in the evening • mina

Invité Invité click down

Il est tard quand Dylan met les pieds hors de sa demeure. Ou peut-être qu'il est tôt, peut-être que ce truc qui brille dans le ciel ce n'est pas la lune mais le soleil qui a décidé de ne pas aller se coucher. Peu importe, Dylan décide de ne pas trop philosopher. Il a déjà passé la journée, comprenez plus de trois heures devant sa machine à écrire et cette putain de page blanche. A chercher une inspiration qui ne vient pas, à tenter de faire plaisir à son éditeur et de contenter son agent et de se donner de l'importance. Une utilité. —Je ne suis pas encore bon à aller sous terre.— Marmonne le brun, pour lui, pour celui qui veut bien l'écouter et qui veut bien le tolérer. Sauf qu'il n'y a personne, sauf que les rues sont vides et qu'il faut avancer un pied devant l'autre. Il a ses lunettes de soleil bien en place sur son visage malgré l'heure tardive, la coupe de son costume est parfaite mais la chemise blanche est bien froissée, parce qu'il a passé la journée à tirer sur le tissus, encore et encore. Mais Dylan avance, un pas devant l'autre sans vraiment y penser et sans aucune but précis, une partie de lui lui répétant que cette petite balade nocturne n'est pas une bonne idée. Surtout pas quand il est désespérément sobre, qu'il a beaucoup trop conscience des conversations des autres et des rires des passants. Leur bonheur, aussi futile et éphémère et inutile soit-il constitue une insulte suffisante et Dylan n'a absolument aucun regret quand il passe la porte de la première superette du coin et pose sur le comptoir la bouteille de vodka la moins chère qui soit. Pas de doute, il n'y a pas que de l'alcool dedans et cela risque plus de lui bousiller l'estomac qu'autre chose mais... qui se soucie encore de ce genre de détails ? Pas lui. Pas maintenant et certainement pas dans cette vie. Il pose un billet de 50 pound sur le comptoir et lâche un simple —keep the change—ce qui fait le bonheur de l'employé de nuit et il continue sa marche presque silencieuse dans les rues de Brighton. Et il avait raison, l'alcool est infect, il se dégage une odeur de désinfectant, bon marché, à chaque fois qu'il ouvre le goulot mais il n'y pense pas, il continue de marcher. Dylan pense ne pas savoir où il se rend mais quand on a un esprit aussi tordu que le sien, on a toujours une petite idée derrière la tête. Et la sienne porte son nom de famille. Et ça fait déjà plus de six mois qu'il est là, il ne peut pas repousser plus longtemps leur rencontre. Alors pour le meilleur et pour le pire, il va aller taper à cette porte et lui faire savoir qu'ils respirent le même air... mais finir les trois quarts de cette boutique avant semble être une bonne idée. S'accrocher à cette bouteille comme si sa vie en dépendait aussi, mais il finit par serrer le poing et il finit par taper à cette porte. Voilà il y était, pas de préambule, plus qu'à attendre que la porte s'ouvre. — Tu as le droit de me claquer la porte au nez... je veux dire à ta place je le ferai mais... on habite au même endroit... donc une entente pseudo-cordiale serait mieux, non ?— Il avait réussi à dire tout ça sur un ton semi-sérieux, lunettes de soleil sur le visage et bouteille de vodka dans une main. Une soirée normale.

Invité Invité click down

Installée sur son sofa, vêtue d’un pyjama élégant, mais somme toute confortable, Mina passait une excellente soirée en solitaire – enfin, ce qui s’en approchait le plus. Ses deux chats dormaient sur le divan à ses côtés, et ses trois chiens, eux, étaient éparpillés un peu partout sur le sol du salon, l’un vaquant à se nettoyer, et les deux autres, à grignoter leur collation de fin de soirée. Pour sa part, c’est vers Netflix qu’elle s’était tournée, cette soirée-là, et elle profitait du programme libre de sa soirée pour visionner la deuxième saison de ‘The Crown’. Les séries historiques, ce n’était pas sa tasse de thé, d’habitude, mais le charme de la royauté britannique fonctionnait bien avec elle. Et puis, elle ne cessait de s’identifier à la princesse Margaret, alors, autant poursuivre son visionnement en regardant la suite. Le troisième épisode venait tout juste d’être entamée lorsqu’elle entendit les frappements distincts de quelqu’un qui cogne à une porte. La sienne, en l’occurrence. Ses chiens se relevèrent d’un seul mouvement, et l’un d’eux se mit même à aboyer. – Chut, tais-toi. – lui intima-t-elle d’une voix dure, mais autoritaire, auquel le canin obéit, non sans chigner son mécontentement. Il suffit d’un rapide regard par le judas pour qu’elle pousse, elle aussi, un grognement, plutôt contrariée de ce visiteur nocturne. Mais que diable faisait-il ici. D’un geste brusque, elle ouvrit la porte, mais se posa dans l’entrebâillement afin de bloquer le passage à son paternel. L’homme, presque un inconnu à ses yeux, portait encore et toujours ses fameuses lunettes solaires, et son complet était impeccable, ne serait-ce que les plis qui parsemaient sa chemise qui suffisaient à gâcher l’ambiance. Oh, sans compter sur cette bouteille d’alcool douteux qu’il tenait bien en main, et l’haleine qui l’accompagnait. Croisant ses bras sous sa poitrine, elle se contraignit à écouter son petit discours, avant que ses sourcils s’arquent, alors qu’elle bloquait sur l’une des remarques de son présumé géniteur. Depuis quand vivait-il ici, à Brighton? Elle l’ignorait, mais cette nouvelle était loin de lui plaire. Visiblement agacée de la situation, et par sa simple présence chez elle, Mina ne put s'empêcher de soupirer. Parce que, clairement, il n’avait rien de mieux à faire que de venir l’embêter, maintenant qu’il était devenu un acteur de bas niveau et de séries B que personne ne regarde. – Tu crois vraiment à ce que tu dis? Laisse-moi rire. Retourne d’où tu viens, ok, et continue de m’ignorer comme tu l’as toujours fait. Je m'en porterai mieux. – C'était quelque chose qu'il maîtrisait bien, il n'aurait surement pas trop de mal à retomber dans ces vieilles habitudes. Elle en avait plus qu’assez de perdre son temps avec lui, et elle n'était plus d'humeur à lui accorder le bénéfice du doute : trop de fois avait-il trahi ses promesses, par le passé, brisant son coeur de petite fille.

Invité Invité click down

Est-ce qu'elle ressemble comme deux gouttes d'eau à sa mère ? Dylan n'en savait rien. Rien du tout. Pas parce que le souvenir est beaucoup trop douloureux non... Mais bien parce que les souvenirs se font rares, là haut, derrière ses lunettes de soleil, engloutis sous des tonnes d'alcool et de déni. Lora était devenue une ombre, une bague rangée au fond d'un tiroir et une bonne excuse pour ouvrir une autre bouteille ni plus ni moins. Et cette femme en face de lui, visiblement en colère... il ne la connaissait pas plus. Et pourtant même nom de famille, et même façon quasiment professionnelle de repousser le reste du monde. Il avait presque envie de lui dire que papa était fier. —Oui ? Non ? Est-ce que ça a vraiment de l'importance ? On est en train de l'avoir cette conversation.— Haussement d'épaules. Dylan ne sait plus vraiment pourquoi il est là, oui il se fout de tout justement, il se fout même d'elle et de ce qu'elle représente mais voilà... Mina est là, elle représente quelque chose, plus proche que jamais ... Et il n'y avait que les idiots qui ne changeaient pas d'avis, n'est-ce pas ? Dylan est un idiot fini, c'est un fait établi et venir taper à la porte de Mina en pleine nuit c'était un peu comme appel au secours. Ou une mission suicide. Ou un peu des deux arrosé sous une bouteille de vodka. — Écoute... Déteste-moi si tu veux, tu ne seras pas la première... Franchement à ce stade la liste est tellement longue que je te conseille de prendre un ticket... Mais une conversation de dix minutes n'a jamais tué personne.— Dix minutes. Ce n'était rien, ils pourraient s'ignorer et il pourrait continuer de déambuler dans Brighton, à la recherche de ce qu'il était venu chercher. Quoi au juste, impossible de mettre le doigt dessus mais Mina pouvait être une distraction, alors autant la rayer de sa liste. Faire son deuil vu qu'il avait dû apprendre comment et passer à autre chose. C'était presque sain dans un sens. Presque, mais Dylan n'allait pas agir comme quelqu'un qui avait des intentions louables, il n'était pas un sain, bien au contraire.— Point positif ? Quand ce sera moi qu'on mettra en terre tu pourras dépenser mon argent comme tu veux... — Ou alors son argent ne l'intéressait pas et alors là il ne savait plus quelle carte jouer. Dire la vérité ? Non, ça ne n'était même pas un option viable, même pas.

Invité Invité click down

Elle soupira. La présence de son géniteur à sa porte, ici-même, à Brighton, l’exaspérait. C’était tout à l’opposé de ce qu’elle avait désiré en venant s’installer dans cette ville : elle souhait s’en éloigner, par s’en rapprocher. Mais visiblement, il n’avait pas compris ce sous-entendu, puisqu’il était là, dans son portique, à une heure avancée dans la nuit. Autant dire qu’il n’avait pas les idées clairs, vue la bouteille d’alcool à moitié entamée se trouvant entre ses mains. Mina se retenait vivement de contacter les policiers afin qu’ils viennent récupérer cette présence nuisible, mais une infime, toute petite partie d’elle-même avait pitié de cet homme, de ce père qu’il n’avait jamais véritablement été pour elle. Levant les yeux au ciel alors qu’il répondait à sa question, elle se retint de ne pas soupirer de nouveau. Inutile de gaspiller de son précieux air pour cet insipide personnage. Bien sur que la liste des personnages qui le détestait était longue : son père n’avait jamais été un saint. Il n’avait même pas su se faire apprécier dans son propre domicile, alors autant tire que la tâche s’annonçait perdue d’avance. La voilà qu’il la priait de lui accorder dix minutes. Dix précieuses minutes de son temps. Tout ceci n’était qu’une blague, visiblement. Et même s’il était sérieux dans sa démarche, la jeune femme avait du mal à lui accorder le bénéfice du doute. À croire qu’elle redevenait cette gamine encore malléable, encore trop naïve, qui croyait encore au miracle. Non, elle n’était plus cette enfant-là. Elle l’avait depuis longtemps enterré six pieds sous terre. Tout comme ses espoirs d’avoir un père présent dans sa vie. – Non mais je m’en fiche complètement de ton argent ! – ne put-elle s’empêcher de lui balancer à la figure, franchement écœurée, cette fois. – Je gagne suffisamment bien ma vie pour ne plus jamais en avoir besoin. Alors, fait donc une bonne action, quand tu crèveras et donne-le à des gens qui en ont besoin. Pour une fois, tu ferais quelque chose de bien, pour changer. – Il ne serait même pas là pour s’en plaindre, en plus. Le meilleur des deux mondes. Scrutant à nouveau l’homme, elle se maudit intérieurement quand elle libéra le passage vers sa résidence, lui faisant signe de rentrer. – Dix minutes. C’est tout ce que j’ai à t’offrir. Pas plus. – Dix minutes. Il avait intérêt à bien les mériter et en faire bon usage. Cette occasion ne se reproduirait pas deux fois.

Contenu sponsorisé click down

» Evening between us. (Shahid)
» — thought that i could chase you with a cold evening (jodie)
» — if we talked to each other. (mina)
» towing the line (mina)
» thank you for not giving up w/isveig & mina