tell me another beautiful lie (willa)

⋅ since : 24/12/2017

- tell me another beautiful lie -
you keep begging for forgiveness
but you don't think you've done wrong

Une journée de garde comme une autre à l'hôpital. Des murs qu'il connaît trop bien, des habitudes bien rodées, la quotidienne valse des patients. Pourtant, depuis quelques semaines, le monde n'est plus le même. Il a le cœur qui tambourine et l'angoisse qui le prend à la gorge. À chaque pas qu'il fait, chaque couloir qu'il emprunte, il a peur de faire une mauvaise rencontre. Dès qu'on lui attrape le bras pour lui poser une question, il sursaute, il s'inquiète. Il a peur, Teddy. Peur que ça finisse par se savoir. Peur que le masque s'effondre et sa vie avec. L'anxiété le ronge à chaque changement de corridor. Il a peur du regard des autres, s'inquiète des qu'en dira-t-on. Et si ça finissait par se savoir ? Ça le préoccupe, ça lui gangrène l'esprit, depuis qu'elle l'a pris sur le fait. Il est anxieux, Teddy. Peut-être qu'il y a un peu de manque derrière tout ça, aussi. De ne rien avoir touché pendant des jours et des jours, par peur de se faire prendre la main dans le sac une fois de plus. La paranoïa est en train de lui griller le système, si bien qu'il se demande comment est-ce qu'ils font pour ne pas s'en rendre compte, quand il les regarde dans les yeux. Ça se voit qu'il n'est plus le même. Ça se voit, qu'il est ailleurs. Jamais vraiment concentré, s'il n'est pas dans son bloc opératoire, plus irritable aussi, moins patient. Moins tolérant face aux erreurs des autres. Il est mal dans sa peau, Teddy. En train d'étouffer, dans son propre corps.
Un pas après l'autre sur les pavés gris, l'automate qui avance et qui oublie à la moitié de son chemin ce qu'il allait chercher comme ça. Il pousse la porte de la salle de pause, dans l'espoir de retrouver un des internes qui lui colle aux talons aujourd'hui. Mais il n'y a personne ici. Personne sauf elle. L'allégorie même du cauchemar. Petit brin de femme qui le terrorise. Il se pince les lèvres et songe grandement à faire demi-tour, avant de se dire que ça fait d'autant plus suspect. Alors après être resté planté là un moment, il s'avance dans la pièce et lâche son dossier sur une des tables. « Salut Willa. » Le prénom qui lui écorche les lèvres, au simple souvenir de tous les reproches qu'elle a pu lui balancer, quand elle l'a vu subtiliser des fioles de fentanyl. Il y avait sans doute du dégoût aussi à ce moment là. Peut-être même de la colère. À vrai dire, il n'a pas pris le temps de se perdre dans le bleu de ses yeux, ce jour là. Il a juste pris la fuite, comme un lâche – c'est ça, sa vraie spécialité, après tout. « La journée se passe bien ? T'as une opération de programmée, cet après-midi ? » Parler de la pluie et du beau temps. Comme si rien ne s'était passé. Ce que tu peux être pathétique, Walsh. Il s'arrête finalement devant la machine à cafés. « Tu veux quelque chose ? » Il ose enfin la regarder de ses grands yeux vides - ceux qui lui demandent d'oublier, silencieusement.

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- welcolme to the dark side. -
teddy walsh x willa atwood.
Les mains dans les poches, elle pousse la portes des urgences. Elle s'arrête, épiant la salle, avant de lâcher un profond soupir. Les gens attendent, de-ci de-là. Des nez qui coulent, des coupures, des grimaces, des infirmières qui virevoltent. Voilà ce qui l'attend aujourd’hui. La mine, douce torture vicieuse pour une interne avide de sensations fortes comme Willa. Vous êtes en retard, qu'elle entendit des minutes plus tôt de la bouche de son titulaires, le regard accusateur. Alors c'était sa punition. Une journée entière de corvées. Un vrai cauchemar. S’avançant mollement vers le bureau, attrapant un dossier que l'infirmière lui tend d'un air compatissant. Tournant les talons, elle se dirige vers son patient. Tirant le rideau, elle tombe nez à nez avec un petit garçon, paraissant sept ou huit ans, l'air blafard. Il est accompagné de son mère, qui, elle, semble totalement paniquée. Un sourire se dessine sur les lèvres de Willa, histoire de rassurer la femme. Elle ne peut que la comprendre, elle qui est la tutrice d'un petit garçon. Les frayeurs nocturnes, la constante boule au ventre à l'idée qui lui arrive quelque chose, elle connaît ça. Refermant le rideau derrière elle, elle regarde la mère avant de s'attarder sur le fils « bonjour, je suis le docteur atwood, c'est moi qui s'occupe de vous aujourd'hui. » s'annonce-t-elle. La femme se relève, gardant sa main fermement dans celle du petit garçon.« bonjour, mon fils se plaint d'avoir mal au ventre depuis des jours. j'ai tout essayé mais sans succès. » lance-t-elle, les sourcils froncés. Willa regarde une dernière fois son dossier avant de s'avancer vers le petit garçon. « okay. marcus si tu le veux bien, je vais t’ausculter. » déclare-t-elle avant poser les mains contre son ventre. Elle palpe un moment avant de voir Marcus grimacer. « c'est ici que tu as mal? » demande-t-elle, alors que ce dernier acquiesce. « d'accord. » se contente-elle de dire, se tournant vers sa mère. « madame abbott, votre fils mange-t-il épicé? » l'interroge-t-elle, cette dernière répondant par la négative. « est-il stressé ces derniers temps? vous ou des membres de votre famille faites de l'hyperacidité gastrique? » continue-t-elle. « euh, j'en sais rien, je... » balbutie la femme. Elle n'a pas le temps de terminer sa phrase que le garçon se relève d'un seul coup et se met à vomir du sang. Willa recule, par réflèxe, mais trop tard, elle est toute tâchée. Ouvrant le rideau, son regard se pose sur une de ses anciennes collègues. « bipe la générale, on a un ulcère à opérer de toute urgence! » s'exclame-t-elle.
Après cinq heures à inspecter, bander les plaies et recoudre des patients, elle a enfin le droit à un peu de répit. Pas question de manger, elle a des tonnes de bilan à faire. Foutue journée. Elle pense un instant à ses collègues internes qui doivent sûrement bien s'amuser en trauma ou en cardio. Elle. Déteste. Cette. Journée. Passant la porte de la salle de pause, elle pose ses dossiers sur la table, accompagné d'un soupir. Faisant couler un café dans un mug, elle part se rasseoir avec celui-ci. Elle ouvre un premier dossier et profite d'un moment d’accalmie pour commencer à la remplir. La porte s'ouvre de nouveau et ses yeux se posent sur la silhouette présente. De tout le personnel de cet hôpital, c'est bien la dernière personne qu'elle a envie de voir en ce moment. Teddy et son allure de zombie, c'est même étonnant que personne ne se soit rendu compte de rien. Elle se sent mal à l'aise, Willa. Car maintenant qu'elle sait ce qui se trame, elle est complice et presque tout aussi coupable que lui. Et surtout, elle est inquiète pour lui. Comment en était-il arrivé là, et surtout pourquoi? Elle n'a rien vu venir. Elle le revoit encore, avec son air coupable, tenant les fioles dans ses mains comme si sa vie en dépendait. Elle secoue la tête alors qu'il entre dans la salle pour chasser ses pensées de son esprit. « bonjour. » se contente-t-elle de dire, replongeant le nez dans ses papiers. La tension a fait son apparition en même temps que lui. Mais hors de question de prendre la fuite. Titulaire ou pas, elle était ici avant lui. L'écoutant parler, ses doigts se crispent et elle arrête d'écrire. Vraiment? Juste des mots banals, pas une once d'excuses à présenter. Teddy est sacrément culotté et égoïste. Il la laisse comme ça, sans la moindre explication, dans le flou le plus total. « je suis interne en première année, tu sais très bien que je n'ai pas d'opération. » rétorque-t-elle. Enfin, mis à part si elle est de l'autre côté de la vitre. Même niveau conversation basique, il n'arrive même plus à être à la hauteur. « je suis de corvée de mine. » continue-t-elle. Et oui, pendant que d'autre ausculte des coeurs et des cerveaux, elle elle ramasse des vomis. Une réelle joie. Elle secoue sa tasse tout en tapotant son stylo. « j'ai déjà ce qu'il me faut. » répond-t-elle plutôt sèchement. Finalement, ses prunelles croisent les siennes et un profond silence s'installe. Elle lui implore muettement de lui expliquer pourquoi. Pourquoi il faisait cela. Mais pas un mot, juste des yeux dans le vague. Elle dépose les armes et finit par détourner le regard. « j'ai du travail. » conclut-elle, comme pour lui dire de s'en aller, de fuir cette situation gênante.

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Peut-être qu'il devrait juste prendre du recul. Poser une indisponibilité à l'hôpital, fuir à l'autre bout du monde pour quelques jours. Semaines. Années même, et ne plus jamais revenir. Mais dans le fond, il est trop attaché à cette ville, à ses petites habitudes, ses amis. Et même sa famille, cette même famille qu'il a plutôt tendance à fuir dernièrement pourtant. Fuir oui, dans le fond, elle est là, sa véritable spécialité. Laisser tomber les responsabilités, ignorer les signes, les regards insistants et autres problèmes. Adulte mais pas tant que ça apparemment, plus lâche qu'autre chose. Il pourrait faire demi-tour là aussi, quand son regard accroche la silhouette assise de Willa. Fermer la porte, faire comme si il ne l'avait pas vue. Ce serait sans doute plus simple. Mais pour une fois, il accepte d'aller à la confrontation. Pour une fois, il va même jusqu'à parler, à initier quelque chose. Ce n'est pas pour parler de son petit – gros – problème d'addiction non, c'est pour parler de la pluie et du beau temps. Incapable d'aborder les sujets sérieux, préférant adopter des manœuvres d'évitement. Il parle café et opération. Parle dans le vide. À un mur – ou c'est tout comme. Willa ne semble pas se laisser happer par ce petit jeu, et le malaise commence à ronger Walsh de l'intérieur. Finalement, faire demi-tour était la meilleure des solutions. Elle lui adresse à peine un regard et tout aussi peu d'attention. Il ne peut pas lui en vouloir. Lui non plus ne voudrait pas discuter, s'il était à sa place. Ses mots tombent comme autant de couteaux qu'il évite maladroitement. Elle est froide et distante. Loin de la douce infirmière qu'il voyait déjà dans l'hôpital, il y a des années de ça. Il se pince les lèvres, danse d'un pied sur l'autre. « Ah, oui. C'est vrai. » Première année oui, il avait oublié, ou peut-être pas. Ses pensées ne sont pas tellement cohérentes. La porte l'appelle, la fuite avec. « Puis, la mine est plus intéressante que ce qu'on peut le croire. C'est la bonne école. » Il en garde de bons souvenirs, lui. Rangés à côté d'un millier d'autres, bien moins intéressants, mais inutile de le mentionner. Il essaye juste de faire la conversation. De gagner des points, même s'il a l'impression que tout ce qu'il pourra dire ne saurait pas convaincre la jeune Atwood. Il récupère finalement son café alors que ses doigts se crispent autour du gobelet. Et maintenant ?

Et maintenant que dire. Le silence retombe, jusqu'à ce qu'elle annonce qu'elle a du travail. Un drôle de sourire traverse les lèvres de Walsh, le malaise se dissipe pour laisser place à autre chose. De l'agacement peut-être. Un peu de colère sans doute ; contre elle, contre lui-même, aussi. « Wow, quelqu'un passe une sale journée. C'est pas une raison pour passer tes nerfs sur moi. » Qu'il lâche d'abord, légèrement acide. « Tu peux garder ce genre d'attitude pour tes concurrents, Atwood. Au cas où tu l'aurais oublié, je suis titulaire. » Il n'a pas envie que ça sonne comme une menace, car ce n'en est pas une. Teddy n'est vraiment pas du genre à abuser de son rang ou de son pouvoir au sein de cet hôpital. Aplatir les internes ? Très peu pour lui, c'est loin de l'intéresser. Il échappe un soupir las, passe une main sur sa nuque endolorie. Il s'en veut déjà de lui avoir dit ça. Il approche finalement de la table, timidement d'abord. Comme s'il avançait en terrain miné et qu'à tout instant, elle pouvait s'en prendre à lui avec son café brûlant ou ses crayons bien taillés. « Pardon. Je crois qu'on est deux à passer une journée de merde. » Qu'il concède enfin, dans un soupir. Il se laisse tomber sur une des chaises, à l'opposé de la brune, histoire de ne pas la déranger outre mesure. Il a assez de choses à se reprocher comme ça, il n'aimerait pas qu'on ajoute harcèlement moral à la liste. Il laisse le café refroidir, passe ses mains en coupe sur son visage et s'étire un peu. Ça se lit sur les lignes courbées de ses traits, qu'il ne va pas si bien. Que les jours sont de plus en plus longs, qu'il est de plus en plus difficile à dire non à une dernière seringue, une dernière dose. Walsh pose finalement son regard sur elle, ses épaules s'affaissent. Il abandonne la bataille. « Tu as vu quelque chose que tu n'aurais pas dû voir. » Il plonge ses yeux délavés sur le pauvre reflet que lui renvoie son café. « Tu n'es pas obligée de m'en vouloir à vie, on peut juste passer à autre chose. » Il hausse les épaules. Comme si de rien était. La solution de la facilité, une fois de plus.

Spoiler:

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