ne connaissait pas, cadeau d'un père absent, d'un manque qu'elle avait tenté de cacher au monde entier bien trop longtemps, et à elle-même, en premier lieu. Oui, plus elle connait le monde et moins elle en était satisfaite. Elle semblait ne pas pouvoir trouver ce repos qu'elle cherchait tant, car malgré la distance entre les lumières d'Hollywood et ce qu'il restait d'elle, se retrouver seule à Brighton l'avait fait se remettre en question bien plus qu'elle ne l'aurait cru. Et la femme forte qu'elle avait décidé de devenir se craquelait doucement, laissant place à une fillette qui a grandi sans père, dont le coeur a été piétiné trop de fois, par trop d'hommes. Et pour se changer les idées, Freyja avait décidé de faire ce qu'elle savait faire le mieux, du shopping. Le centre commercial de Brighton, bien que plutôt agréable, n'avait rien avoir avec les boutiques et les créateurs qu'elle fréquentait, de l'autre côté de l'océan. Et c'est devant une machine automatique, quelques sacs de fringues éparpillés à ses pieds, qu'elle avait fini sa course. — Comment ça, il manque quatre-vingt pence ? — qu'elle râlait, bien trop fort pour une personne qui se respecte. Ses manières de diva Hollywoodienne reprenait doucement le dessus, alors que la jeune blonde tentait encore de maitriser la monnaie britannique. — C'était un livre, je suis sûre que j'ai mit un livre. Donne-moi ce fichu café. — Si elle savait frappé, c'est sans aucun nul doute qu'elle aurait mit un coup dans la machine. Mais elle aurait été capable de se faire mal, et décida de grommeler dans son coin au lieu de risquer le diable.

Il ne sait pas trop ce qu’il lui a pris, Jasper. Ni quelle mouche l’avait piqué pour qu’il se rende au centre commercial de la ville, lui qui détestait la foule. Les fêtes de fin d’année approchaient à grands pas et c’était bien la première fois qu’il n’avait pas envie de les fêter, le plus âgé des Goldstein. Il n’avait pas l’habitude de faire ses achats pour Noël, car il avait toujours fait confiance en Ellie pour ça. Chaque année, c’était elle qui achetait tous les cadeaux. Et jamais il ne s’était senti honteux de la laisser faire. Jusqu’à maintenant. Ça avait dû être un cauchemar pour elle. C’était ce qu’il se disait alors qu’il était planté là, dans le grand hall du centre commercial, à regarder les gens courir de gauche à droite à la recherche du cadeau le plus parfait. Il soupira longuement. Il était prêt à rebrousser chemin. Mais il n’avait pas le droit de laisser Lula sans le moindre cadeau. Elle allait le détester. Et il lui devait au moins ça. Alors il prit son courage à deux mains et se lança dans cette foule acharnée. Il avait du mal à comprendre toute cette angoisse et cette excitation. Mais plus il regardait les vitrines, plus il se rendait compte qu’il ne savait fichtrement pas quoi offrir à sa petite soeur. Dans quelle galère s’était-il encore fourré. Il déambulait, regardant de gauche à droite, se faisant parfois bousculer. Il aurait bien eu besoin d’un verre, là tout de suite. Ou d’un peu d’aide. Une dizaine de minutes s’étaient écoulées. Il avait l’impression que ça faisait des heures. Et puis malgré tout ce bruit, il entendit une voix féminine s’énerver. Cherchant du regard d’où pouvait provenir ce son, il la vit. Grande, blonde, un style vestimentaire qu’on ne voit pas à Brighton. Sans savoir pourquoi, il s’approcha de cette jeune inconnue. Elle n’était pas d’ici, c’est clair et net. Amusé par la situation, il lui tendit poliment les quelques pièces qu’il lui manquait. — Allez-y prenez ça. Ce n’est jamais évident au début. Mais on s’y fait vite à cette monnaie. Jasper lui sourit. Il avait eu cet élan de gentillesse. Chose qu’il lui arrivait que très rarement. D’un côté, elle lui faisait légèrement de la peine. Mais s’était avec automatisme qu’il avait été attiré par elle. Peut-être était-ce la magie de Noël qui venait de le frapper.

Les habitudes Américaines, Freyja avait encore du mal à les perdre, tout comme cet accent, bien Californien, qu’elle avait fini par attraper comme un virus, après trop d’années dans la citée des anges. Si son accent ne posait pour l’instant aucun problème à son intégration dans la vie britannique, ce n’était pas le cas de son peu de connaissance en monnaie anglaise. Pour la jeune blonde, elles se ressemblaient toutes. Aux États-Unis, elle n’avait pas eu de mal à s’y faire. Les visages aux dos des billets et des pièces l’avaient bien aidé, tout comme le fait qu’elle avait rapidement arrêter de payer avec de la petite monnaie. Qui a besoin de ça, quand on a une carte de crédit aux ressources quasi inépuisable ? Et devant cette machine à café, elle s’y perdit bien vite, la demoiselle, entre les penny, les pences et les pounds. Prête à mettre un coup de pied bien peu violent dans la machine, elle fut arrêter en s’entendant une présence à côté d’elle. Un jeune homme, à peine plus vieux qu’elle, relativement beau garçon. Elle l’observa un instant, alors qu’il lui proposa quelques pièces, qui semblaient suffire pour compléter son achat. Une légère vague de honte envahie la blonde, se sentant légèrement mal d’avoir fait assez pitié à quelqu’un devant cette machine pour qu’on vienne lui proposer de l’argent. Elle le regarda, puis regarda les pièces de monnaie, hésitant, avant de les prendre finalement. — Merci, je vous revaudrais ça. Je n’y comprend vraiment rien, j’étais sûre d’avoir mit la bonne pièce. Mais visiblement pas. — Freyja mit les pièces manquantes dans la machine, continuant de parler, un peu trop vite. Elle compensait en parlant, mais elle ne savait pas vraiment pourquoi. Ni même si ce qu’elle disait était réellement utile. — Et vous savez, c’est un de ces moments-là, où l’on a juste vraiment besoin d’un café pour se calmer. Bien que je ne suis pas sûre que le café me calme vraiment, il parait que ça fait l’effet inverse, mais personnellement, je pense simplement que ça me désaltère. — Le café commandait, elle se tourna à nouveau vers l’homme, un sourire honnête et reconnaissant aux lèvres. — Enfin, merci. Je m’appelle Freyja. — Elle espérait ne pas être vraiment passé pour une désespérée ou une folle devant lui, une de ses premières rencontres, depuis qu'elle était arrivé à Brighton. Et même si elle était venue là pour se couper du monde, une partie d'elle appréciait ce contact humain, cet étranger qui venait la secourir pour un café.

Peut-être qu’en fin de compte, cette journée aurait quelque chose de positif. Comme à son habitude ces derniers temps, Jasper s’était rendu au centre commercial avec des pensées négatives. Il se sentait plus obligé qu’autre chose de s’y rendre afin de trouver les cadeaux parfaits. Et ce, même s’il ne comptait pas fêter le réveillon de Noël en famille. Et alors qu’il arpentait les longues allées, les mains dans les poches et totalement dépité. Jusqu’à ce que son regard s’était porté vers une parfaite inconnue en train de se battre avec une machine à café. Tout naturellement, Jasper l’avait aidé, cette jeune femme qu’il n’avait jamais vu nul part. — Vous en faites pas, ce n’est rien. Il faut toujours un petit temps d’adaptation. Et il n’avait pas tort, Jasper. Plusieurs fois il avait rencontré des inconnus totalement perdus avec la monnaie anglaise. Ça le faisait rire, Jasper. Car pour lui, c’était une habitude. — Je ne peux pas vraiment répondre là-dessus, car je n’aime pas le café, à vrai dire. Il haussa simplement les épaules. À vrai dire, il détestait le café, Jasper. Ça avait toujours été le cas. Et alors qu’il était prêt à terminer toute conversation avec la jeune femme, celle-ci finit par se présenter. — Enchanté. Moi c’est Jasper. répondit-il avec un léger sourire aux coins des lèvres. Un peu embrassé et surtout ne sachant que dire, il passa une main frêle dans ses cheveux. Ça faisait un moment, Jasper, qu’il n’avait plus été en contact avec une inconnue. — Hum ça vous dit de .. vous asseoir ? Peut-être qu’après tout, il pourrait un peu parler avec elle. Ce ne devrait pas lui faire du mal.

Elle avait apprit à rester sur ses gardes, la jolie Freyja. Elle qui tombait pour un peu de gentillesse ou un beau sourire savait la facilité à laquelle on pouvait la manipuler, et la tendance que les gens avaient à se servir d’elle pour sa célébrité, son argent, son talent. Ça ne l’empêcha pas de se montrer polie, correcte, face à l’Anglais. Il était charmant, gentil avec elle, même si ce n’était que quelques pièces, au final. Récupérant son café, elle se tourna vers l’homme, prête à lui en proposer un alors qu’il clama ne pas aimer le café. Raté. Elle se contenta alors de se présenter. — Freyja. Enchantée aussi. Et… encore merci. — Il ne semblait pas avoir un mauvais fond, l’homme, bien au contraire. Il avait cet air tout simple qui avait tendance à plaire un peu trop à Freyja. Lorsqu’il lui proposa de s’asseoir un instant, elle hocha doucement la tête. — Avec plaisir, oui. — récupérant ses sacs de shopping au sol, elle le suivit pour aller s’asseoir, se demandant qui il était vraiment. Elle n’en avait aucune idée, mais après tout, elle ne connaissait personne ici. Sa résolution de rester éloignée des hommes à Brighton était déjà foutue, mais la jolie blonde se rassura en se disant qu’il n’y avait pas de mal à se faire un nouvel ami. — Vous venez souvent faire du shopping ici ? — demanda-t-elle avant de boire une gorgée de son café. Sans savoir pourquoi, son intuition lui disait que non, ce n’était pas un habitué des centres commerciaux. — C’est la première fois que je viens ici, je ne m’attendais pas à ce que Brighton ai un si beau centre commercial, honnêtement. — C’était probablement le pire début de conversation qu’elle ai fait depuis un long moment, et elle regretta un instant de ne pas jouer les femmes fatales pleine de confiance au lieu de cette femme un peu maladroite.