- blame it on the alcohol -
freyja odom et nolan samuels

Si la jolie blonde n'était pas encore totalement habituée à la vie de Brighton et à la vie Anglaise en générale, ça ne l'empêchait pas d'avoir lors de ses quelques promenades repérés les endroits qui semblaient les plus fréquentables. Elle était difficile, Freyja, venant des meilleurs quartiers de Los Angeles, hors de question de se retrouver dans un pub puant à se faire draguer par des anglais vulgaires, ça non. Elle n'était pas là pour ça. Elle n'était pas là pour se faire draguer, bien au contraire, plus elle prendrait ses distances avec les hommes, mieux elle se sentirait, pendant ce petit voyage. Elle avait malgré tout pu repérer quelques bars, et la chambre où elle logeait lui semblant trop petite un soir, elle décida de s'habiller pour sortir. Talons hauts et robe enfilés, elle se retrouva dans un bar plutôt branché, visiblement connu des jeunes de la ville, relativement bondée pour un soir de semaine. Accoudée au bar, elle resta un petit quart d'heure à attendre, la jolie blonde, qu'un des deux barmen se décide enfin à la remarquer et à la servir. Elle n'était pas habituée à ça, Freyja. Elle claquait des doigts du haut de son salon VIP pour qu'on lui apporte toutes les bouteilles de son choix. Mais pas ici. Elle était quasiment anonyme, dans cette petite ville anglaise. Elle se languissait presque de la lumière des projecteurs hollywoodiens, des pièces où, dès qu'elle passait les portes, tout le monde n'avait d'yeux que pour elle. Lorsqu'un barman s'avança finalement pour prendre sa commande, Freyja leva les yeux au ciel, déjà ennuyé par l'accent britannique de l'homme. D'un air dédaigneux, elle commanda malgré tout un de ses cocktails favoris, gagnant un rire du barman. — Comment ça, vous ne faites pas de Red Lotus ? On est dans un bar ou dans une ferme, ici ? — Les sourcils fronçaient, prête à faire un scandale, elle se contenta de lever à nouveau les yeux au ciel, prenant place sur le tabouret qui venait de se libérer à côté d'elle. Elle était abasourdie par la vie menait les anglais, une vie où seuls les plus simples cocktails semblaient faire partir des menus. La vie allait être bien plus dure qu'elle ne le pensait, à Brighton. — Dis-moi au moins que tu sais faire un Bloody Mary, ou je vais commencer à me demander si tu te fous pas de moi. — Légèrement violente, mais Freyja n'aimait pas qu'on lui dise non. Surtout quand il s'agissait d'alcool.

Nolan, il n'est plus du genre à boire jusqu'au petit matin à en oublier son propre prénom. C'est loin, tout ça. Les soirées à errer sans but, la bière tenue par le goulot, le ventre vide, les yeux ne voyant pas plus loin que le bout de son nez. Tout ça, ça lui rappelle le lycée et la fac et sans le vouloir, il se sent bêtement nostalgique. La belle époque. Envolée. Disparue. Mais les souvenirs restent en guise de marque-page d'un livre qu'il a fermé il y a longtemps, mais dont les mots semblent gravés en lui. Il sourit face à cette jeunesse perdue qui le rappelle à l'ordre. Trop sérieux – peut-être. Il marche dans les rues de la ville et ses yeux se perdent sur une devanture qui l'intrigue. Un bar où il n'a jamais mis les pieds, mais qui semble bondé pour un soir de semaine. Il s'arrête et hésite. Il peut y faire un tour et repartir après un verre, ça ne coûte rien. Et Nolan, il avait oublié tout ça. La musique, les rires, les verres qui débordent. Et il se surprend à apprécier ces différentes effluves, les bribes de conversations et ces visages inconnus qui semblent presque familiers tant tout le monde a l'air détendu. Et il sourit. Il y a cette chaleur chez ses compatriotes qu'il aime par dessus tout, si bien qu'il échange deux-trois mots jusqu'au bar où il finit par s'accouder. Il commande une bière tout ce qu'il y a de plus classique et il en savoure les quelques gorgées qu'il boit. Et seul, perdu dans cette foule, il pense à toutes ces choses, à toutes ces années, à toutes ces rencontres qui ont fait de lui l'homme qu'il est aujourd'hui. Sans doute pas le meilleur de tous, mais certainement mieux que le jeune garçon qu'il était il y a quelques années de cela. Interrompu par un accent étranger qui siffle à ses oreilles, il reprend à nouveau part à la réalité qui se fait bien trop brusque. Une réalité qui se veut femme. Et presque odieuse à son goût. - Peut-être qu'avec un « merci » ou un « s'il vous plait », il ferait l'effort de vous le faire, dit-il en relevant la tête pour poser ses yeux sur sa voisine de bar. Il n'a pas l'habitude de prendre partie quand cela ne le regarde pas, sauf quand il s'estime face à une injustice. Et l'impolitesse est une terrible erreur pour Nolan. De celles qu'il ne peut pardonner. Et fermer les yeux est juste bien trop difficile. - Et puis, qui prend un bloody mary en dehors d'un avion ? Il esquisse un sourire amusé et agacé à la fois et il en vient presque à penser : putain d'excentricités américaines.

Les bras croisés sur sa poitrine, la jolie blonde attend son frère, se retenant de soupirer trop fort. Quelle mouche l'avait piqué, au moment où elle avait décidé de venir dans un bar, seule ? C'était ridicule. Les mauvaises habitudes reprenaient le dessus à mesure où le bruit et l'agitation l'agaçait, la rendant plus pénible que d'ordinaire, si c'était possible. Elle avait pourtant cru, en arrivant à Brighton, redevenir la douce gamine qu'elle était avant de rester trop longtemps sous la lumière d'Hollywood, cette lumière qui lui avait visiblement griller quelques neurones, au fil des années. Une voix se fit entendre, et Freyja releva les yeux sur l'origine de la voix. Un homme. Elle dû retenir la vague expression de dégoût et d'horreur sur son visage. Pas parce qu'il était laid, c'était plutôt le contraire. Mais c'était un homme. Et Freyja les évitait comme la peste, bien décidé à protéger son coeur trop souvent abîmé par tous les jolis garçons qu'elle avait pu croiser. Il fit quelques commentaires qui sonnèrent vite comme des reproches, et la blonde fronça rapidement les sourcils. — Et tu es...? — Ce n'était pas vraiment une question. C'était rhétorique. Elle savait qui il était: personne. Personne pour lui dire quoi faire, ou lui parler sur ce ton. Elle se concentra sur sa deuxième remarque. Qui prennait un Bloody Mary en dehors d'un avion ? — Quelqu'un qui ne peut pas avoir son Red Lotus, visiblement. — répondit-elle au tac au tac. Qui était-il pour se comporter comme ça ? Se permettre de la juger. Le regardant de la tête aux pieds, Freyja ne fit pas mieux, sa petite grimace en disant long sur ce qu'elle pensait de l'inconnu. En d'autres circonstances, elle se serait peut-être montré plus agréable. Mais pas ce soir là. Elle était bien trop de mauvaise humeur pour supporter les commentaires d'un inconnu qui se pensait sûrement meilleur qu'elle.