i hear you coming what can i do to drown out this drumming ♔ Être sur scène devant des dizaines de personnes n’aurait sans doute pas du effrayer Liz. Après tout, elle avait déjà performé devant des foules plus nombreuses que celle qu’il y avait à ce gala et pourtant, faire un speech était une toute autre histoire que de donner vie à un personnage. Prenant une grande inspiration, elle traversa la scène et se rendit jusqu’au micro, attendant un moment avant de parler. Son regard scanna l’auditoire, ces donateurs généreux qui contribuaient à faire de cette communauté un endroit plus accueillant pour les enfants vivant avec des handicaps divers, et elle profita de ce moment pour réviser en vitesse ce qu’elle dirait au cours des prochaines secondes. Lorsque les invités se turent, qu’elle remarqua des dizaines de paires d’yeux rivés sur elle, elle prit parole, remerciant avant toute chose les gens de s’être déplacés en si grand nombre et de s’être montrés aussi généreux encore une fois cette année. C’était sans doute ridicule, et après avoir organisé quelques galas déjà, elle devrait bien savoir que l’on répondait toujours à l’appel, mais elle craignait toujours de se retrouver seule, que les gens ne s’intéressent pas à la cause dont elle faisait la promotion. Alors, ces mots qu’elle prononçait venaient vraiment du cœur. Elle remercia également les gens qui avaient permis de mettre ce gala en place, sa fidèle équipe et ses collaborateurs avec qui elle travaillait depuis quelques années déjà, de même que les commanditaires qui avaient également contribués d’une façon ou d’une autre au bon fonctionnement du gala, à l’approvisionnement en nourriture et en boisson – le champagne semblait faire fureur parmi les invités remarqua-t-elle, la majeure partie des invités en avaient une coupe à la main – et remercia également ceux qui avaient donnés objets et prix à mettre aux enchères, parce que sans eux, il faut dire, il n’y aurait sans doute pas eu de gala. Sans incitatif, les gens ne seraient sans doute pas aussi généreux – peut-être même n’oseraient-ils pas donner. Enfin, elle n’était pas dans la tête de ces gens riches qui avaient plus d’argent qu’elle ne pourrait jamais rêver d’avoir.  Elle savait que certains donnaient sans avoir misé sur quoi que ce soit, après quelques années, elle commençait quand même à connaitre les donateurs, du moins, ceux qui étaient présents à chaque fois, mais à chaque fois, une petite partie d’elle ne pouvait que douter du résultat final de la soirée.

Une fois son discours terminé, Liz quitta la scène et alla se mélanger à la foule. Elle n’était pas très à l’aise, parmi tous ces gens pour qui ces galas et ces habits étaient chose habituelle. Pour elle, c’était une expérience qui n’arrivait qu’une fois par année, un truc exceptionnel qu’elle préparait des mois à l’avance. Il faut dire, avec un enfant à sa charge, il était bien rare qu’elle prenne le temps de se maquiller et en règle générale, elle privilégiait le confort de ses vêtements et leur aspect pratique à leur style et leur relation aux tendances du moment. Et puis, marcher en talons hauts, ce n’était pas sa plus grande force, elle qui avait toujours l’impression qu’elle terminerait la soirée aux urgences avec une cheville foulée. Mais ce soir, plus que les autres soirs, elle se sentait comme une princesse. La robe qu’on lui avait prêté pour la soirée – son budget ne lui permettait pas vraiment de s’offrir un tel luxe – lui donnait l’impression d’être une princesse. Si la réalité ne la remettait pas à sa place dès l’instant ou elle rentrait chez elle et voyait Kate qui dormait paisiblement dans le salon – sans doute qu’elle tentait de rester éveillée pour voir sa mère avant d’aller dormir, mais échouait toujours – il était possible qu’elle vienne à prendre gout à tout ça. Juste de temps à autre, se permettre une journée ou les jeans et les vêtements pratiques n’étaient pas de mise, ou elle pourrait prendre le temps de se peigner plutôt que d’opter pour la queue de cheval parce que c’est plus rapide et que ça dégage son visage. Légèrement perdue dans ses pensées, on la tira rapidement de ses rêveries lorsqu’on s’adressa à elle, la félicitant du succès de la soirée et du montant total qu’on supposait déjà très généreux, malgré qu’il serait connu seulement lorsqu’ils auraient cumulés tous les dons, soit dans les prochains jours. Elle sourit et remercia l’homme pour son don tout en lui serrant la main. C’était la parade qui débutait et les compliments pour le succès de la soirée se succédèrent, tout comme les poignées de main. Entre deux félicitations, Liz alla se chercher un verre de champagne – après tout, elle pouvait très bien profiter de la soirée, elle aussi – et retourna à ses obligations. Entre deux poignées de main, Liz cru apercevoir de l'autre côté de la salle, Matthew, chose qu'elle savait impossible puisqu'il vivait à Londres et qu'il devait être en train de se produire à cette heure-là. Sans doute était-ce quelqu'un qui lui ressemblait et son imagination s'amusait à lui jouer des tours. Elle chassa cette pensée et continua son travail.

i hear you coming what can i do to drown out this drumming ♔ Cela faisait quelques semaines que tu étais arrivé à Brighton et toi qui pensais te reposer, tu étais bien loin du compte. Ta mère avait trouvé mille et une excuses pour te sortir de ce modeste appartement que tu louais pour quelques mois, le temps de te remettre complètement de ton bras cassé. Car même si le plâtre allait tomber dans deux semaines très probablement, il allait te falloir faire de nombreuses séances de kiné avant de pouvoir porter Lena pour le porter final de Dirty Dancing. Cela faisait longtemps que tu n’avais pas arrêté de te produire sur une scène et après deux semaines de sevrage complet, cela te manquait. Tu avais toujours su que c’était une drogue et tu t’en rendais compte aujourd’hui. Enfin, quand tu avais le temps de te poser. Car ta mère, bien occupée par son travail avait trouvé judicieux de t’envoyer en tant que représentant dans diverses actions associatives. Bon, cela ne te dérangeait pas vraiment car tu avais toujours aimé donner de ton temps pour aider les autres mais tu avais aussi besoin de te poser de temps en temps. Voilà pourquoi tu avais fini par rentrer chez toi après une journée passée au milieu d’animaux dans un refuge pour prendre une bonne douche et te poser devant Netflix. Tu appelleras Lena dans plusieurs heures une fois que la représentation sera terminée pour prendre de ses nouvelles. Elle te manque terriblement, c’est hallucinant comment vous étiez devenus indépendant. Mais bien sûr, c’était trop demander à ta mère que de te laisser en paix car à peine sorti de ta douche, tu entendis des coups frappés à la porte et ta mère magnifiquement apprêtée jeta un œil à ton jogging avant de dire : « Ce n’est pas une tenue pour un gala jeune homme. » Tu levais un sourcil. « Quel gala ? » Tu ne te souvenais pas d’avoir noté quoi que ce soit dans ton programme pour ce soir mais bien sûr ta mère avait vu les choses autrement. « Un gala pour les enfants ayant un handicap. Ton frère m’accompagnait avant mais … Allez, zou ! » Dit-elle en te poussant vers ta chambre. Ah ton frère … De plus belle réussite de la famille, il était passé en quelques secondes à pourriture qu’on traîne dans la boue. Heureusement pour toi, personne n’avait fait le lien, tu ne t’affichais plus avec ta famille depuis bien longtemps. Tu te préparais donc le plus rapidement possible enfilant ton costume, les chaussures qui vont avec et en veillant à ta coiffure.

Une fois prêt, vous prîtes la direction du gala de charité qui battait déjà son plein quand vous arrivâtes. Tu suivais ta mère tranquillement la laissant faire la conversation à tout le monde, semblant connaître chaque personne présente, demandant comment allait tel ou tel enfant. C’était surprenant de voir la mémoire qu’avait ta mère pour tous ses détails mais la vérité c’était qu’avec ton père elle n’avait pas eu le choix. Et même si elle avait détesté cette vie, elle en gardait naturellement des restes. Tu prenais une coupe de champagne écoutant d’une oreille distraite la conversation qu’entretenait ta mère avec l’homme en face d’elle. « C’est Elizabeth Hale qui s’est occupée du discours de ce soir. Vous savez à quel point elle est impliquée dans notre association. » Tu laissais ta mère lui répondre sans trop écouter car … Elizabeth ? Si tu ne te trompais pas, c’était bien le nom de ton Elizabeth mais c’était impossible … Non ? Tu n’eus pas le temps de trop réfléchir car toutes les lumières se tournèrent vers la scène où Elizabeth fit son apparition. Cela faisait quatre ans que tu ne l’avais pas vue et elle était toujours aussi magnifique que dans tes souvenirs. Tu écoutais attentivement son discours, incapable de détacher tes yeux de la jeune femme qui occupait souvent tes pensées mais le discours prit fin bien trop vite et tu te devais aller chercher un verre pour ta mère. Ce que tu fis. Ton regard croisa rapidement celui d’Elizabeth alors qu’on la félicitait mais elle détourna la tête, presque comme si elle ne t’avait pas reconnu. Tu ne pus t’empêcher d’être déçu mais ta mère finit par te dire : « Il est temps d’aller féliciter l’organisatrice de ce bel événement. » Et c’est vers Elizabeth qu’elle se dirigea. Tu la suivis sans un mot et tu laissais ta mère faire la conversation dans un premier temps. « Miss Hale ! Vous vous êtes surpassée comme toujours ! C’est un plaisir cette année encore de contribuer à une si noble cause. » Ta mère avait un don pour le small talk, c’était indéniable. « Je vous présente mon fils Matthew qui vient s’installer à Brighton pour quelques temps. » Tu savais que ta mère espérait que tu allais rester à Brighton pour toujours mais les productions étaient malheureusement toutes à Londres. « Comment vas-tu Lizzie ? » Lui demandas-tu utilisant ce surnom que tu lui avais rapidement donné. « Félicitations, c’était un très beau discours. Une belle performance. » Lui dis-tu avec un clin d’œil.

i hear you coming what can i do to drown out this drumming ♔ Elle les vit s’approcher du coin de l’œil et tout à coup, elle ne portait plus attention à ce qu’on lui disait, à cette femme qui discutait avec elle. De toute façon, après les félicitations, c’était toujours des conversations sans fond qui suivaient et ce genre de discussions n’intéressait pas Elizabeth plus que ça. C’était ce qu’elle détestait surtout de ces soirées-là, les banalités. Et puis, ce qui avait capté son regard était bien plus intéressant à ses yeux. C’était donc bien Matthew qu’elle avait vu, seulement quelques minutes plus tôt. Son Matthew. Celui qu’elle n’avait pas vu depuis quatre ans, auquel elle n’avait parlé que par le biais des réseaux sociaux, qu’elle croyait être à Londres en ce moment même. Un large sourire se dessina sur son visage tandis qu’elle remercia encore une fois son interlocutrice avant de boire une gorgée de champagne. Elle n’était pas fervente d’alcool de façon générale, mais elle savait que dans des situations sociales comme cette soirée, le simple fait d’avoir un verre à la main, quand bien même n’en boirait-elle qu’une seule gorgée, était bien vu. Elle savait que les apparences comptaient pour beaucoup. Son patron s’était chargé de lui faire comprendre lors du premier gala dans lequel elle était impliquée. Depuis, elle n’avait plus fait l’erreur de refuser un verre qu’on lui avait offert et n’avait pas non plus passé une seule soirée sans un verre à la main.

Son regard se posa sur la mère de Matthew lorsqu’elle s’adressa à elle, un sourire au visage. Merci beaucoup, Madame Potter. Et merci à vous pour la contribution, très appréciée comme toujours. Répondit Liz, sincère. Après tout, la cause qu’elle représentait lui tenait tout particulièrement à cœur. Certes, les dirigeants de l’association savaient que sa fille était sourde, que c’était là une grande source de motivation pour elle et la raison pour laquelle elle était si impliquée, mais ce n’était pas quelque chose qu’elle racontait à tous, qu’elle aimait exposer au grand jour. Je vous présente mon fils Matthew qui vient s’installer à Brighton pour quelques temps. Elle regarda Mattehew d’un sourire complice. Ce qu’elle était heureuse de le retrouver. Il fallu un moment à son cerveau pour comprendre tout ce que sa mère venait de dire, pour assimiler le fait qu’il resterait à Brighton pour un moment. Comment vas-tu Lizzie ? Ce que c’était bon de le revoir, d’être physiquement dans la même pièce que lui et de ne pas seulement parler à travers un écran. Matt! Quelle joie de te revoir. C’est sans doute là qu’elle réalisa qu’il lui manquait beaucoup plus qu’elle ne voulait l’admettre et que rien ne pouvait remplacer la présence d’une personne. Ça va mieux, maintenant que j’en ai fini avec ce discours. Répondit-elle à la blague, même s’il y avait tout de même un fond de vérité dans cette affirmation. Félicitations, c’était un très beau discours. Une belle performance. Elle le remercia également. Heureusement qu’elle ne laissait jamais les compliments lui enfler la tête parce qu’elle n’aurait sans doute pas pu quitter l’établissement ce soir. Modeste de nature, elle acceptait difficilement les belles paroles que l’on disait à son endroit, quand bien même elles étaient méritées. Et toi, comment vas-tu? À cet instant, lle se permit de le détailler un moment, restant silencieuse après sa question, à seulement le regarder de la tête au pied. Elle qui ne l’avait vu que dans des jeans et un t-shirt, se trouvait agréablement surprise parce que, dieu qu’il était beau dans ce costume. Qu’est-ce qui t’es arrivé? Demanda-t-elle en remarquant son bras en écharpe, les traits de son visage trahissant son inquiétude.