Le sable allait ruiner son costume mais c'était un prix que Dylan voulait bien payer pour une vue pareille. Il n'y avait pas d'endroit plus reposant à Brighton, regarder les vagues, avoir les pieds nus dans le sable, tout ça lui donnait des envies d'écrire des poèmes. Mais le genre de poèmes niais à souhait qu'il aurait pu écrire pour son flirt du lycée avant de se faire charrier par le reste de ses amis. Mais il n'en était rien, Dylan jouait dans la cours des grands, c'était un adulte, il devait faire semblant, marcher la tête haute et prétendre être équipé pour tout ça... Il ne l'était pas, absolument pas et les journées devenaient longues. Surtout quand il n'avait pas d'inspiration et que son agent ne cessait de lui rappeler que sa carrière de romancier pouvait vraiment décoller. Foutaises. Peut-être qu'il n'allait pas bouger, peut-être qu'il allait mourrir ici et faire plaisir à tout le monde de cette façon, ni plus, ni moins. Soupir. Quand il était seul, la déprime reprenait automatiquement le dessus et il était difficile de la faire partir. Mais Dylan n'était pas le genre d'animal qui pouvait fonctionner sans un public, aussi, il était important de le distraire. Il finit donc par sortir son téléphone de sa poche, la liste de contact était longue, longue à souhait, mais ce n'était que des distractions, bien futiles qui ne faisaient que passer à venir. Le nom de Jamie revint plusieurs fois sur l'écran...  Dylan sait qu'il ne devrait pas, qu'il devrait laisser ce gamin tranquille, vivre sa vie, se faire briser le coeur par quelqu'un de plus fonctionnel que lui mais... Mais il se retrouve à appuyer sur la touche appel trop rapidement. — Je suis sur la plage... pas besoin de te faire un dessin.— C'était déjà trop comme confession, hors de question qu'il lui dise qu'il avait envie de le voir, parce qu'il se sentait un peu seul, parce qu'il aimait bien la fascination dans le regard de Jamie quand il le fixait... Non, hors de question, tous ces sentiments-là n'existaient absolument pas. Dylan ne lui laissa cependant pas le temps de répondre et enchaina :  — Si j'étais toi je ne viendrais pas mais on sait tous les deux que tu as des daddy issues de la taille de l'himalaya alors viens, rejoins moi, on trouvera de quoi passer le temps. —  Dylan se contredisait dans une seule phrase, il avait tendance à faire ça, souvent, surtout quand il voulait quelque chose. — Spoiler alert : you're gonna end up naked.—

Ma soirée s’annonce coconing à souhait. Un thé chaud sur ma table de chevet, un plaid enroulé autour de mes jambes et de me ventre, un feu de cheminée trouvé sur youtube (car oui, ce genre de vidéos existe). Sans oublier bien sûr un bon petit livre (enfin, petit, façon de parler) teen-romantic. Je suis aux anges et presque rien ne me fera quitter ma chambre. Sauf une catastrophe, naturelle ou pas. Je me plonge dans ma lecture, rêvant à une histoire similaire d’Eleonor et Parc. Je me reprends quelques minutes après, en me disant que je suis d’un ridicule et que cela se produit uniquement dans les livres. C’est alors que ma tranquillité est perturbée par mon téléphone. Lorsque je vois le prénom et la photo qui s’affiche, j’hésite. En temps normal, je n’aurais pas pris la peine de répondre. Sauf que je suis faible et en pleine lecture douce. C’est Dylan, (mon) Dylan. Qu’est-ce qu’il me veut ? il doit sûrement être bourré ou s’être trompé de numéro. Je maudis ma faiblesse. La prochaine fois, je lirai un roman fantastique ou un thriller, ça m’apprendra. Je décroche. « Quoi ? » Mon ton est sec, presque froid. Pourtant, mon cœur s’emballa légèrement, alors qu’il ne devrait pas. Ce type a l’âge de mon père presque. Il a plus sa place dans le cabinet d’un psychologue qu’entre mes cuisses. Pourtant, je ne peux m’empêcher d’être amoureux de lui et que les rêves que j’ai, pendant ma lecture, le mettait en scène. Je l’écoute parler, me proposer de venir le rejoindre à la plage. Pas la peine de préciser laquelle, « sa plage », proche de sa ville. Je reste silencieux, malgré les quelques papillons faisant leur apparition dans mon bas ventre, quand il m’annonce ma nudité à la fin. Je raccroche sans donner de réponse et reste pensif, quelques minutes. Puis, je me mets en mouvement, rassemble mon sac à main et une serviette. Puis, je quitte la maison de mes parents, laissant un mot sur le frigo sans préciser où je vais. Je n’ai pas de soucis pour trouver un Uber et 20 minutes plus tard, j’arrive et je le vois. Il est très beau en costume. J’enlève mes chaussures et mes chaussettes, afin de marcher sur le sable. Arrivé à ses côtés, je ne le salue même pas, me contentant d’étaler ma serviette. « Installe-toi » Comme si c’était la chose la plus évidente, faisant de même. Bon sang que j’aime cet homme mais bon sang qu’il me désespère à être aussi … imprévisible.

Pas une seule réponse de la part de Jamie et dans le fond ça n'étonnait pas Dylan. Si ce petit était intelligent il ne viendrait pas. Même si Dylan pouvait penser à des dizaines de façon de faire passer le temps avec Jamie; des dizaines de façons qui impliquaient de poser ses lèvres à différents endroit de la peau de Jamie. Juste pour l'entendre murmurer son prénom à lui, juste pour le voir rougir et essayer de cacher sa gêne. C'était parfait pour passer le temps et pour faire passer cette nuit qui s'étendait un peu trop. Dylan poussa un soupir, le millième de la soirée, et reporta son regard sur les vagues, peut-être qu'il irait se baigner tout habillé, juste pour se réveiller un peu ou pour s'endormir et rester là. Oui, les pensées de Dylan avaient tendance à basculer quand il était seul, la solitude n'était pas faite pour lui aussi il fut bien heureux de voir une silhouette se dessiner au loin. Jamie était venu, une mauvaise idée qui ne faisait qu'étirer le sourire sur le visage de Dylan. Il n'avait pas encore perdu la main s'il avait réussi à convaincre le brun de venir le distraire juste pour quelques heures. Pas besoin de redemander à deux fois, Dylan s'étalait déjà sur la serviette de tout son long, son regard tourné vers Jamie. — Tu as pensé à moi c'est mignon... si ça te rassure moi aussi j'ai pensé à toi...— Il abaissa ses lunettes de soleil dans un geste maitrisé, le regard tourné vers Jamie. — Mais pas de la même façon je crois. — Un clin d'oeil dans la direction du jeune homme et Dylan décida qu'il en avait assez de parler. Assez de réfléchir, c'était précisément pour ça qu'il adorait trainer avec Jamie, ce n'était pas que pour passer le temps, c'était que pour le temps n'existe pas tout simplement, parce que tout était plus simple. — Hmm... Come here.— Dylan ne lui laissa pas le temps de répliquer et il s'empara de la main de Jamie pour tirer le jeune homme contre lui, dans les grains de sable. Il ne fut satisfait que lorsqu'il se retrouva au dessus du jeune homme, bien calé entre ses jambes, toujours le sourire sur les lèvres. Dylan ôta ses lunettes de soleil, seulement pour le mettre sur son visage à lui. Jamie avait l'air d'une rockstar, juste avec quelques années et quelques problèmes de drogue en moins. — Je t'avais dit de ne pas venir.— murmura Dylan avant de se pencher et de s'emparer des lèvres de Jamie pour une longue série de baisers. Ça y est, se dit-il, la nuit pouvait enfin commencer.

Oui, c’était une mauvaise idée de venir. Dylan et moi-même sommes d’accord là-dessus. Pourtant, me voici en train d’étaler une serviette à côté de l’ancien acteur et de l’inviter (sans réelle affection) à côté de moi. Je n’arrive pas à lui résister. J’avais beau être silencieux pendant son appel, je me languissais déjà de lui. Qu’est-ce que ce mec peut m’apporter ? Quelques orgasmes, une étreinte mais ça n’ira pas plus loin. Même Elias, avec sa peur des sentiments, me donne plus d’attentions et d’affections que Dylan. Mais j’ai besoin de ce connard dans ma vie, entre mes cuisses et dans mes pensées. C’est sûrement la même chose pour les fumeurs et les drogués, ne pouvant pas vivre sans leur dose. « Il fait nuit et tu portes des lunettes de soleil. » C’est la seule réplique que je sors, ignorant sa vantardise sur ma présence et sur les pensées ayant eu à mon égard. Je me doute qu’elles concernent mes fesses et mon sexe. Je l’entends murmurer d’approcher mais je reste immobile. Jusqu’à bouger contre ma volonté. Le cinquantenaire m’attire contre lui, en dessous de lui, sur le sable. Il pose ses lunettes sur les miennes. J’eus beau lui avoir fait un reproche dessus, je les laisse sur mon nez pour le moment. Je ne dis rien mais mon corps me trahit. Foutu corps ! mes jambes se relèvent et lui laissent de la place entre. Mes mains viennent se poser en haut de son dos et mes yeux ne le quittent pas. « Pour que tu débarques chez moi et provoques un scandale. » Dylan était capable de faire cela. La présence de mes parents ne le refroidirait même pas. Au contraire, il trouverait la parfaite parade, comme le paon qu’il pense être (et qu’il est, dans un sens). Je finis par sentir ses baisers et à nouveau défaillir. Je ne réponds pas de suite mais le laisse faire. Mon souffle se fait plus entendre et mes yeux se ferment. Mes mains descendent à sa ceinture et je commence à toucher la zone, sans aller plus loin. « Tu me proposes de rester dormir chez toi ce soir, avec toi et je reste. » C’est mon ultimatum. Dormir en sa compagnie, dans le même lit, chez lui ce soir. J’attends sa réaction, s’il se défilera ou si son quelconque besoin sera assez fort, pour faire cette proposition.

Crise de la cinquantaine ? Dylan ne savait pas vraiment pourquoi Jamie, pourquoi est-ce qu'il l'avait extirpé de ses draps chauds... Tout ça pour quoi ? Tout ça pour poser ses lèvres sur lui quelques instants et ensuite quoi ? La nuit paraissait tout de suite moins vide quand on avait quelqu'un avec qui la passer, pas de doute là dessus, et Dylan en avait marre de réfléchir, marre d'être seul en fait. Et si quelqu'un pouvait bien l'aider avec ça... Qui était-il pour refuser une telle offre ? Il était humain, tout simplement.  — Il fait nuit et je porte des lunettes de soleil, mais ne fait pas comme si cela ne te plaisait pas... —  La réplique fut immédiate, il savait bien l'effet qu'il faisait à Jamie, c'est cliché, c'est plus que cliché mais tant pis, c'est son remède contre la déprime et il se fiche de savoir si cela fait sens. C'est bien pour ça qu'il ne perd pas de temps pour aller dévorer les lèvres de Jamie. L'étreinte semble bancale cependant et Dylan sait que Jamie ne répond pas avec sa ferveur habituelle. Il manquait quelque chose. — Ça serait marrant... est-ce que tu me présenterais à tes parents ? — Dylan plaisante entre deux baisers mais ça ne le dérangerait pas tant que ça. Il aime l'idée qu'il est mauvais pour Jamie et ce dans tous les sens du terme. Il va l'user, lui briser le coeur en mille morceaux et probablement jouer avec les morceaux et ne pas s'en lasser. Mais voilà, Jamie imposa ses conditions et Dylan finit par se relever, sourcil froncé. Merde. Les voilà les conséquences. — Un ultimatum vraiment ? Ce n'est pas ce que j'avais en tête en t'appelant ... Je suppose que si je refuse je me retrouve seul avec ma main droite. — Dylan pousse un soupir et finit par se rasseoir à coté de Jamie, réfléchissant à toute vitesse. Il récupéra rapidement ses lunettes de soleil, presque fâché mais dans le fond aussi impressionné par le semblant de courage de Jamie. Qui semble avoir besoin de lui, la notion est risible et Dylan devrait le mettre en garde mais il finit par céder. Parce que... Il ne préfère pas penser aux raisons et se concentrer sur le résultat. Il a Jamie pour la nuit. — Fine. Mais n'essaye pas de changer quoi que ce soit chez moi, si tu vois quelque chose sur le sol, tu le laisses là, okay ? — Comme pour prouver sa bonne fois, Dylan lui tendit la main.

Dylan n'est pas un mec pour moi. Déjà, il a quasiment l'âge de mon père. Notre relation (aussi obscure et imprécise qu'elle soit) peut en choquer plus d'un et est vouée à l'échec. Puis, il m'utilise plus qu'autre chose. Je suis son jouet entre ses lèvres, ses doigts et ses cuisses. Mais le pire dans l'histoire (comme si ce n'était pas déjà assez compliqué), c'est que je finis tout le temps par revenir. J'en suis presque drogué, malgré mes nombreuses tentatives pour décrocher. " Mais bien sûr … " Présenter cet acteur raté à mes parents ? et je leur dirais quoi ? mon petit-ami ? jamais ! le mec qui me baise très régulièrement ? j'imagine déjà ma mère ou mon père sortir un flingue et fournir des alibis. Décidemment, Dylan n'est pas pour moi. Il n'y a donc pas de raisons que je vienne lui imposer certaines choses pour rester. Il peut m'avoir toute la nuit s'il veut, à condition de dormir avec lui dans son lit. Là, je le fais débander direct. Il s'éloigne de moi et finit même reprendre ses lunettes. J'ai vraiment été vilain, j'ai l'impression. Mais ça ne m'empêche pas de garder un petit sourire aux lèvres, de façon narquoise. J'ai pris un risque et je l'assume. Quitte à me retrouver seul ce soir. " Essaie la gauche pour changer. " J'attends sa réponse avec appréhension et curiosité. Je reste allongé sur le sable, croisant une jambe sur l'autre. Je tente de le cacher, mais je suis plutôt fier de moi. Dylan se pose des questions, il est devant un dilemme. Il finit par accepter. Satisfait, je tente de calmer mon petit danseur exotique dans mon esprit et accepte sa main tendue. " Deal " Je me redresse alors et viens m'asseoir à côté de lui. " La seule chose que je toucherai, ça sera toi. C'est bon ? " Je dois l'admettre, je suis quand même content de passer ma nuit avec Dylan. Mais ce n'est pas une raison pour m'imaginer qu'il me dira qu'il m'aime. On oublie la partie fleur bleue. " On fait tout chez toi, ou on commence ici ? " En gros, on commence à s'envoyer en l'air sur cette plage ou on fait tout chez toi ?