these will be the good old days
------------------------Les journées sont longues, parfois. Jasper le sent, il le ressent à chaque fois qu’il rentre dans sa maison vide. A chaque fois qu’il passe ses journées dans son atelier. Il soupire souvent, ne voyant pas le temps avancer. Il n’aime pas se lamenter sur son sort, le Goldstein. Mais ça lui arrive parfois, de vouloir tout abandonner, de déposer les armes et de partir loin de cette ville qui lui rappel tellement de souvenirs et de belles choses qui sont devenus si douloureux. Le soir tombait peu à peu sur la ville endormie, quand il reçut un SMS alors qu’il continuait à travailler dans son atelier. Nash. Il prit son téléphone portable, abandonnant toute activité. Boire un verre avec un vieil ami ? Ça pourrait sans nul doute lui faire du bien à Jasper. Certes, il s’était totalement refermé sur lui-même depuis la mort d’Ellie, il n’avait plus envie de voir qui que ce soit, pas même ses amis. Mais petit à petit, il respirait un peu plus. Notamment grâce à Ava. C’est donc avec plaisir qu’il accepta l’invitation de son vieil ami. Il déposa tout ce qu’il était en train de faire, ferma son atelier et se dirigea directement vers le The Black Dove. Bar qu’ils avaient l’habitude de fréquenter dans leur jeunesse. Plutôt ponctuel, Jasper arriva en premier. Il décida d’attendre son ami avant de commander quoi que ce soit.

La soirée promettait d’être… intéressante. Nash angoissait déjà, et il ne se trouvait même pas en compagnie de son grand ami, Jasper, et accessoirement, frère de Lula. Il lui avait proposé de passer une soirée en sa compagnie, pour rattraper le temps perdu, pour parler de tout et de rien. Le Kershaw savait que l’homme ne passait pas un bon quart d’heure, que son existence était plus difficile depuis la mort de sa Ellie. Il n’avait pas vécu la même douleur, à la mort de sa sœur, mais il pouvait comprendre le vide que cette perte lui laissait à l’intérieur. Il voulait être là pour lui, pour lui montrer qu’après la mort, la vie, elle continue pour ceux qui restent. Et qu’il est possible de continuer à avancer, sans toutefois oublier. Regardant sa montre, il lâcha un juron en remarquant l’heure plus avancé qu’il ne le croyait. Ce n’était point dans son habitude d’être en retard, mais ça risquait d’être le cas, pour une rare fois. Attrapant ses effets personnels, il quitta précipitamment son appartement en verrouillant derrière lui, pour, rejoignant la noirceur de la nuit tomber, il entreprit de marcher jusqu’au Black Dove, leur repère, leur quartier. Il était un brin essoufflé quand il arriva sur place, et sans grande surprise, il y retrouva Jasper qui l’attendait sagement assis au bar. – Jasp! Désolé du retard. – qu’il fit en s’approchant du principal intéressé, lui faisant une accolade des plus amicales. Il prit siège à ses côtés, déposant ses clés, qu’il tenait toujours dans ses mains, sur le comptoir. – Tu as l’air d’avoir meilleure mine que la dernière fois… Comment tu vas? – qu’il chercha à savoir, tâtant le terrain afin de s’assurer que son ami était enclin à recevoir des nouvelles qui risquait de lui déplaire.

Bien que Jasper soit le genre d’homme à arriver toujours en avance ou pile à l’heure, il n’était cependant pas celui qui s’impatientait si l’autre personne arrivait un peu en retard. Et connaissant Nash, il ne saurait tarder. C’était pour cette raison que Jasper décida d’attendre sagement, accoudé au bar. Jusqu’à ce que le bruit de la porte le fit sortir de ses pensées. Un léger sourire anima son visage à l’approche de Nash, et c’est amicalement qu’il répondit à l’accolade. — T’en fais pas. Je viens d’arriver. Jasper laissa Nash prendra place à côté de lui. Et puis il vit ce regard. Celui qu’il détestait tant voir sur les personnes connaissant le drame qu’il avait vécu il y a un an et demi de ça. Mais il ne lui en voulait pas, Jasper. Il connaissait Nash. Et ce depuis des années. Il savait que lui aussi avait connu un drame dans sa vie en perdant sa soeur. Mais la situation est différente, car Jasper a quant à lui, perdu son grand amour. — Oh, on fait aller, tu sais. dit-il simplement en haussant les épaules. D’un geste de main, il appela le barman. — Il y a des jours où ça va. D’autres jours, moins. ce qui était vrai. Parfois, Jasper pouvait facilement passer une bonne journée. Mais certaines étaient plus dures que d’autres. Encore plus à l’approche des fêtes. Car Jasper ce souvient à quel point c’était le moment préféré d’Ellie. — Et toi, comment vas-tu ? Un simple sourire amical se dessina à nouveau sur son visage. Cette soirée s’annonçait tranquille. Du moins c’est ce qu’il pensait en ce moment.

Nash n’avait pas cette vilaine habitude d’être en retard, mais il lui arrivait d’être distrait, comme n’importe qui, et de se perdre dans ses pensées. Du coup, ce soir-là, il se fit légèrement désiré, à son plus grand dam. Ce n’était que quelques minutes, mais quelques minutes de trop pour l’homme habituellement très ponctuel. Heureusement, Jasper ne sembla pas lui en vouloir. Il faut dire que ces retards, il pouvait les compter sur les doigts d’une seule de ses mains, tant ils étaient peu nombreux. – Tu me rassures! – Il rejoignit son bon ami en installant sur l’une des chaises qui longeait le bar, puis se tourna vers lui afin de lui demander s’il allait bien. Nul n’était son intention de le froisser, mais Nash s’inquiétait pour l’ainé des Goldstein. À vrai dire, il s’inquiétait constamment pour les gens qu’il estimait un tant soit peu. Son compagnon du moment lui assura d’un détaché que c’était bel et bien le cas, même si son humeur variait, d’une journée à l’autre. L’ancien musicien ne souhaite qu’une chose, et c’est de ne pas gâcher cette soirée. Autant pour lui que pour son ami. – Ça finira par passé… si ça peut t'aider. – laissa-t-il savoir à ce dernier, un sourire réconfortant naissant sur ses lèvres. Le barman s’approcha d’eux pour prendre leur commande et Nash en profita pour mentionner à Jasper que ce soir, c’est lui qui invitait. – Tu me revaudras ça plus tard. Ce soir, c’est ma tournée. – Ou comment tenter d’amadouer quelqu’un, leçon 101. Le serveur s’éloigna pour aller récupérer leur due et le blond frisé se permet enfin de répondre à son camarade de la soirée. – Bien, très bien à vrai dire. – Ce qui n’avait pas été totalement le cas depuis un bon moment. Même son boulot, qui détestait, lui paraissait moins pénible désormais. Peut-être parce qu’il savait qu’une fois la journée terminée, il allait pouvoir la retrouver.  Elle, sa Lula. Le sourire qui prenait place sur sa bouche s’effaça tout doucement, lorsqu’il pensa aux aveux qu’il aurait bientôt à faire à l’homme à ses côtés. Il n’avait aucune idée de la façon dont il pourrait réagir, mais Nash ne s’attendait pas à ce qu’il saute de joie en apprenant la nouvelle.

Jasper, il connaissait Nash depuis de longues années maintenant. Une amitié de longue date qui n’avait jamais été entravée par quoi que ce soit. Et même si pendant tout un moment, Nash était parti pour la capitale, ils n’avaient jamais perdu contact. Jasper ne compte ses amis que sur les doigts d’une seule main, et il sait qu’il a de la chance que Nash en fasse partie. D’ailleurs, son ami s’imposa pour lui offrir sa tournée. Et sur ce point, Jasper n’allait pas refuser. — Comme bon te semble. J’te revaudrai ça la prochaine fois. Lui dit-il en souriant amicalement. Son corps se détendit légèrement. Il baissa ses épaules bien trop crispées et arrêta de froncer constamment les sourcils. — Il paraît oui. Tu n’es pas le seul à me le dire. C’est qu’au fond, ça doit être vrai. Il eu un sourire en coin. Jasper avait confiance en Nash. Il savait que la mort de Saly n’avait pas été facile pour lui. Comme la mort d’Ellie n’avait pas été facile pour Ava. Leur chagrin n’était pas comparable, mais il se rejoignait tout de même. Jasper s’installa un peu plus confortablement sur son tabouret, s’accoudant au comptoir. Il écoutait son ami parler. Un ami qui visiblement allait bien. Même plus que bien. — Et qu’est-ce qui te rend de si bonne humeur ? Il était curieux, le Goldstein. Et au vu du sourire que Nash pouvait avoir sur les lèvres, il devait s’agir d’une fille. Il en était persuadé. — Au fait, t’as revu ma soeur depuis ton retour ici ? Lui demanda-t-il le plus innocemment du monde.

Les années qui passaient auraient pu affecter l’amitié que Nash et Jasper se portaient, la distance aussi, quand on y pensait. Pourtant, la relation qui unissait les deux hommes avaient su braver les épreuves du temps et ils aimaient à se retrouver, de temps en temps, pour discuter autour de quelques verres. Comme ce soir, justement. L’ainé ne rechigna pas à l’idée que le plus jeune des deux s’occupe de l’addition – qui se plaignait dans ce genre de situation, de toute façon? Il fallait en profiter quand ça passait. Mais le blond savait qu’il se devait de faire bonne figure avec son camarade, question que la pilule qu’il s’apprêtait à lui faire avaler passe sans trop de difficulté. – Elle te manquera toujours, comme Sally me manque aussi, mais… on finit par s’y faire. Et la vie continue. – ajouta-t-il à l’attention de ce dernier, avant d’hausser les épaules et de chasser ce sujet bien loin de leur tablée. Nash ne souhaitait pas voir son grand ami déprimé, et il espérait que sa visible bonne humeur aurait des répercussions sur lui, même si la cause, la véritable raison derrière ce sourire, risquait de lui causer quelques ennuis. Surtout avec Jasper. La curiosité du Goldstein l’emporta sur le reste, et il chercha à savoir la source de son bonheur. Seulement, il fut stoppé dans son élan quand, tout bonnement, l’homme chercha à savoir s’il avait revu sa sœur. Heureusement que la lumière tamisée de l’endroit camoufla la teinte blanchâtre que venait de prendre son teint. Nerveusement, il passa sa main dans sa nuque, un sourire nerveux marquant toujours ses lèvres. Le barman profita de ce moment pour apporter leurs verres, et quand l’homme s’éloigna à nouveau pour s’occuper des autres clients, Nash reprit la parole, avalant avec difficulté sa salive, en proie à un léger excès d’anxiété. – Bah, en fait… justement. – hésita-t-il quelque instant avant de continuer sur sa lancée. – Les deux sont… intimement liés. – Il scruta un moment le regard de son voisin, ne sachant plus sur quel pied danser. Mais la vérité devait sortir, il devait la lui dire. Plus il attendait, et pire ça serait. Prenant une grande respiration, cmme pour se donner du courage, il cracha enfin le morceau. – Disons qu'on s'est revus plus d'une fois, dans les dernières semaines. Et, hm... il se peut que nous ayons développés des sentiments l'un pour l'autre. – Il sentit enfin le poids de ce secret sur ses épaules s'évaporés au moment moment où il le livrait à Jasper. Pourtant, le malaise était flagrant, et il s'en mordait la lèvre inférieure, incertain de la façon dont réagirait le grand frère protecteur de sa belle amie.

Jasper avait simplement envie de profiter de sa soirée en compagnie de Nash. Pour une fois, il voulait arrêter de se morfondre sur son sort. Sur lui-même. Lula ne cessait de lui répéter de se changer les idées, d'aller de l'avant sans pour autant se brusquer. Il ne l'avait jamais écouté, se disant qu'il ne saurait jamais avancer. Jasper devait pourtant se reprendre en main. Il savait sur qui il pouvait compter. Et peut-être qu'après un an et demi de souffrance, il était peut-être temps d'avance. Doucement, mais sûrement. — Nash, la voix de la sagesse. Dit-il en émettant un léger rire amusé. La soirée continuait à se passer, doucement. Le serveur était venu prendre leur commande avant d'apporter leurs verres. Le remerciant poliment, Jasper avait simplement levé son verre en direction de Nash. — a cette soirée. Et merci à toi. Jasper porta sa boisson à sa bouche afin d'en boire quelques gorgées. Il ferma légèrement les yeux, dégustant son breuvage et laissant l'alcool lui brûler légèrement la gorge et lui réchauffer le corps. Nash répondit alors à ses questions. Et tout en buvant, il l'écoutait. Jusqu'à sa dernière phrase. Il était prêt à recracher sa boisson sur le serveur se trouvant face à lui. Il se retourna vivement vers son meilleur ami, déposant assez violemment son verre sur le comptoir. Il croyait rêver, Jasper. Avait-il mal entendu. Mais au vu du regard gêné de Nash, il était persuadé d'avoir bien compris ce qu'il venait de lui annoncer. Nash. Lula. Ensemble. Un silence s'installa entre eux. Il se pinça légèrement les lèvres, déposant une de ses mains sur l'épaule de son ami. Et tout en fronçant les sourcils, il se mit à lui répondre d'une voix grave. — J'en reviens pas. Il ne lâcha pas du regard son interlocuteur. — Lula est tout pour moi, Nash. Je pense que tu le sais. Et tu n’as vraiment pas intérêt à la faire souffrir. Car meilleur ou pas, je n'hésiterai pas à t'en coller une si un jour elle débarque chez moi en disant que tu lui as fait du mal. Il était sincère, Jasper. Cela pouvait s'entendre dans sa voix. Nash était blanc comme un linge, ce qui fit sourire l'aîné des Goldstein. Il ne lui en voulait pas. Pas le moins du monde. Car il le connaissait, Nash. Il avait confiance en lui. Et il n'aurait pas vu mieux pour sa petite soeur.

Un léger sourire roula sur les lèvres du Kershaw quand son compagnon le traita de voix de la sagesse. Tout de même ironique, alors qu’il se trouvait à être le cadet des deux. Mais l’air plus ou moins sérieux du Goldstein lui fit bien comprendre que tout ceci ne l’était pas. La commande des deux hommes fut apportée devant eux, et Jasper le remercia pour le verre, qu’il porta rapidement à ses lèvres, contrairement à Nash qui se contentait de passer ses mains autour, sans pour autant se délecter du nectar qui s’y trouvait. La nervosité lui tenaillait les entrailles et à ce moment précis, il était incapable d’ingurgiter quoique ce soit. La vérité, il l’avait jetée au visage de son grand ami, le frère de sa petite amie, et il appréhendait sa réaction, qui ne tarda pas, son voisin détournant la tête vivement en sa direction, son verre retrouvant avec ferveur contact avec le bar. Nash déglutit en voyant le regard perçant de ce dernier pointé sur lui, en quête de réponses alors qu’il n’y avait plus rien de plus à ajouter. L’homme prit un air grave alors qu’une de ses mains se posait sur son épaule, et qu’il prenait la parole, d’un air sérieux. Le blond ne détourna pas le regard alors que Jasper parlait, lui intimant à quel point Lula était importante pour lui, et qu’il n’avait pas intérêt à lui faire le moindre de mal, sinon, il en payerait le prix. Peu importe leur amitié. Il dut cligner des yeux à quelques reprises avant d’être apte à analyser tout ce que le Goldstein venait de lui dire. Et d’en comprendre les sous-entendus. Il ne critiquait pas leur relation. Il ne s’y opposait pas non plus. La tension qui contractait les muscles de ses épaules se relâcha légèrement et il eut enfin l’impression de pouvoir respirer à nouveau, plus calmement cette fois. – Je serais le premier à m’en vouloir si je lui faisais du mal. – avoua-t-il finalement à demi-mot en baisant le regard. Oui, il serait le premier à se blâmer si, par un malheureux tour du destin, les choses devaient mal se passer . Puis, relevant les yeux pour scruter son plus vieil ami, il esquissa un léger sourire. – Elle est probablement ce qui m’est arrivée de meilleur depuis un sacré moment. Je… je ne voudrais pas gâcher ce qu’on commence à peine à développer. – Il parlait avec son cœur, un cœur qu’il avait rarement ouvert depuis le départ précipité de Willa, qui l’avait brisé en mille morceaux. Rarement, il apparaissait si sincère, désarmant de vérité. – Merci Jasper, tu sais, d’être aussi… compréhensif. Je l'apprécie vraiment. – fit-il finalement à son attention, attrapant finalement sa bière qu’il porta à ses lèvres, ayant enfin récupéré ses facultés digestives. Le petit nœud dans son estomac se dissipait, laissant les papillons qui y virevoltait depuis quelques semaines, déjà, reprendre leur vol. Ces aveux n’avaient fait que confirmer ses sentiments pour Lula, et la certitude que ce qu’il vivait était de plus réels.

Jasper, ce n’était pas ce frère tyrannique ni cet ami empêchant qui que ce soit d’approcher sa famille. Bien au contraire. Jasper, c’était cet homme incroyablement fidèle, sociable et surtout, accueillant. Bien que cette partie de lui, il ne le montrait plus vraiment depuis le décès de sa douce et tendre Ellie. Mais au plus il voyait ses proches, au plus il se sentait mieux. Le vrai Jasper revenait doucement à la surface. Passer du temps avec Nash lui faisait un bien fou. Car même si la douleur est différente, ils ont vécu le même drame. Et Jasper sait, au fond de lui, qu’il pourra toujours compter sur le Kershaw afin d’être présent, et ce, quoiqu’il puisse arriver. Et alors qu’ils commençaient à passer une assez agréable soirée, Nash finit par lui faire quelques révélations. Ce qui au fond, n’avait pas choqué Jasper. Instinctivement, il se doutait bien que quelque chose se tramait. Car il n’avait plus vu sa sœur sourire à ce point depuis longtemps. Au fond de lui, il savait qu’il pouvait compter sur Nash pour faire sourire sa sœur et surtout, pour la rendre heureuse. Car il le connaissait. Depuis bien des années. C’est Jasper qui a proposé Nash aux parents Goldstein afin qu’il soit le professeur de guitare de sa tendre petite sœur. Elle a vu le courant aussitôt passé. Mais les années ont fini par filer, les séparant. Un sourire s’étira sur ses lèvres, et Jasper ne retira cependant pas sa main de l’épaule de Nash. — Je te connais Nash, tu sais. Et si tu dis l’apprécier, je te crois. Je comprends pourquoi tu as craqué pour elle. lui répondit le Goldstein sincèrement et amicalement. Le fait que sa sœur soit enfin en couple, d’autant plus avec son meilleur ami, lui ravivait le cœur. Il ne souhaitait que le bonheur de sa benjamine. Et quand bien même un certain âge les sépare, il savait que leur amour était sincère. — Ca me fait plaisir, t’sais. De te revoir aussi heureux. Faut dire qu’avec la dernière, c’était pas du gâteau. Retirant sa main de l’épaule du Kershaw, Jasper pris sa boisson en main afin d’en boire une nouvelle gorgée. Il ferma délicatement les yeux, laissant ce délicieux nectar lui couler dans la gorge, lui brûlant légèrement les papilles de par sa teneur en alcool.

Nash s’était trop longtemps fait du sang d’encre au sujet de cette fameuse rencontre et cet aveu qui aurait pu susciter une toute autre réaction chez Jasper. Désormais, c’est le soulagement qui l’habitait, et il avait l’impression d’avoir un énorme poids de moins sur les épaules. La légitimité de sa relation avec Lula faisait un pas vers l’avant, et il se sentait plus que jamais amoureux de la jeune Goldstein, au point d’en ouvrir son cœur à son plus vieil ami, qui ne put que sourire face à ses aveux. Un sourire qui trouva écho sur les lèvres du blond, avant qu’il ne baisse les yeux, visiblement gêné par ses effusions de sentiments. L’amour l’avait douloureusement trahi, des années auparavant, et il avait dès lors jeter aux oubliettes son cœur, jusqu’à ce petit tour du destin qui avait su mettre la bonne personne, au bon moment, sur sa route. Il aurait pu ne jamais se présenter à ce bar, ce soir-là, et ainsi, ne jamais reposer ses yeux sur elle, ne jamais l’avoir abordé, après tant d’années d’absences, de silences. Rien n’arrive pour rien, dit-on, et Nash y croyait de plus en plus. – Tu es bien placé pour savoir à quel point son départ m’a affecté… – Jasper avait été présent pour le conseiller financier, à l’époque, tout comme ce dernier avait été présent pour le coutelier, preuves de leur amitié qui avait su braver les épreuves du temps. Imitant son camarade, il attrapa sa bouteille de bière pour en prendre une longue gorgée, se permettant enfin de le savourer jusqu’à la dernière goutte. Une vibration dans le creux de sa poche le força néanmoins à déposer son breuvage pour attraper son portable, et un message de Daisy s’afficha, lui demandant s’il pouvait venir la chercher, la personne supposée de devenir la rapporter à l’appartement lui ayant fait faux bond. L’homme leva les yeux au ciel avant de soupirer. Il aurait adoré passer plus de temps avec son ami, mais sa nièce avait toujours été sa priorité, et l’autre le savait. Il avait toujours pris trop à cœur son rôle de tuteur.  – C'est ma nièce... Je vais devoir y aller, mais on se revoit bientôt, ok? – Laissant sa bière à moitié entamée sur le bar, il se leva et fit une rapide accolade à Jasper, serrant l’homme qu’il appréciait comme un frère dans ses bras. – Prends soin de toi, Jasp. – Et il quitta les lieux, plus léger, près à faire face à ce nouveau chapitre de sa vie, un chapitre qu’il comptait bien partager avec Lula, aussi longtemps qu’elle voudrait de lui.