ce soir t'es content : les affaires marchent bien et les billets s'accumulent rapidement à mesure que tes pochons se vident. faut dire que ton visage  est connu dans le monde de la nuit. t'es plus qu'un habitué ou un vulgaire pilier de bar, toi c'est presque comme si tu faisais parti de ces murs. ton adn est incrustée partout sous la couche de crasse poussiéreuse des boîtes, des clubs, des bistrots et des cabarets de brighton. c'est même plus toi qui te présente, ceux sont tes clients qui se chargent de te ramener de nouvelles proies à ferrer.
tu sirotes tranquillement ton scotch sans glaçon quand justement, deux beautés se pointent au comptoir pour s'entretenir avec toi. tu souris avec une affabilité feinte en te tournant  vers elles. qu'est-ce qui ferait plaisir à ces dames ? salut asher, il te reste de la ké pour nous ? te demande la plus proche en tripotant nerveusement ce que tu devine être un billet, dans sa poche. tu fais claquer ta langue d'un air entendu. évidemment que j'ai ça, mais pas sur moi, tu m'attends une seconde ? ce n'est pas une question, t'as déjà sauté de ton tabouret pour leur fausser compagnie. tu traverses la boîte, passe derrière un rideau, avant de te glisser dehors par la porte de derrière. tu salut le vigile que tu paies grassement pour qu'il te laisse entrer et sortir sans poser de question et t'arrive dans la petite cours arrière où t'as garé ta moto. tu vérifies que personne ne t'observes et tu retires un pochon préalablement scotché sous le garde boue de la honda rutilante. puis tu retournes à l'intérieur, ton verre toujours à la main. c'est à ce moment là que quelqu'un se jette sur toi. le verre de scotch s'échappe et fait le saut de l'ange. asher, t'étais où !?
regard rivé sur les débris, t'es d'abord dévoré par le désir d'envoyer balader l'intruse et de l'engueuler à mort parce qu'elle a bousillé ton verre. donc tu tournes la tête pour crier, et la tu découvres que c'est izie qui te tiens dans ses bras. et ça, ça change tout. la vapeur s'inverse, et ton sentiment d'animosité est balayé par l'incrédulité. t'en reste muet, tellement tu comprends pas ce qui lui prend. faut se mettre à ta place aussi, la dernière fois que tu l'as vu, c'était il y a trois jours. et cette nuit là, t'avais clairement déconné avec elle. t'avais joué sur sa peur des contacts physique pour lui faire fermer son clapet. tu savais très bien que t'allais lui faire du mal, mais ça ne t'avais pas arrêté. alors la brune t'avait traité de merde, et t'avais pas cherché à la retenir quand elle était parti s'enfermer dans sa chambre. ça faisait trois jours, et bien sûr que t'avais pensé à lui présenter tes excuses, mais tes bonnes intentions n'avaient pas réussit à traverser la barrière de tes dents serrées par une fierté mal-placée. connard.
de fait, tu captes pas ce qui lui prend de se jeter sur toi, puisqu'elle est sensée faire la gueule et ne pas supporter qu'on la touche. pourtant, tu n'as pas l'intention de la repousser. bien au contraire. au delà des effluves de champagne c'est son parfum qui te frappe, et la chaleur qui émane d'elle. son corps contre le tiens t'électrise plus qu'il ne devrait et tu ne peux pas t'empêcher de poser une main sur sa hanche.  salut, tu voulais me payer un verre c'est ça ? ton sourire est moqueur tandis que ton regard clair sonde ses yeux noirs pour essayer de saisir ses intentions. tu changes de gueule quand tu tiltes, tu la relâche comme si tu t'étais brûlé au 12eme degrès. izie, elle a les pupilles éclatées, les paupières écarquillées, les yeux exorbités. j'te propose rien hein, t'es complètement raide là.. pas vrai ? tu sais pas pourquoi ça t'emmerde autant. au fond t'en as rien à foutre de sa consommation de drogue, c'est pas comme avec baby. pourtant y'a un truc qui te dérange, et un fond d'acidité dans ton timbre de voix.

Légèreté. T'es une plume. A tel point que tu as la sensation de flotter sur tes louboutins. T'avais le poids d'un mal plus grand que toi depuis trop longtemps sur les épaules. T'en avais oublié ce que c'est de n'plus brûler. Tu ne t'es pas sentie partir, mais, putain c'que t'es bien. Y a Margot qui a disparu, et c'est pas bien grave. Y a rien de vraiment important, parce que t'es drivée par une envie démesurée d'te connecter au monde. Connexion chimique, réactions dénaturées. T'as essayé de chercher ta version miniaturisée de Rothschild, mais, t'as vite perdu l'fil. T'as parlé à trop de gens, t'as dansé sur des musiques que tu détestes habituellement avec des amis que tu n'connais pas. On t'a offert un verre, peut-être deux ou trois et t'as roulé quelques pelles endiablées. Il te semble même avoir filé ton numéro. Mais, à un moment, t'as cru voir Margot, où juste sa robe. Alors t'as abandonné ton verre au bar -comme les autres, et t'as essayé d'avancer jusqu'à la chimère de ton amie. Marrée de corps, chaleur humaine. -T'es pressée de partir? Tu fais volte-face au moment où quelqu'un saisit ton poignet. -Pourquoi? sourire de chat. -Ce s'rait dommage.. T'as oublié ce que tu devais faire, parce que t'as beau être éclatée, t'es quand même secouée à chaque contact. A la différence que, ce soir, ça t'ébranle dans le bon sens. Tu vibres sans la crise de nerfs. T'as faim de chaleur, comme s'tu pouvais remplir le vide que t'as creusé. -J'pourrais atten.. Non. Désolée. Tu déposes une bise sur sa joue, puis tu l'plantes. T'as vu mieux. Mieux que lui et sa chemise Dior, mieux que Margot. Asher, t'as l'impression que tu le cherchais depuis l'début alors que tu n'pensais pas à lui quelques secondes avant. Ca t'fait comme la première taff du premier joint, alors, lui, tu l'as pas laissé t'échapper. Tu te faufiles, tu te pends à son cou. -Asher! T'étais où!? Il aurait du être là depuis le début, exactement ici, collé à toi. Ou, toi, collée à lui. Rien ne t'avais jamais semblé si simple avec lui. T'es dans un autre monde à l'instant où vos regards se percutent. Un monde où t'as l'impression d'avoir toutes les réponses. C'est magnétique, quand sa main épouse ta taille, tu glisses un peu plus contre lui dans un frisson subversif. -Salut, tu voulais me payer un verre c'est ça ? Oups. Large sourire, mine coupable, et, l'vent qui tourne. -J'te propose rien hein, t'es complètement raide là.. pas vrai ? -C'est toi qui dis ça ? Ca te passe au-dessus, justement parce que t'es raide. -Je vais bien. Je vais très bien ! Et, Dieu sait qu'il pourrait t'en proposer, des choses. Il a beau t'avoir lâchée, t'es toujours au même endroit. Quand tu te détaches, c'est pour faire glisser tes doigts de son cou jusqu'à son épaule. -Fais pas c'te tête! Ca t'réussis pas de réfléchir... Tu le supplies de tes grand yeux de chat, de ton sourire enjôleur. Et, t'essaies de le secouer pour illustrer tes propos, pour continuer de le toucher, aussi. Mais, tu ne bougeras pas Asher avec la force d'une lillipucienne sous acide. Alors, tu te ravises, et tu laisses filer tes doigts de son épaule à son coude, puis jusqu'à sa main. Tu tires, mais, ça te fait avancer, toi, vers lui. A quelques centimètres de son visage, t'es grisée par la proximité, la drogue et l'alcool. -Je pensais que t'étais beaucoup plus drôle que ça.. ta langue sur ta lèvre, provocation, il nous faut des shooters! T'as trouvé la solution miracle, t'en es certaine. Alors tu tournes les talons, tu l'traînes avec toi vers le bar. Et, tu n'lâches pas sa main, tu la tiens fermement. Tu veux pas qu'il s'évanouisse dans la nature, tu l'attires près de toi plus que de raison. Tu le sens dans ton dos, et, tu fais descendre vos mains le long de ta hanche. Tu perds la tête. Douce ivresse, envie fiévreuse.  

c'est toi qui dis ça ? ton regard traduit mieux qu'aucun mot l'incrédulité, le désarroi, et l'agacement qui te traversent. tu voudrais lui demander ce qui lui a pris. mais tu sais qu'elle ne te répondra pas : sa tête est vide de raison. elle s'en fout de réfléchir, tout ce qu'elle veut c'est ressentir. parce que tout ce qui lui arrive passe d'abord par ses sens. celui du touché en premier. je vais bien. je vais très bien ! tu plisses les yeux : la seule chose dont tu sois convaincu c'est qu'elle est chimiquement fucked up. tu jettes un coup d'œil autour de vous, et ce que tu craignais se confirme. elle est surveillée par tout un tas de mec qui n'attendent qu'une chose, que tu t'éloigne d'elle pour venir lui tenir compagnie. ton regard clair se durcit et plusieurs perds d'yeux battent en retraite. et puis tu te raidis, quand elle réduit à nouveau l'espace entre vous. un frisson te parcours l'échine lorsqu'elle t'effleure du bout des doigts. ou du bout des griffes, parce que le sourire qu'elle t'adresse à présent à quelque chose de félin. fais pas c'te tête! ça t'réussis pas de réfléchir... tu sens que tu pourrais céder à ces yeux là. et d'un autre côté, ça te fout vraiment les boules qu'elle ait besoin d'être prodée pour avoir envie de quelqu'un. vraiment. pourtant ses mains sur toi, ça fait vaciller tes résolutions, ça ébranle tes convictions. c'est insupportable de te dire que ce serait mal de la toucher, alors que t'en crèves d'envie. finalement le plus simple, ce serait encore de partir, tu regardes partout autour de toi à la recherche d'une issue, y'a peut être caleb qui traîne dans le coin, ou mieux, baby, elle pourrait la ramener  à l'appart. ça résoudrait les problèmes de tout le monde, les tiens en premier.  mais aucun d'eux n'a l'air de se trouver dans les parages, et tu peux quand même pas la planter là. tes réflexions sont balayées par sa main qui se referme sur tes doigts, et quand la brune tente de t'attirer vers elle mais qu'elle se retrouve finalement à quelques centimètres de toi, c'est bien pire. je pensais que t'étais beaucoup plus drôle que ça.. ouais. bah non. toi t'aimes bien quand les choses sont carrées. pas quand il faut traverser un putain de terrain miné par la morale pour atteindre un objectif douteux. pourtant quand sa langue vient effleurer ses lèvres à quelques centimètres de toi. t'as du mal à enrayer le désir de l'embrasser. t'as envie de la goûter, de te perdre dans sa chaleur, de sentir son corps contre le tiens. c'est à devenir dingue, et à nouveau t'es pris par le besoin urgent de t'enfuir. alors t'essaies de retirer ta main, mais c'est sans compter sur izie qui resserre aussitôt sa prise. il nous faut des shooters ! t'as un instant de résistance, avant de capter que si t'es bourré, t'auras une excuse toute trouvée pour justifier ton comportement aux yeux d'izie demain. quand elle te demandera pourquoi tu l'as pas repoussée alors que tu savais qu'elle était pas maîtresse d'elle même. ouais c'est très limite, mais t'as jamais eu la prétention de te prendre pour mère thérésa. arrivé au comptoir au milieu des autres clients, elle fait en sorte que tu te retrouves dans son dos, et elle appuie fermement vos mains jointent sur sa hanche. et cette fois, tu ne peux pas empêcher ta main de s'y accrocher, ni ton visage de se pencher vers elle. tes lèvres si prêt de la peau délicate de son cou, si proche de céder à cette pulsion qui t'a ressentit quand elle s'est jetée à ton cou. tu t'enivre de son odeur, ton corps reposant désormais si prêt du sien. le barman s'approche d'elle mais t'as pas le temps d'assister à la suite, quatre mains t'agrippent pour te tirer en arrière. putain ash ! ça fait un quart d'heure qu'on poireaute au bar ! tu fout quoi ? tu l'as ou pas ? putain, t'avais complètement oublié que t'avais un deal en cours. tu relâches izie pour faire face aux deux blondes. tu fouilles dans ta poche mais tu retrouves pas ton pochon. putain de merde. il a dû t'échapper quand izie t'a bousculé. tu changes d'expression, et tes clients font de même. quoi ? t'en as plus ? tu lui as refourgué à elle là c'est ça ?! t'as pas le temps de réagir, que son acolyte s'est jetée sur izie. t'es vraiment qu'une salope ! tu te prends pour qui ? rends nous ce que tu nous a volé !