L'air frais de le fin de journée commençait déjà à se faire sentir, rendant ses joues plus roses qu'elles ne le sont déjà d'ordinaire, lorsque Lula sorti de chez elle. Un large sourire sur les lèvres, comme toujours, mais peut-être un peu plus large cette fois. Elle allait voir Nash, et ça, c'était une raison de sourire un peu plus que d'ordinaire, d'être un peu plus heureuse qu'elle ne l'était déjà la plupart du temps. Elle se sentait comme une gamine, une vraie adolescente qui ne reste pas insensible au charme d'un garçon plus âge qu'elle. C'était ton professeur de guitare, lui rappelait sans cesse une petite voix intérieure, sûrement celle qu'on appelait la voix de la raison. Mais Lula s'en fichait bien, elle aimait être avec lui. Elle aimait lui parler, savoir qu'il l'avait connu à ses débuts, alors qu'elle ne savait même pas enchaîner deux accords sur sa guitare, qu'elle connaissait maintenant par coeur tant elle avait passé d'heures à jouer dessus. Savoir qu'ils partageaient cette passion, même si avec le temps, Nash avait fini par changer de carrière. Elle aimait être avec lui, et ça n'avait rien à voir avec ses beaux yeux, c'était bien plus que ça, elle le savait. Lorsqu'elle arriva sur la plage, à leur point de rendez-vous, elle le reconnu de suite. Une tête de plus que la jeune femme, des boucles blondes qu'on ne peut confondre. Elle s'approcha doucement, mais avec cette démarche qui lui était propre, presque sautillant peu importe où elle se rendait. Les mains dans les poches de sa veste en jean un peu trop vieille pour être encore portée, elle arriva finalement à côté du jeune homme. — Je suis pas trop en retard, si ? J'étais sûre d'être partie à l'heure cette fois. — Lula et la ponctualité, éternel problème que ses parents n'avaient jamais pu vraiment régler, même avec une montre, qu'elle avait fièrement posé sur son bureau au lieu de son poignet, déjà à l'époque. Pour une fois, c'était elle qui avait proposé à Nash de sortir. Elle avait pris son courage à deux mains, même si elle avait ce sentiment qu'il ne dirait pas non, pas s'il était libre. Dès qu'ils se voyaient, ils prenaient un verre, parlaient musique, rattrapaient le temps perdu, puis parlaient musique, encore. Elle aimait bien trop ça, Lula, ces soirées tranquilles à discuter avec Nash. Déjà à l'époque, elle adorait discuter avec le tout jeune adulte qui lui enseignait à jouer de la guitare. Aujourd'hui, c'était différent, mais pas si différent que ça, au final.

Le coffre de sa voiture claqua lorsqu’il referma le capot de celui-ci, une large couverture sous les bras. Sa présence à la plage n’avait rien du hasard : c’est ici que Lula avait fixé leur point de rendez-vous, l’endroit où ils se rejoindraient pour passer un peu de temps ensemble. Daisy ayant fait la tournée des magasins avec des copines toute la journée, Nash savait qu’elle allait maintenant passer la nuit chez l’une d’entre elles, lui laissant un emploi du temps des plus vacants. L’invitation de son ancienne élève de guitare tombait donc à point. Il avait même été surpris qu’elle l’invite, puisqu’il s’était toujours fait un plaisir de lui offrir un peu de sa compagnie. Lula n’était plus la gamine de l’époque, celle qui maitrisait à peine les accords de Let It Be par les Beatles, une pièce pourtant si simple à apprendre. Désormais, cet instrument, elle le maitrisait à la perfection, peut-être même encore mieux que lui. Sa passion pour la musique, il l’avait mise de côté depuis bien des années, mais il lui démangeait de plus en plus de ressortir sa vieille Gibson du placard où il l’avait rangé. Peut-être à cause d’elle. Probablement à cause d’elle, en fait. Longeant sa voiture jusqu’au sentier asphalté qui longeait l’étendue sablonneuse, Nash y marcha pendant un moment avant de s’installer sur la dernière marche des escaliers menant au rivage, ses cheveux balayés par le vent marin. Il passa machinalement une main parmi ses bouclettes blondes, et il secoua doucement la tête, le souvenir des remarques d’une ancienne belle-mère lui revenant en tête – tu devrais couper tes cheveux, ça t’irait bien mieux. Jamais n’avait-il écouté son conseil. Ses mèches frisées étaient sa marque de signature, et même si on lui promettait dix millions de dollars pour les tondre, il n’accepterait jamais. Sa crinière, il y tenait. Ça devait être son petit côté féminin ou fleur bleue qui ressortait. Cinq, puis dix minutes passèrent avant qu’une petite blonde ne viennent le rejoindre, s’excusant de son retard – comme à son habitude. Il se faisait d’ailleurs toujours grand plaisir de le lui mettre sous le nez. – Oh, j’ai eu le temps de vieillir d’un an, tu n’as pas remarqué que ma barbe avait poussé depuis la dernière fois? – Rasé peu de temps avant son départ, il n’y avait aucune trace de poil sur son visage, et le sourire taquin qui s’afficha sur ses lèvres trahissant bien de l’amusement qui l’habitait. Un calme apparent en surface, mais son système interne avait du mal à fonctionner normalement. Son palpitant battait un peu plus fort, sa salive se faisait plus rare et ses mains se faisaient de plus en plus moites. Des opérations pourtant simples que la présence de Lula désordonnait. – Je t’aurai attendu toute la soirée, s’il avait fallut. – lui dit-il finalement. – Je suis content de te voir. – La tendresse avec laquelle il la regardait n’avait plus rien du regard qu’il lui réservait à une autre époque. L’affection qui naissait dans le creux de son ventre n’avait plus rien n’innocent.

Il lui fit cette remarque, bien trop douce pour être méchante, ou peut-être était-ce sa voix, qui envoyait en quelques secondes seulement un millier de papillons dans l'estomac de la jeune femme. Un léger rire lui échappa, le rire d'une gamine heureuse, heureuse et honteuse. Elle lui mit un léger coup sur l'épaule, qui manquait vraiment de force, même pour elle. — Te fiche pas de moi, Nash. — lui lança-t-elle, les joues tournant déjà au rouge. Oui, Lula était en retard. Lula était toujours en retard, ou presque. Les seuls moments où elle prenait la peine d'activer le pas, de ne pas flâner en regardant chaque détails des choses sur son passage, c'était lorsqu'on l'attendait sur scène. Là, la blonde était à l'heure. Jamais en avance, malgré tout, mais à l'heure, ce qui était déjà un grand effort. Pour Nash aussi, elle faisait des efforts. Elle réduisait son quart d'heure-vingt minutes habituel de retard pour quelques dix minutes, qu'elle espérait pouvoir améliorer la prochaine fois qu'ils se verraient. La prochaine fois. Elle savait qu'avec lui, il y avait toujours une prochaine fois, et ça la rassurait. Du haut de ses vingt-quatre années, Lula, ça restait une vraie gamine, pire qu'une ado lors de son premier rencard. Savoir que lui, il voudrait la revoir, ça l'enchantait, ça faisait battre son coeur un peu plus fort, rougir ses pommettes et pétiller ses yeux. — Je suis contente de te voir aussi. — Elle le fixait, un large sourire aux lèvres, preuve de sa joie d'être là, avec lui. Elle fut tenter d'ajouter, tu m'as manqué, mais ces temps-ci ils se voyaient tellement, que ça n'aurait pas de sens. Pas de sens pour lui, car pour elle, c'était certainement vrai. Même si elle voyait l'homme plus souvent que sa famille, le reste du temps, lorsqu'ils n'étaient pas ensemble, il hantait ses pensées. Toutes ses phrases, tous ses sourires, tous ses gestes. Elle avait l'impression de devenir dingue à autant penser à quelqu'un. — Alors, tu veux faire quoi ? — demanda-t-elle. C'était elle qui l'avait invité, douce Lula, sans avoir la moindre idée de quoi faire avec lui. La liste des activités que l'on pouvait faire dans cette ville était pourtant bien fournie, qualité inestimable de Brighton, mais celle où elle pouvait soit entendre soit voir Nash se réduisait rapidement, et qu'est-ce qu'elle aimait l'entendre parler ou regarder son visage.

Il broncha à peine lorsqu’elle lui donna un léger coup sur l’épaule, faussement contrariée de la remarque qu’il lui avait précédemment lâchée. Par principe, il grimaça tout de même en prenant sa main libre pour masser là où elle avait frappé, afin de suite un air piteux sur son visage crispé entre l’envie de rigoler et celle de conserver son air sérieux. Il joignit finalement son rire au sien, tel l’écho qui reprend l’air de celui qui lui adresse la parole. Le retard de la jeune femme était désormais bien loin dans son esprit, et même s’il aimait la taquiner à ce sujet, il ne lui en tenait jamais rigueur. Comment pourrait-il en vouloir à Lula? Avec cette bouille adorable, elle pourrait aisément avoir le monde à ses pieds, si elle le demandait. Lui se jetterait au sien, si c’était ce qu’elle désirait. Loin d’être encore une gamine, mais pas encore tout à fait une adulte, il ne comprenait pas cette attirance qu’il sentait naître dans le creux de ses tripes quand elle le regardait, le vert de ses yeux se perdant dans le bleu des siens. Il sourit, quand elle lui avoua être aussi contente de le revoir. Le rouge sur ses joues la rendait encore plus jolie qu’elle ne l’était déjà, et il détourna le regard pour observer les passants qui passait derrière eux, question de ne pas se laisser emporter par la vague d’émotion qu’il sentait s’agiter en lui. Curieusement, il conservait une certaine retenue en sa présence. Nul besoin de tout brusquer et de gâcher ce qui peut être pourrait être. Dans ses rêves, évidemment. Car nul ne lui était venu à l’esprit que ce qu’il qualifiait comme de la gêne n’était que le reflet de ce qu’il ressentait, lui aussi.  – Moi qui croyait que tu avais déjà planifier cette soirée de A à Z, tu m’en vois déçu. – Plutôt que de laisser paraître son malaise, son inconfort d’être aussi près d’elle, Nash se réfugia dans l’humour, comme il savait si bien le faire. – Les foodtrucks sont encore là pour un petit moment. Je propose qu’on aille se chercher de quoi manger, et qu’on s’installer sur la plage pour déguster tout ça. – D’un geste, il lui indiqua même la couverture qu’il tenait sous son bras : parfait pour éviter d’avoir du sable dans le moindre rempli de ses vêtements. – Partante? – Lui, ça lui convenait parfaitement. Rarement il rechignait, d’autant plus que c’était lui qui avait proposé le tout. Ce devait être qu’au départ, ça lui plaisait.

La fausse grimace sur le visage du jeune homme la fit rire un peu plus. Comme si Lula, avec sa force de mouche, pouvait faire mal à quelqu'un comme lui. Elle secoua doucement la tête, amusée par ses manières, sa façon de faire avec elle, son comportement général qui était toujours si doux. Nash continua a râler, ou presque, car la jeune femme n'avait pas prévu le reste de la soirée. Lula haussa les épaules, comme lorsqu'on en a trop rien à faire, une légère moue sur le visage. — Pourquoi le faire alors que je savais très bien que tu aurais de meilleures idées que moi ? — Petit sourire espiègle pour accompagner sa remarque, qui était loin d'être fausse, même si Lula manquait plus d'inspiration que d'envie de lui faire découvrir de nouvelles choses, de lui faire découvrir son monde, bien loin de celui du monde des finances dans lequel vivait Nash a présent. Et pourtant, à chaque fois qu'il proposait quelque chose, c'était avec un large sourire que Lula répondait, ses choix toujours parfaitement en accord avec les goûts de la petite blonde. De la nourriture et la plage, elle n'aurait pas pu trouver mieux. — Bien sûr que je suis partante. — répondit-elle directement, déjà prête à se mettre en marche vers le recoin des foodtrucks, qu'elle connaissait bien tant elle avait pu venir se nourrir là, tout spécialement depuis qu'elle avait quitté la maison de papa et maman, liberté pour la jeune femme qui s'était empressé de fêter ça avec le plat le plus gras qu'elle avait trouvé, mangé sur son lit, devant un film que ses parents auraient détesté. Sa rebellion à elle, la gamine qui avait toujours été droite et sage. Elle attendit que Nash la suive et avança lentement vers la bonne odeur de nourriture qui emplissait encore le bord de mer, tant elle était intense. Toujours très peu attentive, c'est un peu partout autour d'elle qu'elle regarda l'air presque absent, passant de la chaussée aux buildings, aux passants, mais évitant aussi bien que mal de fixer Nash pendant de trop longues secondes. — Tu sais... — finit-elle par attaquer, laissant volontairement trainer cette courte pause avant d'enchainer le reste de sa phrase. — Tu m'auras toujours si tu proposes de la nourriture, sache-le. — Elle lâcha finalement un léger rire, bien que très sérieuse dans ses propos. Peu de choses étaient capables de la faire craquer. La bonne nourriture, la musique, la plage. Et visiblement, passer du temps avec Nash rassemblait ses trois notions, et elle en était ravie.

Il aimait l’entendre rire, le carillon de sa voix résonnant dans ses oreilles comme la plus belle des mélodies. Cette impression de revenir un jeune adulte sans toute ses responsabilités sur ses épaules, quand il était avec elle, le rendait plus léger, et ce ton blagueur qu’il prenait avec elle en témoignait bien. La seule autre personne avec qui il se permettait autant d’être lui-même était sa nièce, Daisy. Le premier sourire qu’il voyait tous les matins, depuis bientôt sept ans. Râleur, il se plaignit du manque d’organisation de Lula, qui n’avait visiblement pas planifier leur soirée, sauf en ce qui concernait le lieu et l’heure du rendez-vous – qu’elle n’avait elle-même pas respecter. – C’est un jeu dangereux que de me faire confiance de la sorte. Je pourrais te décevoir, un jour ou l’autre. – Si l’une de ses idées ne lui plaisait pas, par exemple. Mais la musicienne ne lui apparaissait pas être du type difficile. Elle semblait trouver son compte dans la simplicité et c’est quelque chose qui plaisait à Nash. Il avait depuis longtemps délaissé les soirées festives dans les boîtes de nuit de la ville, favorisant le confort douillet de son salon ou le calme des bars de quartiers, moins fréquentés. Non, il n’était pas associable. Mais il avait passé l’âge de rentrer aux petites heures du matin, la gueule de bois bien installer sur son visage.  Des soirées comme celle-ci, en si bonne compagnie, il en prendrait sans compter, s’il le pouvait. Dommage qu’il n’y ait seulement que sept jours dans une semaine. Son esprit vagabonda pendant un court instant avant que le gargouillait de son estomac le guide sur la bonne voie. Une bonne bouffe et un coucher de soleil au bord de la plage, typide des soirées favorites du blond. Tout ceci ressemblait presque à un rancard, mais il ne fallait pas s’y méprendre. Ce n’était pas du tout de ça dont il était question en ce moment. Dans ses rêves, oui, il aurait voulu que ce moment ait une autre signification. La simple image d’eux deux, se baladant main dans la main, pieds nus dans le sable, en vint même à le hanter, et il la chassa de ses pensées. Loin de lui l'idée de gâcher cette soirée avec ces attentes irréalistes. Sa suggestion semblait lui plaire, et ils se mirent en route vers la placette où les véhicules se stationnait pour vendre leurs produits. Les odeurs qui s’en dégageaient se frayait doucement jusqu’à leur narine, et l’appétit de Nash se fit plus présente, plus pressante, aussi. Calquant ses pas à la vitesse de ceux de Lula, les deux protagonistes restèrent un moment silencieux avant que la jeune femme y aille d’une confidence. Son cœur faillit manquer un battement, alors qu’elle s’interrompait pour ajouter un peu de suspense, de teneur à ses paroles. Si bien que Nash s’arrêta de marcher pour l’écouter. Un rire nerveux s’échappa de ses lèvres quand elle lui livra son ultime confession. – Oh! Nous sommes deux, alors. – Véritable estomac sur pattes, Nash restait incapable de résister à l’appel de son estomac. Il se remit en route, allant rejoindre sa compagne pour la soirée qui s’était permise de prendre un peu d’avance sur lui. – Je propose qu’on prenne chacun deux plats dans deux trucks différents, et qu’on partage tout ça. Trop de choses me donnent envie, je ne saurai en choisir qu’une seule. – Une dizaine de vendeurs itinérants avait pignon sur rue ici, ce soir, et la nature gourmande de Nash trépignait d’impatience.

Le jeune homme s'arrêta un instant, assez pour la faire se questionner, remettre en questions ses faits et gestes, ses paroles des dernières dix minutes. L'avait-elle contrarié ? Avait-il mieux à faire ? Voulait-il vraiment être là ? Une paranoïa inutile, presque insensée, et il suffit à la jeune blonde de terminer sa petite phrase pour que Nash y réponde par son doux rire, signe qu'il était loin d'être fâchée. Lula continua sa marche, ses petits pas l'entrainant rapidement jusqu'aux fameux foodtrucks, alors que Nash la rattrapa rapidement, malgré la petite avance qu'elle avait prise. Un beau garçon ou de la nourriture, c'était dur de choisir si elle devait l'attendre ou se jeter sur les plats, mais heureusement pour elle, il la rattrapa, il la rattrapait toujours. — Adjugé vendu. — Elle hocha la tête en souriant, ravie par cette idée originale mais particulièrement tentante. Elle lui faisait confiance. Elle lui faisait vraiment confiance, que ce soit pour lui apprendre la guitare, choisir ses repas, ou la rattraper si elle venait à devoir sauter d'une fenêtre. Malgré le peu qu'elle connaissait le jeune homme, elle lui avait toujours fait confiance. Elle arriva devant un des foodtrucks, comme s'y ses pieds l'avaient mener là automatiquement, peut-être était-ce son subconscient qui essayait de parler. Se tournant alors vers le jeune homme, le vit qu'il était toujours à côté d'elle, et elle se tourna alors vers lui pour mettre ses mains sur son torse, le poussant un peu. — Allez, va-t-en, je veux pas que tu vois mes choix. Je veux te surprendre. — Elle lui fit un nouveau large sourire, communiquant son amusement, tellement une gamine d'approximativement dix ans. C'était ce qu'elle était une vraie gamine. Elle avait la tête sur les épaules, les pieds sur terre. Elle était réfléchie et cultivée, mature et polyvalente. Parfois. Au fond d'elle, c'était toujours une gamine, prête à tout pour profiter, pour s'amuser, pour croquer la vie à pleines dents et être heureuse, tout simplement être heureuse. Elle attendit que Nash soit parti de son côté pour faire un tour rapide des foodtrucks, revenant finalement sur ses pas pour retourner au premier camion, commandant une portion, avant de chercher un second choix. Son attention se porta sur un autre camion, et ses achats complétés, elle attendit le jeune avec son habituel sourire collé sur son doux visage. — Tu as prit quoi ? Je suis trop curieuse pour attendre d'être à la plage. — demanda-t-elle lorsqu'il arriva à nouveau près d'elle.

Il espérant que son petit arrêt soit passé inaperçue, son but n’ayant pas été d’inquiéter sans raison sa compagne du moment. Seulement, son petit cœur avait sauté un peu trop rapidement aux conclusions, comme à son habitude. Il devait cesser de faire des idées, de se torturer l’esprit en s’imaginant des scénarios incroyables et franchement utopique, au final. Lula ne le voyait que comme un ami, comme son ancien professeur de musique, rien de plus. Et puis, elle était trop jeune pour lui. Un garçon de son âge lui tournait peut-être déjà autour, peut-être qu’elle avait un petit ami et il l’ignorait? À vrai dire, ils n’avaient jamais abordé la question, mais ce n’était pas une raison pour exclure cette hypothèse. Lula donna son approbation pour leur plan de match nutritionnel, et alors que leurs pas les guidaient vers les foodtrucks, la belle se retourna, posant une main sur son ventre pour le repousser gentiment, en lui demandant d’aller voir ailleurs. Le contact ne dura qu’une fraction de seconde, mais il troubla Nash. Trop. Il esquissa un léger sourire aux lèvres avant de s’éclipser en quête de leur souper, mais il ne pouvait s’empêcher de repenser à ce toucher, et du bout des doigts, il vint caresser son torse, là où sa fine main s’était posée. Il avait l’impression que toutes les cellules nerveuses de son cœur s’étaient éveillés à son contact. Il dû prendre quelques secondes avant d’être apte à composer avec la situation. Les repas. Il devait en choisir deux, et il opta pour deux restaurants-roulants différents, autant par leur menu que par leur approche. Puis, il s’arrêta à un autre, où il acheta deux bières, qu’il cacha dans ses deux poches de pantalons. Les remerciant après avoir récupéré son due, il fila rejoindre Lula qui l’attendait, prête à se diriger vers la plage. Il hocha la tête lorsqu’elle chercha à connaître le contenu de ses portions repas, refusant de céder à son petit caprice. – Pas question, c’est un secret. Suis-moi, si tu veux le savoir. – Du même fait, il passa à ses côtés, continuant son bout de chemin jusqu’à la longue étendue de sable, prenant une légère avance sur la jeune femme. Il faut dire qu’il le faisait un peu exprès, afin de lui laisser le temps d’installer la couverture. Il s’était d’ailleurs exécuté quand elle le rejoignit enfin. – J’ai failli lancer un avis de disparition. Tu en as mis, du temps. – la taquina-t-il, un léger sourire mutin au bout des lèvres. Il lui enleva les plats des mains et les déposa avec les siens, sur le sol, l’invitant du même coup à s’installer. – J’ai aussi penser à nous prendre de quoi à boire. – Il sortit les deux canettes et les montra à Lula, le regard fier de son butin. Clairement, il aurait préféré un peu de vin, mais disons qu’il gardait ça pour ses rendez-vous galants. Ce que cette soirée n’était pas, évidemment. Il s’installa à son tour sur la douillette un peu abimé par le temps, parfaite pour ce genre de soirée, et attrapa le premier, qu’il tendit à sa voisine. – Allez, petite curieuse. Ouvre-le. – En espérant que ce qu’il avait choisi lui plairait. Il lui laissa le loisir de découvrir ses plats, alors qu’il en faisait de même avec ceux qu’elle avait sélectionné. Une belle petite variété de mets s’étalait ainsi devant eux, et son estomac cria famine, une fois de plus. – Bon appétit, mademoiselle Goldstein ! – Et d'un geste convaincu, il attrapa une des fourchettes qu’il piqua subito dans l’une des assiettes afin de commencer cette dégustation improvisée.

Bien entendu, il refusa de lui montrer ses choix. Elle s'y attendait, mais ça ne l'empêcha pas de lever les yeux au ciel, jouant les ennuyées, alors qu'au fond, elle s'en fichait bien. Il parti rapidement vers la plage, et elle dû se dépêcher pour le suivre. Ses jambes bien plus courtes que celles de l'homme rendaient impossible la mission qu'elle s'était donné: le rattraper. Mais tous dans sa démarches montraient qu'il le faisait exprès, non pas pour s'enfuir d'elle mais pour arriver le premier, peut-être se moquer, gentiment, de la gamine. Elle ne s'inquiéta pas trop, pour une fois, et ne s'arrêta pas avant d'être arriver à son tour sur la plage, près de la couverture qu'il venait d'installer sur le sable. — T'es un marrant toi. Je sais pas si tu as remarqué, mais mes jambes, elles sont minuscules. Autant je suis très douée pour me faufiler partout, mais faire la course, ce n'est pas la peine. — La blonde lâcha un petit rire, avant de lui laisser prendre les plats et de s'installer aussi confortablement que possible. Elle regarda quelques secondes autour d'elle, s'imprégnant du décor, de l'atmosphère. Ça les changeait de sa chambre de gamine où il venait pour lui donner des cours, il y a des années de ça. Ça les changeait des bars et des cafés où ils s'étaient retrouvés plus récemment pour discuter autour d'un verre. Là, c'était tellement plus personnel. Ils étaient seuls, autour d'un repas, sur la plage. C'était différent, elle pouvait le sentir. Son regard se reposa finalement sur Nash, un sourire aux lèvres, alors qu'il lui passait le premier plat. Elle l'ouvrit avec un large sourire aux lèvres, les yeux plus pétillants qu'un gamin le matin de noël. — Génial. — lâcha-t-elle à mi-voix, heureuse de sa découverte. Elle ouvrit l'autre plat, puis regarda devant eux tous les choix qu'ils avaient, ravie de cette idée. Elle allait s'en mettre plein le ventre, tout en appréciant une bonne soirée en sa compagnie. Que demander de mieux. Elle attrapa une fourchette, commençant à déguster un peu de chacun des plats, lentement pour ne pas passer pour une véritable goinfre — même si certains diraient sûrement que c'est ce qu'elle est. Elle resta plutôt silencieuse le temps de manger, bien qu'elle s'accordait quelques exclamations de joie à quasiment chaque nouvelle bouchée. Son regard se reposa finalement sur l'horizon, la mer qui s'étendait à l'infini devant eux. — S'il ne faisait pas si froid, j'aurais été me baigner. C'est sûr. Je suis incapable d'y résister, quand je viens ici. — avoua-t-elle comme une confession, avant de regarder à nouveau Nash, l'air amusé. Puis, sur un ton un peu plus calme, un peu plus sérieux, elle reprit finalement. — C'est certainement mon endroit préféré de Brighton, cette plage.

Il éclata de rire quand elle y alla de sa petite tirade offusquée, alors qu’elle venait à peine de le rejoindre. Avec sa petitesse, évidemment qu’il savait qu’elle ne pouvait tenir le même rythme que lui. Le but, cependant, avait justement été de prendre de l’avance, et maintenant qu’elle l’avait rattrapé, elle ne pouvait que constater le pourquoi. – Je ne m’en serais pas douter une seule seconde, c’est gentil de m’aviser. Je ferai attention, la prochaine fois. – Car prochaine fois il y aurait, ici ou ailleurs, demain ou la semaine prochaine. Il avait bien l’intention de la revoir, Lula, parce qu’il se plaisait en sa compagnie. Et qu’elle lui plaisait, aussi. Inutile de se mentir à ce sujet, ses agissements le trahissaient. Prenant place à ses côtés sur la couverture, il lui laissa l’honneur de découvrir le premier mets de la soirée, mais il ne put repousser sa propre curiosité plus longtemps, s’attardant plutôt à sa petite sélection. L’exclamation qu’elle lâcha le laissa croire qu’il avait visé juste, un petit sourire en coin venant appuyer sa réflexion. Un véritable buffet miniature s’offrait à eux, et ils ne purent y résister bien longtemps. Le silence s’installa alors qu’ils faisaient dégustation, accentué de temps en temps par un soupir ou une remarque satisfaite face à la qualité de leur repas. À maintes reprises, leurs mains se frôlèrent, et Nash ressentait à chaque fois ce frisson, celui qui descendait le long de l’échine, causant un léger spasme nerveux dans son système. Et même s’il ne le faisait pas exprès, il avait l’impression que ces contacts se répétaient sans cesse, le laissant plus silencieux qu’à l’ordinaire. Heureusement, elle entama à nouveau la conversation, le sortant de sa torpeur. – Je te comprends, c’est un si bel endroit. – Mais sa première remarque ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd. – Ceci dit, ce n’est pas la température froide de l’eau qui risque de m’arrêter... – ajouta-t-il avant de se lever et de retirer son sweatshirt, le balançant à ses pieds. Cette petite douche froide risquait de lui faire grand bien, l’excuse parfaite pour lui remette les idées à la bonne place. Du même fait, il retira chaussure et bas, avant de relever les yeux vers Lula, qui l’observait de son vert regard. – Tu restes là où tu m’accompagnes? – Lui laissait-il seulement le choix.

Le petite blonde continuait de regarder vers l'horizon, écoutant la douce voix de Nash lui dire à quel point c'était un bel endroit. Elle ne pouvait pas le nier, c'était un lieu superbe, avec une jolie vue. Nul doute une des plus belle plage du pays. Mais l'attention et le regard de Lula fut attirer par l'homme assit à ses côtés, lorsqu'il se leva, clamant qu'il l'eau n'allait pas l'arrêter. Elle le regarda, vraiment surprise, alors qu'il commençait à retirer ses vêtements, les laissant tomber au sol. Elle était troublée, clairement pas prête à ce que le garçon qui faisait chavirer son petit coeur fragile depuis quelques temps se déshabiller devant elle. Elle finit par détourner le regard, tentant de se reprendre, alors que Nash lui demanda si elle comptait l'accompagner. Elle se leva à son tour, lâchant un léger rire. — Tu es du genre à m'y porter et m'y jeter si je dis non, alors je vais y aller de mon plein gré. — s'amusa-t-elle, un petit air espiègle sur le visage, alors qu'elle retira elle aussi ses habits et ses chaussures, gardant simplement ses sous-vêtements en guise de maillot de bain. Puis, avec un bruyant rire, elle se mit à courir vers l'eau, y entrant directement jusqu'à la taille avant de laisser échapper un léger cri. — Bon sang, qu'elle est froide. — Bien sûr, elle s'y attendait. C'était quasiment l'hiver, il fallait être complètement fou pour se baigner, encore plus alors que la nuit tombée doucement mais sûrement. Elle mit ses mains sur son visage, essayant tant bien que mal de s'habituer à la température de la mer, mais c'était bien impossible, tant elle était froide. — Nash, qu'elle idée de venir dans l'eau, sérieux ? — Elle lui lança un regard presque noir, retirant ses mains de son visage, avant d'éclater de rire.

Le regard de Lula, qui ne cessait de le scruter à la lettre alors qu’il retirait ses vêtements manqua de l’interrompre. L’avait-il choqué en agissant si prématurément? Plutôt que de retirer de suite son t-shirt, il se pencha pour s’occuper de ses pieds, attendant de voir si elle allait, ou non, le suivre dans son délire. Son petit rire, quoique crispée, le rassura un peu. – Fort possible que cette idée m’ait traversé l’esprit, mais je suis trop gentil, ne j’aurai pas osé te faire ça. – Avec n’importe quel autre de ses amies, il n’aurait surement pas hésiter, mais Lula n’était pas n’importe qui. Ce qu’elle était pour lui, il n’était point en mesure de se le figurer, mais il savait, il le sentait : elle occupait une place toute particulière dans son cœur qui battait toujours un peu trop fort en sa présence. Il osa un coup d’œil vers la jolie blonde, alors qu’elle retirait, elle aussi, ses morceaux de linge superflus, dévoilant les courbes de son corps de jouvencelle. Il faillit même s’égarer à la chute de ses reins, mais il détourna du regard, avec cette impression d’être un voyeur. Ce raclant la gorge, cherchant à chasser ce malaise, Nash retira à son tour son haut ainsi que ses pantalons, le laissant dans sa tenue la plus simple : en boxer. À peine eut-il le temps de retirer sa jambe de l’amas de vêtements à ses pieds que sa camarade lui faussa compagnie, filant en direction de l’étendue d’eau qui aurait tôt fait de l’engloutir. Le cri qui s’échappa de ses lèvres fit naître un large sourire, mais quelques instants plus tard, un similaire filtra au travers des siennes, au moment de pénétrer dans la mer. L’eau atteignait désormais ses hanches, et c’est à peine s’il sentait encore le bas de son corps, tant ce dernier s’était figé vers la frigidité du flot. – Tu m’étonnes! – qu’il s’exclama. Il s’attendait à ce que la température ne soit pas optimale, mais là, on frôlait des records de froid. Et le temps n’y changerait rien. Au contraire, avec la tombée de la nuit qui se pointait à l’horizon, le mercure sur les thermomètres amorçaient une descente en chute libre vers le bas. Il s’en voulut presque d’avoir trainer Lula dans ce coup de tête, d’autant plus que le regard noir qu’elle lui jeta semblait des plus convaincants. L’éclat de son rire lui apporta un brin de chaleur, mais pas suffisamment pour faire cesser les tremblements qui venait de s’emparer de son corps. S’avançant à la rencontre de la belle, il posa son regard dans le sien, un sourire mutin s’affichant sur son visage. – Désolé, désolé, vraiment. Mais je vais me faire pardonner. J’ai un bon truc, pour te réchauffer. – Il réduisit l’écart entre eux d’eux, s’arrêtant un moment à quelques centimètres d’elle pour juger le pour et le contre d’un tel geste, mais son bien-être et celui de la Goldstein importait plus que ses réserves. Il franchit un dernier pas et de ses bras, il entoura la fine silhouette de Lula, la serrant contre son torse, que la froideur n’avait pas encore mordu.

La musicienne pouvait déjà sentir son sang se glacer dans ses jambes, incapable de vraiment remuer dans cette eau beaucoup trop froide. Si elle avait eu l'idée de nager quelques instants, ces envies avaient maintenant complètement disparu, et il était hors de question qu'elle aille plus loin dans l'eau. Elle fixait Nash, qui semblait lui aussi regretter leur élan de folie, mais quelque part savoir qu'elle était avec lui la réchauffait un peu. Ça aurait été quelqu'un d'autre, elle serait reparti. Elle aurait été s'emmitoufler dans toutes les couvertures chaudes qui trainaient chez elle, toute en même temps, allongée dans son lit pour les prochaines vingt-quatre heures. Mais c'était Nash, et il était hors de question de lui fausser compagnie. La soirée était trop belle, l'occasion trop grande, d'être un peu plus que l'ancienne élève qu'il avait retrouvé par hasard. Elle l'était, du moins elle l'espérait, ou peut-être agissait-il ainsi avec tout le monde, en sous-vêtements dans une haut particulièrement froide. L'homme s'excusa, jurant qu'il savait comment la réchauffer. Lula doutait de ça, et elle parla un peu trop vite. — Je t'interdis de m'éclabousser. Ça va pas me réchauffer, ça. — Mieux valait prévenir que guérir, car elle n'aurait pas supporté que cette eau bien trop froide touche une autre partie de son coeur. Mais non, il ne semblait pas vouloir l'éclabousser ou la faire couler, bien au contraire. Nash s'approcha, lentement, ses bras passant autour d'elle sans qu'elle ne le réalise vraiment. En un instant, elle était collé à son torse chaud, et le rouge lui monta immédiatement au joue. — C'est... C'est bien mieux, tu as raison. — arriva-t-elle malgré tout à articuler doucement, ne sachant pas vraiment si c'était le froid ou la situation qui l'empêchait de parler. Non, il n'agissait sûrement pas ainsi avec tout le monde. C'était impossible. Et pour une fois, Lula se sentait vraiment spéciale, et son coeur s'emballa légèrement, avant qu'elle ne se forcer à se calmer. Qui aurait pu croire qu'elle se serait retrouvé dans les bras de l'homme qui hantait ses pensées depuis quelques semaines, son corps contre le sien, alors qu'ils n'étaient tout deux qu'en sous-vêtements ? Elle prit une longue inspiration, avant de sourire, tentant de paraitre le plus normale possible, chassant ce mélange de gêne et d'envie d'hurler tant elle était heureuse, pour simplement profiter de cet instant bien trop beau pour être vrai.

Si Nash continuait de s’activer, c’est tout simplement qu’il craignait de figer sur place au moment même où il cesserait de bouger. Cette impression de recevoir une centaine de coups de couteaux dans les jambes, à chaque pas qu’il faisait, n’avait rien, vraiment rien d’agréable. Il avait été idiot de croire que c’était une bonne idée. Désormais, il était trop tard pour reculer en arrière, le mal était fait. Et si, par sa faute, Lula choppait ne serait-ce qu’un rhume, il risquait de s’en vouloir, indéfiniment. Peut-être est-ce qui le poussa à se rapprocher d’elle en affirmant connaître une solution infaillible contre le froid mordant qui les tenaillaient. – Ne t'inquiète pas, ce n’était pas dans mes plans. – Il voulait la rassurer, nul n’avait-il l’intention de soumettre à une quelconque partie supplémentaire de son corps un contact avec la glace mouvante qui les encerclaient. Encore moins se prendre pour un tortionnaire en imposant une telle torture à la blonde qui lui faisait face. Il souhaitait la soulager, pas l’immoler. La bonne vieille technique du peau à peau, une méthode de survie vieille comme le monde. Et un excellent prétexte pour se rapprocher. Chose à laquelle il n’avait pas réellement songer alors que ses bras entouraient son ancienne étudiante en une étreinte réconfortante. Il sentait le souffle de la belle tout contre lui, et la douceur de sa peau sous ses doigts. Il s’empêcha de bouger, de peur de poser un geste déplacé. De peur de blesser la magnifique poupée fragile qu’elle était. C’est avec une affection toute particulière qu’il scruta la jeune fille blottit contre lui. Pas de celle qu’un professeur pouvait avoir sur élève, non. Mais celle d’un homme qui observait la femme qui lui plaisait. Il devait se rendre à l’évidence, cesser de se mentir à lui-même quant à ses possibles sentiments face à la musicienne. La sentir là, dans le creux de ses bras, le mettait dans tous ces états. S’il n’avait pas eu si froid, jamais il n’aurait relâché son emprise sur elle. Malheureusement, s’ils restaient une seconde de plus dans cette eau glacée, c’est l’hypothermie qui les attendaient. Mieux valait l’éviter. À contre-cœur, il se sépara de Lula, dans un geste lent et délicat. Puis, attrapant sa main, il l’entraina à sa suite, alors qu’il retournait vers le rivage se mettre au sec. Ou du moins, tenter de le faire. Récupérant la couverture qu’il secoua pour en retirer le sable, il l’apposa sur les épaules de la douce blonde, s’assurant qu’elle recouvrait en grande partie son corps frissonnant. De son côté, et même si son sous-vêtement était encore mouillé, il enfila ses jeans, son chandail et son sweat, afin de récupérer ne serait-ce qu’un semblant de chaleur. De leur festin, il ne restait désormais plus rien, les déchets ayant été jetés dans les bernes à proximité. Ils étaient donc libres de partir. Récupérant les vêtements de Lula, il se tourna vers elle. – Allez viens, je t’invite chez moi. On y sera mieux. Et promis, je fais les meilleurs chocolats chauds qui soit.  – Ils s’installeraient sur le sofa, un breuvage chand entre les mains, et il mettrait à sa disposition toutes les couvertures qu’il pourrait trouver dans ses placards afin qu’elle puisse se réchauffer. Et si elle le réclamait, il lui ouvrirait à nouveau les bras. Il l’espérait.

Elle se sentait incroyablement bien entre ses bras, sa peau contre la sienne, sensation qu'elle n'avait vraiment pas l'habitude de sentir. Mais avec Nash, c'était bien. Elle en aurait presque oublié la température de l'eau, ses jambes qui se transformaient petit à petit en glaçons. Elle resta contre lui, un instant peut-être trop court, mais qui lui semblait bien plus long que ce qu'il n'était vraiment. Il finit par s'écarter, et la chaleur du corps de l'homme lui manqua immédiatement, son corps tout entier se mit rapidement à trembloter tant elle avait froid. Mais Nash attrapa rapidement sa main, la tirant hors de l'eau, et elle était persuadé que ses jambes n'arriveraient pas à avancer, mais elles le firent, suivant l'homme hors de l'eau alors que tout son corps réclamait un peu plus de chaleur, que ce soit le corps de son ancien professeur contre le sien, ou simplement une bonne couverture. Comme s'il avait lu dans ses pensées, Nash mit la couverture sur laquelle ils étaient précédemment assit sur les épaules de la demoiselle, et un léger sourire apparu sur ses lèvres, alors qu'elle l'attrapa pour la tenir contre lui, son corps récupérant doucement mais sûrement toute la chaleur qui l’avait quitté en entrant dans ce bain de minuit glacial. — C’est mieux... — chuchota-t-elle, bien plus bas qu’elle ne comptait le faire en réalité, mais elle avait si froid qu’elle ne pouvait parler plus fort. Elle regarda l’homme se rhabiller, bien trop frigorifier pour avoir ne serait-ce que l’idée de détourner le regard. Elle sourit doucement, le laissant jeter leurs déchets et récupérer les habits de la jeune femme qui jonchaient encore le sable. — C'est vrai ? Je crois que je ne peux pas dire non. J'ai beaucoup trop froid ici. — Un léger rire s'échappa de ses lèvres, un rire tout doux à cause du froid qui ne voulait visiblement pas la quitter. Elle fit quelques pas, s'approchant de Nash avec un léger sourire aux lèvres, heureuse qu'il veuille prolonger cette soirée, au lieu de la ramener simplement chez elle et de se dire bonne nuit. Lula voulait passer plus de temps avec lui, plus de temps à le regarder, à lui parler, à écouter sa voix. Plus de temps dans ses bras, aussi, si l'occasion se représentait. Elle ne voulait tout simplement pas que cela s'arrête. — Allons-y. — finit-elle par ajouter en le regardant.