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 and who will give me comfort, when it's cold / deva
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MessageSujet: and who will give me comfort, when it's cold / deva   and who will give me comfort, when it's cold / deva EmptyVen 12 Jan 2018 - 21:19

Il avait piétiné les allées trop de fois. Pris des inspirations profondes, des demi-tours apeurés. Il n'y avait pas de raccourci. La première fois, il avait penché la tête derrière la vitre du restaurant. Pour s'imprégner de sa silhouette, imaginant les effluves de son parfum traverser le verre pour l'envelopper de douceur. Mais il avait fui. Parce qu'il fuyait toujours, une fois, deux fois. L'échappée était silencieuse, mais terriblement facile. Il flottait au bord du gouffre et ne sautait jamais – car la chute serait lente et désastreuse, et qu'il n'était pas certain d'y survivre. Elle était si belle, sa Deva, le sourire immense qui plisse le coin des yeux. Il observait les contours de son profil à travers la buée de la vitre. Il était invisible dans les vents de la côte. Bientôt, il partirait à nouveau. Il claquerait la paume sur le bois de sa porte, serrerait les mâchoires, crisperait les doigts autour du verre de whisky. Il était lâche. Chacune de ses actions avaient été égoïstes et traîtres. Joaquin inspira doucement en avançant plus près de la porte vitrée. Au loin, à des milliers d'années lumières, Deva s'affairait à servir les clients. Les pans de son tablier virevoltaient entre les tables. Et, le souffle coupé, il la regardait. Il observait les reflets dans ses cheveux, le mouvement des boucles. Le brun de ses yeux, profond, triste. Et sous le tissu fin de sa blouse fleurie, il devinait les contours des éclats de son cœur. Ceux qu'il avait balayé d'un départ silencieux. Il avait eu peur. Terrorisé par la vision d'un avenir qui ne lui appartenait pas. Il avait tout – Deva lui donnait plus qu'il n'aurait su demander. Pourtant, il n'était jamais ni tout à fait heureux, ni tout à fait triste. Il portait depuis toujours un manteau d'ombre, un héritage terrible, épais et étouffant. Il en avait oublié l'existence, parce qu'elle avait été là, la magie de son rire pour apporter l'inspiration et le bonheur pur. Et puis, Joaquin avait fini par suffoquer son son poids. L'ombre avait creusé ses épaules jusqu'à ce qu'il cède. Aujourd'hui, il n'était plus le même. Il n'était que la silhouette d'un homme perdu, figé devant la vitrine d'un restaurant. Mais devant Deva, tout disparaissait – les mensonges et les chagrins. Le monde entier n'était plus qu'une bruine épaisse et blanche. Elle était si belle, et lui, si brisé. Dans un battement de cœur manqué, Joaquin redressa les épaules et tourna les talons. Il prenait la fuite à nouveau. Il était un déserteur, un fantôme. Le cœur et l'âme en miettes. Il n'avait plus rien, depuis qu'il ne l'avait plus elle.
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MessageSujet: Re: and who will give me comfort, when it's cold / deva   and who will give me comfort, when it's cold / deva EmptySam 13 Jan 2018 - 0:49

Une journée parfaitement normale, une journée comme les autres. Elle était là, la jolie Deva, à virevolter dans le restaurant, de table en table, ce large sourire affiché sur les lèvres. Il était unique, il savait comment réchauffer le coeur de la plupart des clients, même en plein milieu de l'hiver. Elle était inimitable, la Mansfield, irradiant d'une joie de vivre incomparable, même lorsque sa vie entière était un véritable chantier. Et c'était le cas, depuis quelques années maintenant. Ses proches le savaient, mais Deva n'était pas du genre à en parler aux personnes extérieures à sa vie. Non. Elle le gardait, le renfermait, ne parlant de ce qu'elle ressentait qu'à une poignet de personnes. Ce sentiment d'abandon, d'avoir été trahie par le seul qu'elle avait réellement aimé. Alors que tout sonnait comme la plus belle des chansons d'amour, il était parti, sans regarder derrière lui, une Deva anéantie qu'il laissait seule et sans le moindre moyen pour le rattraper. Les journées étaient passées, toutes identiques, toutes plus vides de sens les unes que les autres. Hiver comme été, pluie comme soleil, cela ne changeait rien. Son coeur semblait toujours souffrir de ce manque constant, cette petite partie d'elle qui s'en était allée en même temps que Joaquin. Elle avait continué d'avancer, Deva, la tête haute, les épaules droites, le sourire aux lèvres. Une femme forte, voilà ce qu'elle était. Brisée, mais forte. Cette journée n'était qu'une journée de plus, où, alors qu'elle débarrassait une table après le départ d'un couple, elle remarqua cette ombre familière à la vitrine du restaurant. Ce n'était pas la première fois qu'elle la voyait, mais à chaque fois, le même sentiment. Le coeur qui se serre, les larmes qui montent, mais une inspiration plus tard, Deva pinçait ses douces lèvres entre elles et reprenait ses esprits. Le fantôme de Joaquin semblait la suivre où qu'elle allait, et elle le voyait dans les foules, elle le voyait dans les magasins bondés, elle le voyait où qu'elle aille, quoi qu'elle fasse. Quelques fois, elle le voyait même assit au pied du lit quand, encore à moitié endormie, elle ouvrait les yeux. Puis il disparaissait. Il disparaissait toujours. Ce n'était que ça, un fantôme qui la suivait, le vague souvenir de ce visage et de ce corps dont elle connaissait à l'époque les moindres courbes, les moindres marques, les moindres imperfections qui le rendait lui. Elle l'aimait, cet homme. Elle l'aimait comme une folle. Quelques secondes avaient passées, le regard baissé, avant que la jolie serveuse ne se décide à lever de nouveau le regard vers la vitrine où elle venait de l'apercevoir. Et pourtant, cette fois, la silhouette était toujours là. Elle commençait à s'éloigner, mais ça ne changeait rien, elle était là. Est-ce que c'était possible ? Elle en doutait. Deva voulait rester là, à ranger les tables. Elle se fichait bien de qui cela pouvait être. Elle l'avait oublié, depuis le temps. Elle devait l'avoir oublié. Et alors que son esprit lui servait une énième leçon de morale sur cet amour déchu, son corps prit le dessus et reposa le plateau qu'elle tenait, s'essuyant rapidement le mains sur le tablier qu'elle portait, avant de se hâter dehors. Le pas de la porte à peine passé, Deva le chercha du regard, presque paniquée. Comment pouvait-il avoir encore autant d'emprise sur elle sans jamais être là ? Ça, elle n'en savait rien. Voyant de dos l'homme qui ressemblait tant à l'écrivain qui s'était enfui deux ans plus tôt en emportant son coeur dans ses bagages, elle entreprit de le suivre le long du trottoir, bien trop lente pour réussir à le rattraper. Finalement, son corps entier s'arrêta, incapable de faire un pas de plus. Si ce n'était pas lui, cela voulait dire qu'elle perdrait la tête. Si c'était lui... — Joaquin ! — Sa voix était sortie bien plus fort qu'elle ne l'aurait cru possible, criant presque ce nom qu'elle avait si peu osé dire depuis son départ, tant il la tiraillait de l'intérieur, son coeur si pur perdant un peu plus de son éclat à chaque fois qu'elle l'entendait. Mais elle l'avait dit. Elle devait savoir. Elle devait être sûre que ce n'était qu'un étranger, un vague sosie, simplement un mauvais souvenir qui la hantait. Que ce n'était pas lui. Elle voulait en avoir le coeur net.
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MessageSujet: Re: and who will give me comfort, when it's cold / deva   and who will give me comfort, when it's cold / deva EmptyLun 15 Jan 2018 - 13:18

Sa voix brisait le silence, claire, douloureuse. Elle percutait ses côtes pour s'infiltrer dans sa poitrine. Joaquin cessa d'avancer – parce que le monde semblait s'écrouler à chaque pas. Il serra les paupières, malade, fébrile. Oh, il aurait tant aimé prendre la fuite, encore. Courir à en perdre haleine, loin, si loin. Disparaître dans le brouillard, disparaître toujours, jusqu'à ce que les cicatrices ne soient plus. Les siennes, celles des autres. Mais il restait figé sur place, retenu par la voix terrible de celle qui avait toujours tendu la main. L'ordre était silencieux, crié dans les poussières, entre les silhouettes – et lentement, il fit demi-tour, le dos courbé, les poings serrés. Il était trop tard. Du regard, il dessinait les fissures du goudron. S'il levait les yeux, il admettait une défaite implicite. L'éternité se déroulait entre leurs deux silhouettes. Là-bas, elle attendait. Deva. Son parfum embaumait le monde entier. Et il n'arrivait pas à avancer – figé dans un moment qu'il ne reprendrait jamais. Un instant volé par la force des mots, par la force de l'attraction qu'on avait tenté d'oublier. Et il souffla doucement, glissant sur le trottoir pour franchir les quelques mètres du vide qui les séparaient. Et il releva un visage terni par la douleur – puis il sourit. Parce que peut-être, s'il souriait assez grand, elle ne verrait pas les fractures entre ses côtes, et le noir de ses yeux. L'océan sans fond de son regard, dans lequel il suffoquait depuis si longtemps. Il trompait le monde entier d'un sourire rassurant. Comme on le lui avait appris. Les faiblesses n'existaient pas – il n'avait pas le droit de les reconnaître. Alors il sourit, et releva le menton, redressa les épaules. - Deva, souffla-t-il, le cœur martelant, la gorge nouée. Elle était si belle, les boucles dansant au gré des brises, qu'il en oublia, l'espace d'un instant, qu'il était jamais parti. Puis, dans un battement de cils, elle n'était déjà plus la même. Elle était triste – et en colère. Il lisait dans les lignes de son visage, il lisait les terreurs de la nuit et les rêves piétinés. Elle l'avait attendu, il savait. Et il avait mal, terriblement mal, de la penser éveillée pendant des jours, à attendre un retour qui n'arrivait pas. Il était parti pour la sauver. Pour se sauver lui-même. Il n'aurait jamais pu. Pas sans elle. Pas avec elle. - Je voulais pas… Il s’essoufflait déjà. Il n'aurait jamais dû revenir – elle aurait appris à vivre sans lui, elle aurait trouvé le confort ailleurs. Elle aurait été heureuse, et il aurait fini par mourir. - Je devrais pas être ici. Et tu n'aurais pas dû me voir, avoua-t-il dans un murmure, le regard s'accrochant aux contours de ses boucles, mais jamais à ses yeux. Parce que c'était là qu'il trouverait les réponses, les accusations et les vérités. Et il n'était pas prêt.
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MessageSujet: Re: and who will give me comfort, when it's cold / deva   and who will give me comfort, when it's cold / deva EmptyLun 15 Jan 2018 - 16:48

L’espace semblait s’être figé un instant, seuls les passants continuaient leur chemin après le cri de Deva, ce désespoir qui l’avait prit aux tripes, incapable de rester silencieux, pour finalement sortir sans qu’elle n’en ai le moindre contrôle. Il s’était arrêté aussi, l’inconnu qui semblait l’observer, le fantôme d’un amour passé, la vision de celui qu’elle voulait à la fois revoir pour l’aimer, et détester avec tout ce qu’elle avait en elle. L’instant était trop long, trop lent. Rien ne semblait se passer. Mais il finit par se retourner, lui faire face. Lui. Deva l’observait, incapable du moindre geste, de la moindre parole. Paralysée par cette vision, ce fiancé qu’elle croyait bien loin, maintenant. L’instant fut encore un peu plus long, leurs deux corps immobiles, le silence les entourant. Puis il avança, péniblement, tant que Deva dû prendre sur elle pour ne pas, à son tour, prendre la fuite. Mais il en était hors de question. Elle n’était pas comme ça, elle. Elle ne prenait pas la fuite à la moindre difficulté. Elle ne brisait pas le coeur de ceux qui l’aimaient. Elle ne disparaissait pas telle une ombre à la tombée de la nuit, ne laissant rien d’autre que des ruines derrière elle. Elle n’était pas comme lui. Son sourire, pourtant, lorsqu’il arriva au niveau de la jeune femme, aurait put la faire flancher. Ce sourire lui avait tant manqué. Il avait beau briller bien moins que dans ses souvenirs, il lui rappelait malgré tout tant de bons moments, tant de joie à ses côtés, dans ses bras, près de lui. Mais Deva ne sourit pas. Elle tentait encore de remettre les choses en ordre, cherchant les pièces manquantes dans sa mémoire, pour réussir à comprendre le pourquoi du comment. Pourquoi il était parti. Pourquoi il était revenu. Comment pouvait-il être face à elle après deux longues années, juste là. Sa voix finit par souffler son prénom, de quoi la rendre encore plus faible qu’elle ne l’était déjà. Ses yeux n’avaient pas quitté le visage de l’homme une seule fois, contrairement aux siens, qui semblaient l’éviter. C’est tout ce qu’il savait faire. Éviter la confrontation, éviter les problèmes. Silencieuse, la serveuse attendit patiente, des excuses, des explications, un quelque chose qui ferait qu’elle pourrait, éventuellement, tenter de le pardonner et de lui parler, pour comprendre. Elle voulait comprendre. Mais les mots qu’il finit par marmonner étaient bien loin des excuses qu’elle attendait. Elle n’aurait pas dû le voir. Ses sourcils se froncèrent à cette réponse bien loin d’être suffisante aux yeux de la douce. Sa main alla se claquer sur sa joue sans qu’elle ne sache comment, et elle en eu un mouvement de recul en entendant son bruit, surprise par cette agressivité qu’elle ne se connaissait pas, cette colère qui engendrait à sa façon une forme de violence envers l’homme qui l’avait tant fait souffrir, mais pour qui son coeur n’avait jamais cessé de battre. Les lèvres entre-ouvertes par la surprise, Deva fut tenter de s’excuser pour son geste, mais elle renonça. Pas à lui. Pas après ce qu’il lui avait fait subir. — Tu ne devrais pas être ici ... — Elle répéta sa phrase, n’étant pas bien sûre de pouvoir en comprendre le sens, la voix basse, un semblant de tranquillité alors que dans son esprit, tout s’entrechoqué. Le mélange entre les émotions et les faits la fit se sentir légèrement étourdie un instant, mais en détournant le regard, la brune eu finalement de quoi reprendre de la contenance, relevant ses yeux vers celui qui évitait constamment les siens. — C’était toi. J’ai cru que je perdais la tête, mais c’était bien toi, à la vitrine. — Sa voix était toujours posée, une bombe à retardement, un calme qui enfermait bien trop d’émotions qu’elle avait tenté de cacher et d’oublier, tout ce temps. Mais là, devant lui, elle sentait la fissure de son coeur et de son âme se réouvrir doucement, prête à craquer, prête à laisser tomber ce masque de femme forte qu’elle s’était construit au fil du temps. — Depuis quand ? Depuis quand est-ce que tu es rentré ? Depuis quand est-ce que tu m’observes alors que moi, moi je t’attends et j’espère que tu vas passer cette porte pour venir me voir. Ça fait deux ans que j’attends, Joaquin, que tu reviennes. Que tu reviennes pour moi. — Elle commença d’abord doucement ses premiers mots, avant que, finalement, le masque ne tombe, ses yeux se remplissant bien trop rapidement de larmes qu’elle tenta malgré tout de retenir, ses lèvres tremblantes, alors qu’elle se lança dans un semi-monologue qui témoignait de toute la peine qu’elle avait accumulé depuis qu'il l'avait laissé.
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MessageSujet: Re: and who will give me comfort, when it's cold / deva   and who will give me comfort, when it's cold / deva EmptyDim 21 Jan 2018 - 18:43

Il n'écrivait plus. Le papier se froissait sous ses doigts rugueux, s'imprégnait de l'odeur de l'alcool, du goût du chagrin. Sans elle il n'était plus qu'un ivrogne au passé glorieux et oublié. L'ombre d'un homme qu'il avait été – qu'il aurait pu être. Doucement, il souffla dans l'air de l'hiver. Il s'imprégnait des silences, tendait l'oreille, espérant rencontrer les battements de son cœur, et s'y accorder de nouveau, pour calmer ceux du sien. Mais jamais il ne relevait les yeux – la honte était trop terrible. Et soudain, ses doigts fins s'écrasaient sur sa joue, et le monde repris une course folle qui l'étourdit un peu plus. Il la regardait enfin, surpris, il voyait l'étonnement dans ses doigts suspendus, le chagrin dans ses yeux noirs. Il se perdait dans la ligne de ses pommettes, la droiture de son nez. Elle était si belle que son souffle se brisait entre ses côtes. Il l'aimait encore – il l'aimait toujours. Il battit des cils en agrippant son cœur à sa voix douce, fronça les sourcils un instant. Et il retenait sa respiration affolée, espérant secrètement que ce moment ne disparaîtrait jamais. Qu'il pourrait rester suspendu dans l'ombre de sa silhouette. Qu'il pourrait l'aimer en silence, en peine, et qu'elle serait toujours là, en colère, mais là. Alors la réalisation fut brutale, d'une violence inouïe, lorsque Deva projetta enfin sa haine et ses reproches. Il le méritait – il le savait. Mais les mots étaient brisés par les chagrins, ils s'envolaient dans les aigus pour retomber en murmures, alors ils étaient plus douloureux encore qu'il n'aurait pu l'imaginer. Il serra les poings au fond de ses poches, les épaules abattues par la peine, les épaules secouées par l'envie de la serrer dans ses bras, d'attraper ses larmes avant la chute. Mais c'était lui, qui tombait avant le reste. Il aurait tant aimé lui dire, crier à l'aide, supplier qu'elle pardonne. Il n'avait plus le sourire assuré pour cacher ses terreurs. Il ne dormait plus, parce qu'elle hantait chacun de ses rêves. Parfois, il la voyait entre les voiles des rideaux, il murmurait son nom, et elle disparaissait aussitôt. Il tendait toujours le bras, forçant ses paupières ouvertes pour ne pas risquer de la voir s'envoler. Mais elle partait toujours, car il l'avait abandonnée. - Je suis pas… souffla-t-il entre deux battements de cœur. Il n'était pas le même homme – il n'était pas l'homme qu'elle avait aimé, celui qu'il voyait encore sur les photos, celui qui avait posé un genou au sol parce qu'il était certain. Joaquin se racla doucement la gorge, frottant nerveusement sa barbe trop épaisse. Il y avait tant à dire, pourtant il restait silencieux. Elle ne devait pas savoir, qu'il était devenu le monstre dont il avait eu si peur enfant. Qu'il brisait les meubles dans des terreurs nocturnes. Qu'il avait des bagarres puériles dans des bars bondés pour qu'on le cogne jusqu'à ce qu'il ne ressente rien. - Je suis rentré il y a quelques jours – ou quelques semaines, il ne savait plus, il n'avait jamais su. Deux ans avaient semblé une éternité, planqué dans la pièce sombre qu'il n'avait jamais pu appeler chez lui. - J'aurais jamais dû revenir. Et tu ne devais pas m'attendre, murmura-t-il en fixant le noir de ses iris. - Deva, tu ne devais pas m'attendre. Puis, d'une lenteur terrible, il glissa le regard jusqu'à ses doigts, et le vide à sa main gauche. Elle ne portait plus sa bague.
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MessageSujet: Re: and who will give me comfort, when it's cold / deva   and who will give me comfort, when it's cold / deva EmptyLun 29 Jan 2018 - 16:57

Les idées s’entrechoquaient dans la tête de la brunette. Aucune émotion n’était semblable à celle qu’elle ressentait, à ce moment-là. Le mélange de colère et de tristesse, d’abandon, de questionnement, avec une pointe de soulagement. Il était revenu. Il était là. Combien de fois Deva avait-elle imaginé son retour, avant de se résoudre à croire qu’il était parti pour de bon. Elle avait dû se forcer, à y croire. Elle l’aimait bien trop pour cesser d’espérer, pourtant, qu’il reviendrait sur sa décision, un jour. Elle regretta son geste immédiatement. Elle n’était pas comme ça, la petite serveuse, à agir plutôt que parler. Elle aimait s’expliquer avec des mots bien plus qu’avec ce genre de gestes violents teintés de chagrin. Et pourtant, elle n’avait pas pu le retenir, ce geste. Il le méritait sûrement. Elle devait se convaincre qu’il le méritait. Le silence aurait pu la rendre folle, mais les mots qu’il fini par prononçer n’eut pas meilleur effet. Un coup de poing dans l’estomac, un coup de poignard en plein coeur. Elle n’arrivait pas à croire qu’il était là, mais pas pour elle. Il était revenu sans pour autant venir s’excuser à elle, sans pour autant venir récupérer sa fiancée. Deva s’en sentait presque idiote, et elle ne tarda pas à craquer, ses sanglots se mélangeant à ses reproches, son coeur lourd ne pouvant départager le chagrin et tout ce qu’elle avait voulu lui dire, ces deux dernières années. Toutes ces questions qu’elle s’était posées, se remettant en question, encore et encore, pour comprendre la décision que Joaquin avait prit. Il l’avait brisé au plus profond de son être en la quittant de la sorte, la laissant sans raisons valables, l’esprit plein de scénarios où elle était toujours la fautive. Elle voulait savoir, Deva. Comprendre. Et pourtant, l’homme restait là, silencieux. Sans excuses, sans explications. Quand quelques mots sortirent finalement de ses lèvres, la brune écouta attentivement, s’imprégnant de chacun d’eux, de leurs sens et de leurs sonorités, de sa voix si familière et pourtant presque effacée de sa mémoire, juste pour chercher un quelque chose, juste pour comprendre. Elle s’attarda pourtant sur la dernière phrase, qu’il répéta, pour s’assurer qu’elle en comprenne le sens. Elle ne devait pas l’attendre. Elle le savait. C’était la seule chose qu’il avait bien voulu lui écrire, quelques mots griffonnés sur un papier, un ironique rappel à la façon dont il l’avait quitté. — Ça ne marche pas comme ça, Joaquin. — Son nom, elle avait encore du mal à le prononcer. Il lui serrait le coeur et brulait la gorge, depuis qu’il était parti, encore plus depuis qu’il était revenu. — Tu ne peux pas quitter quelqu’un qui t’aime du jour au lendemain et t’attendre à ce qu’elle puisse refaire sa vie du jour au lendemain. — Elle ne l’avait pas attendu, Deva. Elle avait simplement attendu que les blessures de son coeur lui fassent moins mal, pour pouvoir avancer, pour pouvoir se reconstruire. En deux ans, ce moment n’était pourtant jamais venu. Pas une seule fois avait-elle pu envisager tourner la page de leur histoire, ou envisager de se débarrasser des objets qui lui rappelaient l’homme qu’il était, lorsqu’il était avec elle. Elle n’avait même pas tenté d’oublier les souvenirs, les chérissant plutôt comme des reliques de leur amour, se les remémorant tous les soirs, seule dans son lit, lorsqu’il lui manquait un peu plus que la nuit d’avant. — Il n’y a pas une seule journée où je n’ai pas pleuré à cause de toi. — Pensait-il vraiment qu’elle avait pu simplement oublier tout ce qu’ils avaient traversé, tout ce qu’ils avaient vécu ensemble, et toute la peine que son départ avait engendré chez la Mansfield ? Elle avait du mal à imaginer ne serait-ce que l’idée de vivre aujourd’hui une vie où Joaquin n’hante pas chacune de ses pensées, chacune de ses toiles, chacune de ses nuits. Il était une constante dans sa vie, et depuis son départ, c’était son absence qui avait remplacé cette constante, et les larmes qui l’accompagnait.
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MessageSujet: Re: and who will give me comfort, when it's cold / deva   and who will give me comfort, when it's cold / deva EmptyJeu 1 Fév 2018 - 21:47

Le vent frappait son visage. Mais il ne ressentait rien – rien que la douleur dans sa poitrine, le vide lancinant qui menaçait d'aspirer ce qu'il restait de lui, d'eux. Il détestait tout, les cassures de sa voix et les expressions de ses traits, et la lueur dans ses yeux noirs, l'espoir qu'il lui reviendrait peut-être. Il aurait tant aimé, Joaquin, glisser ses doigts sur la peau de sa nuque, toucher ses cheveux et sentir son parfum. Le sol s'enfonçait sous ses pieds, et il tombait, tombait, en silence, invisible, la chute était infinie et invisible. Il cligna des paupières, les mâchoires serrées, les ongles enfoncés dans ses paumes. Il n'avait pas le droit d'être là, d'empêcher ses blessures de guérir, parce qu'il était trop faible et trop égoïste. Il avait besoin de la voir. De s'accrocher à un regard, un sourire, quelque chose qui apaiserait ses peines. Elle semblait si grande, au-delà des vitres du restaurant. Lorsqu'il l'observait en secret, la respiration bloquée dans sa gorge. Mais elle était devant lui – petite, fragile, il avait brûlé tout ce qu'ils avaient été, et il revenait écraser les dernières cendres. D'un geste nerveux, il glissa ses deux mains sur son visage, insensible à la rugosité de ses doigts, à la froideur de sa peau. Il ne ressentait rien. Et Deva pleurait. Il avait besoin d'un verre – besoin de disparaître dans les effluves de l'alcool, de noyer ses erreurs pour toujours. Il souffla doucement, les traits tirés, la voix enrouée. Les mots se coinçaient dans sa gorge, se battaient sur sa langue – mais il ne parlait pas. Pas d'excuses, pas d'explications. Un silence terrible, brouillardeux, dans lequel il espérait secrètement qu'elle entende ses appels à l'aide. C'était si naïf, si injuste, d'attendre tant de celle qu'il avait brisé de quelques mots. Il n’y a pas une seule journée où je n’ai pas pleuré à cause de toi. Son souffle s'échappa d'entre ses lèvres, bref, brutal, l'effet d'un coup dans les côtes. Il tremblait jusque dans la pulpe de ses doigts – il tremblait de colère, de haine. Il haïssait ce qu'il était devenu, l'épave de l'homme qu'il avait été, le fils qu'il n'aurait jamais voulu être. - Deva… Ses doigts s'emmêlaient dans ses cheveux trop longs et trop sales, ses ongles griffant la peau de son visage. Ses gestes étaient fébriles, incontrôlés. Il ne pouvait pas la toucher, mais il en crevait d'envie. - Je peux pas… Je suis désolé. Je suis tellement désolé d'être venu, c'était pas… J'avais besoin de te voir, mais tu ne devais pas… Tu n'aurais pas dû me voir. Jamais. Son cœur s'affolait entre ses côtes, criait l'alerte à chacun de ses muscles. Les larmes ne venaient pas – ses yeux étaient secs, douloureux. Il ne pleurait pas – il ne pleurait plus. - Je peux pas rester ici. Je peux pas rester avec toi. Je peux pas. Ne pleure pas. Ne pleure pas pour moi. Ses mains étaient liés contre ses lèvres, le regard fuyant, s'attardant sur les détails des passants, la hanse d'un sac à main, les pendants d'une boucle d'oreille. Puis, dans une inspiration lente, il se redressa, fixant son regard sur ces traits qu'il connaissait par cœur. Et avec toute la force dont il était capable, il ordonnait à ses yeux de crier le pardon. Il leva un bras faible pour effleurer sa joue du bout des doigts. Et il sourit – un sourire faible, et triste, l'esquisse des douleurs qu'il s'était infligé. - Il faut que je m'en aille, Deva. Parce qu'il n'était pas celui qu'elle attendait. Il n'était pas celui qu'elle pleurait dans les lueurs de la Lune. Il n'était plus rien.
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MessageSujet: Re: and who will give me comfort, when it's cold / deva   and who will give me comfort, when it's cold / deva EmptyVen 9 Fév 2018 - 16:24

Le silence de l'homme l’assourdissait. Deva se sentait répéter les mêmes choses, encore et encore, avec des mots différents à chaque fois. Pourtant, tout ce qu’elle disait revenait à la même chose. La façon dont il l’avait blessée, brisée. Elle ne savait pas quoi dire de plus, de différent, face à toutes les vieilles blessures qui se rouvraient une à une alors qu’elle se trouvait devant lui. Joaquin restait silencieux, trop silencieux, assez pour qu’elle compense en continuant de parler, Deva. Elle enchainait les mots, les phrases, incapable de s’arrêter. Elle voulait lui faire comprendre, elle voulait qu’il voit ce qu’elle était devenu, à cause de son départ, de la façon dont il avait abandonné. Et malgré tout, elle se sentait perdre le contrôle, à la fois de ses émotions et des mots qu’elle lui crachait à la figure avant d’y avoir réellement réfléchi. Elle arriva finalement à s’arrêter, un long soupir brisé s’échappant de ses lèvres tremblotantes alors qu’elle prit une minute pour regarder tout autour d’eux. Tout sauf lui. Le monde ne s’était pas arrêté. Les clients continuaient d’entrer et sortir du restaurant, alors que d’autres se contentaient d’arpenter les rues, comme si de rien n’était. Ils n’étaient pas touché par ce drame, eux. Ils ne ressentaient pas cette douleur dans la poitrine, bien trop vive, qui donnait envie à la brune de s’écrouler et de pleurer toutes les larmes de son corps. Non, le reste du monde continuait de tourner, et pendant un instant, elle les envia. Si les moments aux côtés de Joaquin avaient toujours été magiques, Deva n’avait jamais su choisir s’ils valaient toute la peine qu’elle avait ressenti, depuis qu’il était parti. Le son fini par s’échapper des lèvres de l’homme qui se tenait face à elle, la gorge serrée, et elle n’eut d’autre choix que de le regarder lorsqu’il prononça son prénom une nouvelle fois. Deux années, elle en avait presque oublié la beauté de ce nom qu’elle entendait tous les jours, lorsqu’il était dit par l’homme qu’elle avait aimé plus que tout. Qu’elle aimait encore, plus que tout. Les excuses s’en suivirent, mais ne furent pas assez pour apaiser la colère et la tristesse que ressentait la petite serveuse. Elles ne faisaient que raviver ces sensations, l’envie de se laisser aller aux sanglots reprenant le dessus alors qu’elle essayait de se débattre. Il avait beau avoir changé, il restait Joaquin. Son Joaquin. Et à chaque mot qu’il prononçait, elle était un peu plus partagée, entre l’envie de s’enfuir, s’échapper pour ne plus jamais le revoir, ou le besoin de le garder proche d’elle, de ne plus jamais le laisser hors de son champs de vision. Était-elle prête à le perdre à nouveau ? Peut-être pour toujours ? Lui ne semblait pourtant pas vouloir rester là. Les lèvres tremblant encore, et elle savait bien que ce n’était pas à cause du froid, elle finit par lui répondre lorsqu’il clamait devoir partir. — Va-t-en. — C’est tout ce qu’elle arriva à dire, le coeur trop lourd et l’esprit trop chamboulé pour savoir ce qui valait la peine d’être dit, une nouvelle fois. La façon dont elle avait souffert à son départ, jusqu’à aujourd’hui, perdant tous les jours un peu plus l’espoir de le revoir un jour. Elle ne pouvait plus lui parler, pas aujourd’hui. Elle ne savait plus où elle en était, se sentait perdue plus que jamais, entre ce que lui criait son coeur et sa tête, entre les fantômes encore trop présents des sentiments qu’elle avait à son égard, et la trahison encore trop fraiche pour être pardonnée. Il lui fallait du temps. Elle savait, pourtant, au fond d’elle, que le voir repartir signifier peut-être ne plus le voir pour les prochaines deux ou trois années. Il était devenu maitre dans l’art de disparaitre. Mais elle en prendrait le risque s’il le fallait. Elle était incapable de faire sens en cet instant, trop troublée par son retour, ses mots, trop blessée par les questions sans réponses qui se dédoublaient dans un coin de sa tête, et qu’elle n’avait pas le courage de lui poser, sachant qu’il n’aurait pas les réponses qu’elle cherchait. Elle devait le laisser partir, même si cela voulait dire le perdre à nouveau.
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